Loïc Van Impe, Loïc Fou de Cuisine © Laetizia Bazzoni

Son enfance, son intrigant parcours: à la rencontre de Loïc Fou de Cuisine

Loïc Van Impe, aka Loïc Fou de Cuisine, est notre GAEL Guest du mois. L’occasion de revenir sur son parcours si particulier.

Loïc Fou de Cuisine est l’une des rares personnalités à être aussi aimée d’un côté que de l’autre de la frontière linguistique. Ce bilingue d’à peine 31 ans a toujours voulu cuisiner, mais puisque sa mère l’a empêché de faire l’école hôtelière, il a pris un chemin de traverse. Qui l’a mené au succès. Rencontre avec notre GAEL Guest du mois. D’après un texte de Florence Hainaut. Photo: Laetizia Bazzoni.

Rencontre avec Loïc Fou de Cuisine

Ton nom, c’est pas vraiment « fou de cuisine »…

C’est Van Impe, comme le cycliste. Apparemment, il est de la famille, mais je ne l’ai jamais rencontré.

On mange quoi, ce soir ?

Là, je teste mes brioches, donc je mangerai ça. Et il me reste des boulettes d’un événement hier. (Il fouille le frigo.) Ah non, ma mère les a piquées. Par contre, il y a une aubergine, je la ferai au four. Ma copine et moi, on mange souvent végétarien.

Voilà, on a évacué les questions les plus fréquentes. On peut reprendre depuis le début. Et le début, c’est quoi pour toi ?

J’avais 3 ans, mais c’est un moment dont je me rappelle parfaitement. J’étais en maternelle, mes camarades étaient venus chez mes parents, dans la cuisine du traiteur, et je voulais faire le malin en leur montrant que moi, je savais. Donc j’ai voulu écaler un œuf dur, je l’ai mal fait et ma mère m’a remis à ma place.

Tu t’es dit qu’un jour, tu lui montrerais de quel bois tu te chauffes ?

Non, je me souviens que j’étais super fier de ma mère, de son métier, de faire découvrir ça à mes camarades de classe. Je faisais un peu le malin en disant qu’elle faisait à manger pour les communions de leurs grands frères et sœurs. Comme si elle était Première ministre. J’ai toujours voulu cuisiner, depuis tout petit.

Tes parents étaient donc traiteurs. Quand ils ont divorcé, c’est ta mère qui a repris l’affaire et toi, tu traînais dans ses pattes.

C’est une des expressions qui m’a le plus marqué : « Ne cours pas dans mes pieds ! » Je l’utilise aussi, alors que ce n’est pas très cool de dire ça aux gens qui travaillent avec moi. Et c’est important que les enfants traînent dans les cuisines. Un de mes rêves, c’est d’arriver à instaurer une formation de base pour tous dès l’école maternelle. Pas seulement de cuisine, mais une formation aux goûts, aux ingrédients, à leur provenance. C’est une compétence de base, on devrait tous savoir ça.

Tu voulais faire l’école hôtelière, mais ta mère t’en as empêché.

Formellement, oui. On connaît les belles histoires des chefs étoilés, riches et célèbres. Mais la réalité, c’est que le monde de l’horeca, c’est compliqué, il y a des soucis de drogue, d’alcool, d’addiction. Mon papa a eu quelques périodes assez sombres dans sa vie. Ma maman est assez protectrice. Elle m’a dit, en gros : « Tu feras tout que tu veux, mais tu ne deviendras pas comme ton père. » Et je n’ai jamais fumé une clope, jamais pris de drogue. J’ai peur de ne pas avoir de frein, de limite, donc je ne veux pas y toucher.

Une partie de ta famille est serbe, ça influence parfois ta cuisine ?

Je les voyais beaucoup plus quand j’étais petit et je ne connais pas bien la gastronomie serbe, mais j’ai des souvenirs précis des grandes fêtes qu’on faisait. La Slava, c’est une célébration orthodoxe, avec plein de plats, de gâteaux incroyables. Il y a toujours des grillades, c’est mon tonton Zouki qui s’occupait du barbecue, avec des steaks hachés gros moulus, délicieux. Quand j’avais 12 ans, avec mon cousin, on avait fait un trou dans le sol et pendant des heures, on avait surveillé un agneau qui cuisait à la broche. J’ai mangé des testicules d’agneau… Ça, par contre, ça n’en valait pas la peine.

Tu as vécu six mois au Japon. La gastronomie t’a marqué ?

Je me souviens d’un plat : bol de riz, œuf poché et cuit en tempura, togarashi un peu piquant et ponzu parfumé. La symbiose entre tous les éléments était incroyable. Je me suis dit : « OK… Je mange du riz et un œuf et ça me met dans un état pas possible. » Derrière cette simplicité, il y a un savoir, des artisans : qui a fait le ponzu, cultivé le soja, trouvé la température de cuisson parfaite de l’œuf. L’histoire culinaire japonaise a plus de deux mille ans et tu peux la sentir dans tous les plats. Et ça m’inspire tous les jours.

Comment tu t’es retrouvé là-bas ?

Un peu par hasard. Je travaillais déjà, j’étais monteur pour la télé flamande. Ma copine était en dernière année à l’université et elle avait l’opportunité de faire un échange international. Au milieu de la liste habituelle des villes européennes, il y avait Osaka. Elle hésitait, six mois loin l’un de l’autre, ça faisait beaucoup. J’ai pris un congé sans solde et on est partis ensemble, c’était en août 2017. Et puis la rédaction de la VRT m’a demandé si je pouvais faire des sujets télé sur place, pour suivre les aventures de deux jeunes Belges au Japon, et c’est devenu mon boulot là-bas.

Ce voyage a changé ton rapport à la cuisine?

Il a confirmé ce que je pensais déjà : j’adore ce milieu, ce métier. Et ça m’a ouvert l’esprit. C’est grâce à la cuisine, via la cuisine que je m’intéresse aux différentes cultures. J’essaie de faire mes voyages en fonction des traditions culinaires, ça me donne de nouvelles perspectives. J’ai récemment passé trois semaines en Corée du Sud, je suis revenu avec des techniques, des approches différentes de certains ingrédients. Dans mon travail, je fais très attention aux ingrédients que j’utilise, il faut que ça reste grand public. Je ne vais pas commencer à mettre des feuilles de kaffir et du gochugaru, ça n’est pas facile à trouver, ça n’aurait pas de sens.

Retrouvez cette interview en intégralité dans le nouveau GAEL disponible en librairie.

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