Son plus grand dilemme, son plaisir coupable: rencontre avec Jean-Michel Zecca
Il a les yeux bleu lagon et un sourire immense. Pas un sourire en plastique, un vrai, chaleureux jusqu’au fond dudit lagon. Et cette interview a été la plus longue jamais réalisée pour un GAEL Guest, la faute aux fous rires à répétition. Par Florence Hainaut. Photos : Laetizia Bazzoni.
S’il y a un animateur télé et radio iconique en Belgique francophone, c’est bien Jean-Michel Zecca. On le connaît depuis toujours : « J’ai fait du talk, du foot, des caméras cachées… Il n’y a que les 24 h de cuistax de Louvain-la-Neuve que je n’ai pas présentées ! » Rencontre avec notre GAEL Guest du mois!
Comment ça va ?
Ça roule ! L’interview a commencé, là ?
Absolument. Tu présentes une nouvelle émission intitulée Dilemme sur RTL.
Le concept, c’est que les candidats de l’émission font face à un dilemme, une décision difficile, et sont incapables de faire un choix. Ils vont remettre dans les mains du public présent, soit 250 personnes, la responsabilité de cette décision. Et les candidats sont engagés contractuellement à la suivre.
On parle de quel genre de dilemme ?
Il y a de tout. Une dame qui rêve de partir vivre en Espagne mais dont le fils a une carrière sportive prometteuse en Belgique. Ça peut être aussi : « Je chante dans des karaokés, je pense que je peux faire une carrière musicale. Sur la base d’une chanson que je vous chante, pensez-vous que je dois m’installer à Londres et tenter ma chance ? »
Tiens, à propos de karaoké, c’est quoi cette passion que tu as pour Boogie Woogie d’Eddy Mitchell ?
Mais comment tu sais ça ?
Je bosse mes interviews, monsieur.
Le délire a commencé avec Virginie Efira, au Snap, un bar karaoké où on était toujours fourrés à l’époque. Je suis un piètre chanteur mais je ne manque pas une occasion de m’amuser. Je me suis pris d’amour pour cette chanson parce que j’avais l’impression de la maîtriser. Mais en fait, les gens morts bourrés à 3 h du matin qui t’applaudissent, ça n’est pas parce qu’ils valident, c’est pour que tu t’arrêtes. Mais je ne m’arrêtais pas.
Je me suis demandé, un jour, si j’allais rester installé à Bruxelles ou si je plaquais tout pour m’installer à Paris et travailler là-bas, où je commençais à faire ma place. Eddy de Wilde, qui était le patron de RTL, m’a ramené à la raison.
C’est quoi, le plus grand dilemme auquel tu as fait face ?
Je me suis demandé, un jour, si j’allais rester installé à Bruxelles ou si je plaquais tout pour m’installer à Paris et travailler là-bas, où je commençais à faire ma place. Eddy de Wilde, qui était le patron de RTL, m’a ramené à la raison avec une formule fantastique. Il m’a dit : « Tu sais, fils, la question est de savoir si tu veux être un petit poisson dans un grand bocal ou un gros poisson dans un petit bocal. » Et je me rappelle souvent de cette phrase.
Tu as été papa la première fois à 45 ans, puis la deuxième à 51 ans. Si tu avais été un jeune papa, tu aurais été comment ?
Incapable, parce que j’étais trop autocentré. À 30 ans, je démarrais la télé, je ne m’occupais que de ma gueule et je sortais beaucoup. Je profitais des boîtes de nuit et de la fête, et tous les gens qui ont des enfants savent que c’est incompatible.
Tu aurais fait le choix de ne pas arrêter cette vie ?
Si j’avais eu un enfant à cet âge-là, ça aurait été un accident parce que je n’en voulais pas ! C’est ma femme actuelle qui m’a convaincu. Je pense qu’on peut vivre très heureux sans enfant, malgré les diktats de la société. Qui s’exercent surtout sur les femmes, cela dit. Je n’étais pas obsédé par le projet, mais ma femme l’était. Et c’était une condition sine qua non pour elle, donc on en discutait beaucoup. Jusqu’à ce que l’envie se réveille chez moi. Deux semaines après qu’on se soit dit qu’on était prêts, elle est tombée enceinte.
Tu dis que tes enfants provoquent en toi un tsunami d’émotions.
Ce n’est pas très orignal. Et c’est impossible à faire comprendre à quelqu’un qui n’a pas de môme. Mais quand ça te tombe dessus, ça t’emporte totalement. Pour te retrouver à poil à 4 h du mat dans ton salon à faire les cent pas avec un bavoir qui sent le vomi, du lait caillé sur l’épaule et deux hypothétiques heures de sommeil avant d’aller bosser, c’est que la contrepartie est énorme.
Et c’est quoi, la contrepartie ?
C’est que quoi qu’il m’arrive, je peux avoir les pires problèmes, être fâché, triste… quand je rentre chez moi et que mes enfants courent dans mes bras et me font des bisous, quand ils viennent le matin dans mon lit et se jettent sur moi, c’est inexplicable, ça fait tout passer.
Retrouvez cette rencontre en intégralité dans le GAEL de novembre disponible en librairie.
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