Ses racines, ses proches: Sang Hoon Degeimbre se dévoile côté privé
Notre GAEL Guest de janvier revient sur ses racines coréennes. Arrivé très jeune en Belgique, il a dû faire face aux éternels clichés. D’après Florence Hainaut. Photos: Laetizia Bazzoni.
Ces toutes dernières années, tu as introduit pas mal de touches coréennes dans tes plats.
Avant, c’est de manière un peu timide et illégitime que je « faisais du coréen ». Je me disais que je n’avais pas compris suffisamment pour l’imposer de manière juste. Maintenant, je comprends les bases. Ce n’est pas parce que je suis né en Corée que je peux me permettre de faire de la cuisine coréenne.
En 2009, après l’obtention de ta deuxième étoile, le gouvernement coréen t’a invité. Tu l’as vécu comment, à l’époque ?
Je me suis dit : « Chouette, la Corée qui vient me chercher alors qu’elle m’a laissé tomber ! »
Tu avais vraiment ce sentiment ?
Oui, je trouvais qu’elle m’avait laissé tomber. J’étais orphelin et j’ai été adopté par une famille belge. Mais là, j’étais fier.
Ce pays que tu as quitté à 5 ans, quand tu l’a (re)découvert, tu t’es dit que tu étais chez toi ?
C’est ce sentiment que tu te reconnais, visuellement parlant. Normalement, le seul visage jaune que tu croises dans la journée, c’est toi dans le miroir. Là, il y en a partout et dans leur attitude, ils te font savoir que tu es des leurs. Je me suis toujours demandé : « Pourquoi est-ce qu’on me dit que je suis comme ça, pourquoi on me dit que je suis sage alors que je ne le suis pas ? » Puis tu découvres la Corée, des gens à l’attitude un peu fermée de prime abord, mais quand ils font la fête, ils ne la font pas à moitié. Et tu te dis : « Oh, mais c’est moi ! » Ce retour m’a fait réaliser qu’au-delà de l’éducation, il y a des choses qu’on est fondamentalement. Et les trouver m’a fait du bien.
Tu as emmené tes filles, aussi. Elles ont eu le même sentiment que toi ?
Ce sentiment de ne plus être oppressées par le regard de l’autre. Mais à force, tu ne le vois plus, tu vis avec.
On parle de racisme, là ?
Pas nécessairement. C’est parfois juste le regard. Tu sens que tu es différent. On te colle des étiquettes qui ne te correspondent pas toujours.
Comme quoi ? Sage, travailleur ?
Oui, mon caractère soi-disant spécial. Quand j’étais enfant, surtout, les autres m’appelaient le Chinetoque. Mais encore aujourd’hui, en fait. Parfois, des gens au resto me demandent si je ne mets pas trop de glutamate dans mes plats ou me disent qu’ils n’aiment pas le soja. Ça arrive régulièrement.
SANG HOON VU PAR CARINE, SON ASSOCIÉE ET LA MÈRE DE SES ENFANTS
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Si San était une chanson ?
« My way de Frank Sinatra, il la chante en karaoké. Et très bien. Mais parfois, il lui faut un verre ou deux pour se lancer. »
S’il était un tableau ?
« Une œuvre de Jackson Pollock, parce que c’est complexe. »
Et un film ?
« Ratatouille ! Qu’est-ce qu’on a pu rire avec les filles, on retrouvait San dans les mimiques des personnages, puis il imitait Skinner, le chef acariâtre. Les filles adoraient faire le lien avec le métier de leur père. »
Un ingrédient ?
« Un œuf. C’est l’un des ingrédients qui l’ont le plus inspiré, intrigué. Je ne sais pas très bien pourquoi. Il a beaucoup travaillé dessus, depuis toujours, sous toutes ses formes. »
Une anecdote ?
« Un truc qui me fait encore rire, moi qui suis en salle depuis 20 ans et qui accueille depuis toujours les clients, c’est quand on a déménagé. J’emmenais les habitués en cuisine pour leur montrer les lieux, et San leur demandait : “C’est la première fois que vous venez ?” Du coup, je le briefais avant en lui disant qui était qui. Ça le représente bien, il est très spontané. Depuis quelque temps il vient plus en salle, mais avant beaucoup moins, il ne connaissait donc personne. »
Retrouvez cet entretien en intégralité dans le GAEL de janvier, disponible en librairie!
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