Témoignage: comment l’internat a forgé ma personnalité
Envoyée en internat à l’âge de 12 ans jusqu’à la fin de ses humanités, Céline ne rentrait chez elle que le week-end. Aujourd’hui account manager dans une entreprise de marketing, elle garde de ses années de pensionnaire une forme de nostalgie heureuse qui a forgé sa personnalité.
Comment la décision de l’internat a-t-elle été prise et quelle a été ta réaction?
Mon père est médecin et travaille tard. Après son divorce, il ne pouvait pas s’occuper le soir de mon frère et moi et a décidé de nous mettre en internat. J’avais peur, car c’était un grand bâtiment et c’était loin de la maison. Mais j’avais 12 ans et je me suis vite adaptée.
Qu’est ce que ça a changé par rapport à ta famille?
Les week-ends étaient vraiment sacrés, car j’étais très contente de revoir mon père, mon frère et ma sœur. Même si, bien sûr, on s’appelait pendant la semaine, le temps qu’on passait ensemble le week-end était plus qualitatif qu’avant.
Quelles sont les choses de ta vie de la maison qui te manquaient le plus?
Mon chien. Et puis aussi les amies. Chaque week-end, je faisais du scoutisme et j’avais des amies dans le village qui me manquaient. Surtout à partir de 16 ans, car elles se voyaient sans moi pendant la semaine. Heureusement, avec tous les moyens de communication d’aujourd’hui, on n’est plus du tout aussi isolé qu’avant. À l’époque où j’étais en internat, on avait déjà des GSM. On avait le droit de s’en servir une heure par jour, mais on en avait toutes un deuxième qu’on cachait.
« Chaque lundi, j’avais le cafard en y allant, mais le vendredi, je n’avais plus envie de rentrer. »
Comment te sentais-tu à la rentrée?
J’avais une sorte de stress positif, parce que j’étais très heureuse de revoir les copines d’internat. Mais ce qui était dur, les premières années, c’est que j’étais la seule de ma classe à être interne et chaque lundi, j’avais le cafard. Le mardi, ça allait un peu mieux, le mercredi on ne travaillait pas l’après-midi, le jeudi je pouvais faire ma valise et le vendredi, je n’avais plus envie de rentrer.
As-tu senti des différences par rapport aux autres dans tes études ou ta vie professionnelle?
L’internat m’a donné une bonne structure pour travailler, ce qui m’a aidée dans ma vie d’étudiante au moment des examens. Si j’avais été à la maison le soir sans mon père, j’aurais eu envie de voir mes copines au lieu de travailler.
Ton expérience scolaire a-t-elle eu un impact sur l’adulte que tu es devenue?
Le fait de faire des allers-retours entre chez moi et l’internat m’a rendue débrouillarde et indépendante très jeune. À l’internat, par exemple, personne ne faisait le ménage et on devait entretenir notre chambre nous-mêmes. Il n’y avait pas de barrière d’âge entre les élèves et tu apprenais à vivre 24 h sur 24 avec des gens que tu ne connaissais pas. Après mes études, j’ai fait le tour du monde pendant un an. Je n’avais pas de problème à me débrouiller dans toutes les situations. Sinon, je fais mon lit tous les matins et j’aime bien porter du gris (Céline avait un uniforme, NDLR).
Quels conseils donnerais-tu à des parents qui voudraient que leurs enfants suivent cette voie-là?
Je pense que l’internat donne une structure et crée de bons amis pour la vie. Il faut juste veiller à mettre les enfants dans un endroit où il n’y a que des internes. Bien sûr, au début, tous les enfants ont un peu le cafard. Mon père avait trouvé la solution: il m’avait donné un énorme médaillon que je devais serrer fort quand il me manquait et ça marchait.
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