Thomas Briels: “Dans un sport d’équipe, il faut parfois laisser son ego de côté”
Cet été est placé sous le signe des Jeux olympiques. Mais le sport de haut niveau ne se résume pas à un ticket pour Paris. Ces trois athlètes belges n’y seront pas, mais le récit de leur parcours vaut de l’or. Après Julien Watrin, au tour de Thomas Briels de partager son expérience.
Le joueur de hockey Thomas Briels (36 ans) a été capitaine des Red Lions pendant cinq ans. Avec son équipe, il a remporté l’or au niveau européen, mondial et olympique. Depuis qu’il a quitté l’équipe nationale en septembre 2021, il transmet son expérience en tant que coach et motivational speaker.
Les derniers Jeux Olympiques de Thomas Briels
« La finale des Jeux olympiques de 2021 a été mon dernier match international de hockey. Je voulais arrêter en pleine apogée et il n’y avait pas de meilleur moment que celui-là, avec une médaille d’or olympique en poche. J’ai pourtant été à deux doigts de rester sur le banc à Tokyo. Trois semaines avant les Jeux, l’entraîneur (Shane McLeod, NDLR) m’a dit qu’il me voulait comme joueur de réserve.
De toute ma carrière sportive, voire de ma vie, je n’ai vécu de moment plus dur que celui-là
Thomas Briels
Pendant que le reste de l’équipe serait dans le Village olympique, je logerais dans un hôtel séparé à Tokyo. Je m’entraînerais avec eux sans être sélectionné, sauf si un équipier était hors service. On était en pleine période Covid, donc hormis les entraînements, je resterais isolé pendant quatre semaines. De toute ma carrière sportive, voire de ma vie, je n’ai vécu de moment plus dur que celui-là : ne pas être sélectionné après avoir mené mon équipe jusqu’à un titre mondial en tant que capitaine. J’ai réfléchi pendant deux jours, puis j’ai dit oui. Je voulais être sur le terrain, pas sur le banc, mais si c’était le rôle qu’on m’attribuait, je l’acceptais. Dans un sport d’équipe, il faut parfois laisser son ego de côté et se mettre au service du groupe.
Après la décision du coach, je me suis encore plus entraîné, comme si je voulais prouver à tout le monde qu’il avait fait le mauvais choix. Même sur le banc, j’allais faire mes preuves. Mais trois jours avant le départ, le sort en a décidé autrement. Aux Jeux olympiques, une équipe de hockey n’est composée que de 16 joueurs, au lieu des 18 habituels. Mais en raison de la pandémie et des nombreuses contagions, les règles ont été changées en dernière minute et on est passés à 18 joueurs. Tout à coup, j’étais de retour dans l’équipe. J’étais très en forme et hyper motivé, et j’ai joué l’un des meilleurs tournois de ma vie.
Et pourtant, il m’a à nouveau mis en réserve pour les quarts de finale. J’étais fâché, parce que j’avais fait mes preuves sur le terrain et en dehors, mais c’est le coach qui décide. Quand mon équipe a gagné le match, Shane est venu me dire qu’il me sélectionnait pour la demi-finale et la finale. Et nous avons remporté l’or. Là, j’ai su que je disais adieu au hockey. Je ne voulais plus revivre de telles montagnes russes.
La manière dont on réagit face à l’adversité nous caractérise, comme sportif et comme être humain. J’ai toujours été un joueur d’équipe et j’en suis fier.
Thomas Briels
Je ne sais toujours pas pourquoi le coach a pris ces décisions à l’époque. Je ne lui ai jamais demandé. Mais ce que je sais, c’est que la manière dont on réagit face à l’adversité nous caractérise, comme sportif et comme être humain. J’ai toujours été un joueur d’équipe et j’en suis fier. Maintenant, j’essaie de transmettre les leçons que j’ai apprises. En tant que joueur chez Braxgata à Boom, où je suis attaquant, et lors des stages de hockey que je donne en été à des jeunes de toute l’Europe. J’ai aussi fondé Lead Field Hockey, une plateforme vidéo pour les coachs, entraîneurs et joueurs, et on m’invite souvent comme conférencier.
Il y a de nombreux parallèles entre une équipe au sein d’une entreprise et une équipe sportive. Toute la question est de créer la bonne dynamique entre des personnes qui poursuivent un même objectif. Je termine souvent ma présentation par l’histoire de la sélection à Tokyo. Si je suis un peu à fleur de peau, ça me touche encore, et il m’arrive d’avoir les larmes aux yeux sur scène. Le message n’en est que plus fort : si on peut se réjouir de la réussite des autres et s’entraider pour atteindre l’objectif le plus élevé, alors on forme véritablement une équipe. »
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