(c)Getty

Un temps plein sur 4 jours: la solution miracle pour être épanoui.e au travail?

Un week-end plus long et une rémunération complète? Un rêve devenu réalité pour certains. Mais cette pratique est-elle aussi bénéfique qu’on ne le croit? S. Baert, économiste, expert du marché du travail et professeur d’université, nous en dit plus sur la « semaine de 4 jours ».

En quoi consiste exactement cette semaine de quatre jours ?

« La semaine de quatre jours signifie qu’en tant que salarié(e), vous répartissez votre semaine de travail sur quatre jours tout en conservant votre salaire. Un salarié qui souhaite adhérer à ce régime doit en faire la demande auprès de son employeur. Toute personne travaillant à temps plein — dans le privé ; cet accord de travail ne concerne pas les fonctionnaires — a droit à cet aménagement d’horaire, mais l’employeur peut, moyennant une raison motivée, refuser la demande. »

Ce nouveau rythme enthousiasme-t-il tout le monde ?

« Le gouvernement fédéral l’a présenté comme la pièce maîtresse de son Deal pour l’emploi. Ce système contribuerait à prévenir les risques de burn-out et à garantir un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Néanmoins, dans ce registre, on ne s’appuie que sur des études dépassées qui, de surcroît, vont dans deux directions.

Certains résultats semblent indiquer que ce système est une bonne idée : une journée supplémentaire que l’on peut consacrer à la famille, aux tâches ménagères ou à soi-même semble être une bonne chose. En réalité, le nombre de travailleurs qui fonctionnent selon ce système est très faible : aujourd’hui, moins de 1 % des salariés sont passés à la semaine de quatre jours. Ce n’est pas très étonnant, d’une part parce que les employeurs n’y sont clairement pas favorables, d’autre part parce que les conclusions de ces études n’étaient globalement pas positives. Les principales préoccupations sont la perte de concentration liée à ce rythme et la charge de travail trop élevée pendant ces journées de travail plus longues. Si vous êtes épuisé(e) après quatre jours, le cinquième ne vous sert qu’à récupérer. Le risque de burnout ne disparaît donc pas.

On sait que l’épuisement professionnel est causé par un déséquilibre entre les exigences du travail et les sources d’énergie. Si vous vous mettez complètement dans le rouge pendant vos quatre jours de travail, vous ne tirerez aucun bénéfice du cinquième. Pour ma part, je pense que la semaine de travail de quatre jours peut être une solution, mais seulement pour certaines fonctions, certains profils de travailleurs et certaines structures d’entreprise. »

Qu’est-ce qui explique qu’on n’y trouve pas son compte ?

« Se sentir mal vis-à-vis de ses collègues est classique, surtout dans le cadre d’une fonction dirigeante. D’autres personnes ont besoin de l’aide et du feedback de cette personne au quotidien. Or, il est difficile de définir cette disponibilité en termes de temps ou de nombre de jours. La culpabilité ressentie n’est pas fondée, mais là, la personnalité de chacun joue un rôle central. Certaines personnes ont un sens des responsabilités plus élevé, ou bien la notion d’agréabilité compte à leurs yeux. Les difficultés rencontrées me semblent logiques : ce système est insuffisamment encadré par le gouvernement.

Premièrement, un tel régime doit être envisagé à l’échelle de l’entreprise, ou du moins des équipes. Pensé individuellement, ça ne peut pas fonctionner. On peut toujours travailler jusqu’à 22 h, mais si les autres ne le font pas, ces heures supplémentaires sont moins efficaces. Deuxièmement, la semaine de travail de quatre jours n’est utile que dans le cadre de certaines fonctions. Dans un secteur où les horaires sont très flexibles, ça devient compliqué de se cantonner à un horaire strict. Mais là où les tâches et les horaires sont clairement définis et où il y a peu d’interdépendance, ça me paraît plus faisable. »

Pour être épanouie au travail

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu des partenaires

Contenu sponsorisé