Son enfance, sa famille...: Pierre Marcolini se dévoilé côté privé
Sa vie de famille, ses valeurs et son enfance: notre GAEL Guest du mois, Pierre Marcolini, comme vous ne l’avez jamais lu!
Star parmi les stars au pays du chocolat, le seul nom de Pierre Marcolini suffit à faire frétiller les papilles. Mais du haut de tous ses trophées et de son mètre nonante et quelque, l’homme est resté un délice de simplicité. C’est ce que lui a appris sa mère, un mètre cinquante de parole cash et de volonté. D’après un texte de Florence Hainaut. Photos : Laetizia Bazzoni.
À la rencontre de Pierre Marcolini
Vous avez quitté le nid très tôt…
Pierre Marcolini : « À 15 ans. Je détestais mon beau-père, il était exécrable. Avec ma mère et mon frère Sieg, ils ont déménagé en Espagne, c’est ma tante Rita qui m’a accueilli, à Courcelles. Je l’adore, même si je ne lui téléphone pas assez souvent. À 16 ans, alors que la majorité était fixée à 21 ans, elle est devenue ma tutrice. J’ai vite pris conscience de l’importance de son geste et j’ai tout fait pour ne pas être une charge pour elle. J’ai intégré l’Ifapme, à Lodelinsart, puis trouvé un poste d’apprenti dans une pâtisserie à Chapelle-lez-Herlaimont.
Je touchais 300 francs par mois, ça me permettait de payer le tram et mon logement, chez Madame Jeanne. Je logeais dans le grenier, il y avait un petit chauffage au gaz qui me faisait craindre pour ma vie.
Je touchais 300 francs par mois, ça me permettait de payer le tram et mon logement, chez Madame Jeanne. Je logeais dans le grenier, il y avait un petit chauffage au gaz qui me faisait craindre pour ma vie. Le matin, j’allumais le gaz, je me débarbouillais, je mangeais la tartine jambon-fromage que Madame Jeanne me faisait tous les matins, puis je prenais le tram de 5 h. Quand je voulais me laver les cheveux, je demandais une bassine, je faisais bouillir de l’eau. Et on ne jetait pas l’eau, on la réutilisait pour la vaisselle ! Le moment suprême, c’était le dimanche chez ma tante, avec mon oncle Bruno et leur fille Corinne. Un moment de vie familiale avec de délicieux petits plats et des bains chauds. Ceux qui m’ont connu savent ce que j’ai traversé, ils savent que j’ai bossé. »
Au détriment de beaucoup de choses.
Pierre Marcolini : « Oui, de la vie de famille. Et d’autres apprentissages : j’aurais aimé apprendre l’anglais ou m’intéresser davantage à la littérature, à l’histoire ou à l’art. Heureusement, mon épouse, Valérie, qui est une grande connaisseuse d’art contemporain, m’initie à tout ça. «
Êtes-vous toujours un peu soupe au lait ? Oui, je suis bien renseignée…
Pierre Marcolini : « Beaucoup moins qu’avant ! Avec le temps, j’ai appris à prendre du recul face aux frustrations. Si tu engages des jeunes, des talents, tu dois accepter les erreurs. Si les gens qui travaillent avec moi ont peur de mes réactions, ils oseront moins, innoveront moins. «
Tout votre cheminement, il a fait de vous quel père ?
Pierre Marcolini : « J’espère un père avec de fortes convictions, toujours à l’écoute, même s’il n’est pas toujours assez présent. «
Et le fait de ne pas avoir de père ?
Pierre Marcolini : « Il reste une figure importante malgré tout. J’ai ressenti une grande émotion lorsque mon fils Sasha s’est marié. Je lui ai dit que j’étais fier de lui. J’aurais tellement aimé l’entendre de mon propre père. Il y a un livre qui m’a boulversé, Le Soleil des Scorta, de Laurent Gaudé, qui décrit avec justesse les familles italiennes et leurs secrets. Ce livre m’a fait devenir un fier patriarche. Quand j’ai vu mon petit-fils, j’ai pensé que désormais ça y était, j’étais le pilier, le gardien du temple. Néanmoins, il y a encore des vérités non dites sur mon histoire. Je ne sais pas qui est mon père, ma mère a des versions très contradictoires… »
Vous avez deux enfants, donc…
Pierre Marcolini : « Mon fils, Sasha, a 35 ans. Quand il a obtenu son diplôme d’avocat, ma mère s’est exclamée : « Enfin un qui a réussi ! » Dans un contexte d’immigration, l’ascension sociale, c’est important. Ma mère était si fière. Et moi aussi ! Parce que pâtissier, c’est un métier manuel, et à une époque, c’était pas vraiment la classe. J’avais bien noté, jeune, quand je draguais, que mon métier n’était pas un atout. Alors je disais que j’étais ingénieur en techniques culinaires. Et je me suis pris moins de râteaux. »
Ce qui vous a permis d’avoir un fils !
Pierre Marcolini : « Avec lui, je suis entre le père et le copain. J’ai été très absent quand il était petit. Je bossais tout le temps. On ne peut pas rattraper le temps perdu, mais on peut inventer le futur et ça se passe super bien entre nous. C’est toujours mon premier goûteur, il a un palais et un avis assez assertifs. Quand j’ai commencé, je faisais tout goûter à ma mère, parce qu’elle était très cash. Cette franchise m’a accompagné. «
Et puis il y a Jade, la petite.
Pierre Marcolini : « Elle a 9 ans, j’en suis bleu. J’avais des craintes à l’idée d’avoir un autre enfant. Aujourd’hui, je me demande pourquoi j’ai douté. C’est ma princesse, je suis un papa gâteau. Je suis un peu absent, parce que je voyage et je fais un truc horrible : je dis oui à tout. Ma deuxième épouse, Valérie, a de quoi m’en vouloir, je ne suis pas le compagnon éducationnel parfait. Et depuis que je suis devenu grand-père, j’ai prévenu que je serai là pour soutenir toutes les bêtises. »
Vos bêtises de gosse, c’était quoi ?
Pierre Marcolini : « La gourmandise. J’étais capable d’aller manger le deuxième gâteau dans le dos des autres… Sinon j’étais bagarreur, mais pour obtenir justice. Je n’avais pas les mots pour me battre contre la discrimination, donc je parlais avec mes poings. Mais heureusement, vers 15-16 ans, c’était fini, j’avais trouvé les mots.«
Retrouvez cette rencontre avec Pierre Marcolini en intégralité dans le GAEL d’avril disponible en librairie.
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