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Paris, jour 3
Mode, art ou les deux?
Un début de journée très «pragmatique-chic» au showroom de la marque Longchamp dans le premier arrondissement. Alors que le label est sur le point d'ouvrir un pop up store à deux pas de sa boutique parisienne pour y distribuer les 16 couleurs de son sac chouchou du moment: le LM Cuir (une actu également intéressante pour les clientèles belges, voir les news mode de notre numéro d'avril), j'ai épinglé pour vous les highlights de l'hiver 2013-2014. Si la base du travail de Sophie Delafontaine (créatrice de Longchamp) reste l'accessoire, la petite ligne de prêt-à-porter s'étoffe de saison en saison. Mon coup de cœur, c'est ce manteau multi-matières: cocoon et élégant, il va plaire aux citadines, fans de pièces faciles à enfiler. À noter aussi: les ballerines effilées en cuir brillant, le sac more & more en baby veau et les délires de Noël (un sac chat shocking pink, un sac cheval et sa floche en crin blanc et des modèles uniques en tapisserie).
Changement de quartier et changement d'ambiance. Bienvenue dans le 8ème. C'est à un happening modeux que les invités du show AF Vandevorst ont eu droit ce vendredi dans l'obscurité de l'hôtel Salomon de Rotschild. Cette obscurité servant à la projection d'un clip en noir et blanc. Une sorte de plongeon dans l'univers du duo anversois. Toujours anonyme, le visage recouvert par ses cheveux blonds, la femme AF Vandervost semblait lutter, en vain, contre une force invisible. Sa quête d'absolu s'est ensuite matérialisée en un sublime tableau néo-baroque: 16 silhouettes qui incarnaient une version très moderne du vêtement d'époque. Résolument simpliste (du noir, du gris perle et une ointe d'aubergine), la palette chromatique avait un côté rock et rassurant à la fois. Trench noir, bustier en taffetas, jupon ample, kimono à col fourrure. Si la collection n'a rien de révolutionnaire, elle donne envie de grand chic. Un chic qui se traduit jusque dans la chaussure et la botte (un point fort de AF Vandevorst).
La femme Vanessa Bruno est un garçon. Pour ce qui est des premières silhouettes du show en tous cas. En costume masculin, chemise blanche et rayures dandy, elle ne surprend pas, mais elle (r)assure. Ce qui, finalement, est ce qu'on attend d'elle. Ensuite, les silhouettes se font plus collégiennes avec de petites jupes plissées bordées de cuir. Il y a du noir, du blanc, du gris. Elle n'en demande pas plus, la femme Bruno. Elle sait que cet uniforme de working girl suffit à séduire. Et ne parlons pas des robes ultra échancrées, l'une de ses marques de fabrique. Droites, courtes et asymétriques, elles se couvrent de perles pour enflammer les soirées. Dans la salle, les invitées 100% parisiennes – souvent venues avec leurs filles – étaient les meilleures ambassadrices d'une mode qui cherche juste à rendre les femmes belles au quotidien.
L'invitation du show Maison Martin Margiela (un manteau de pluie en plastique imprimé) emballé dans une enveloppe blanche contraste avec le chic ou la sobriété des cartons envoyés par les autres maisons. Un journaliste belge me confiait même que ce choix l'étonnait. Il est vrai que lorsqu'il était encore aux commandes de la maison, Martin Margiela prônait l'écologie et le recyclage, plutôt que l'usage du plastique, aussi fantastique soit-il. Dans le gymnase où avait lieu le show, pas de plastique. Si ce n'est les gobelets d'eau servis aux invités. Dans l'assistance recueillie, on reconnaissait notamment Grace Coddington, styliste du Vogue US dont les mémoires viennent de paraitre (éditions The Random House ). Si le maitre n'est plus là pour guider le travail du studio, ses codes restent le fil rouge des collections. Cet hiver ne fait pas exception: tailleurs surpeints dans des couleurs primaires, proportions exagérées à l'extrême, pièces détournées, twistées ou nouées... Une belle leçon de mode qui, si elle ne surprend plus, ne manque toutefois ni de chic, ni d'étoffe.
C'est la saison du renouveau chez Sonia Rykiel puisque la maison célébrait, ce vendredi les débuts de son nouveau directeur artistique, Geraldo Conceicao. Le choix d'un garçon pour dessiner la femme Rykiel peut surprendre. Cette maison dont l'ADN est résolument féminin (Sonia était d'ailleurs présente au défilé, aux côtés de sa fille Nathalie) joue t-elle la carte du «on prend un homme quand ce serait en fait l'inverse qui serait logique»? Genre Brad Pitt pour le n°5 de Chanel. Ici, ce n'est visiblement pas l'envie de faire le buzz qui a guidé le choix de ce nouveau DA. Tout ce que je peux vous dire, à l'issue de ce show, c'est que la femme Rykiel ne rit plus. Autrefois souriantes et libérées, les filles Rykiel jouent encore la carte de la maille (largement présentes), des tailleurs en jersey, des accessoires ludiques et décalés (comme ces grandes chaussettes à messages). Elle balance son sac mallette nonchalamment à côté d'elle comme si la vie était une fête. Sauf qu'étrangement, de fête, il n'est pas tellement question. Comme si, au-delà de quelques silhouettes bien amenées, le reste des propositions avaient de quoi nous laisser sur notre faim. Difficile d'adhérer au clin d'œil pseudo-ludique de cette robe «triangle» d'un goût un peu douteux. On gardera en mémoire les quelques jolies pièces du show en se demandant (non sans un brin de nostalgie) pourquoi la sauce ne prend vraiment plus.
M.H.