Rencontre avec Rosa Bursztein, la fondatrice du podcast « Les mecs que je veux ken »
Dans son podcast Les mecs que je veux ken, l’humoriste et comédienne française Rosa Bursztein reçoit des artistes qu’elle trouve brillants, drôles, qui pensent différemment. Dans certains épisodes, elle se confie sur des aspects parfois très privés de sa vie.
« Avant même de faire le mien, ce qui me plaisait, en tant qu’auditrice, c’était le côté journal intime du podcast, comme chez l’Américain Dax Shephard, qui, entre ses interviews d’artistes, parlait de son combat contre l’alcoolisme, comptait ses jours d’abstinence, avouait sa rechute. Ça m’avait bouleversée. En France, il arrive aussi que certains artistes se confient sur un problème vécu, mais rétrospectivement, jamais au temps zéro. Ce que je comprends, car, à chaud, on manque de recul. On n’a pas la résistance analytique, on ne dédramatise pas encore.
Le pouvoir des mots
En même temps, la parole à chaud a cette honnêteté qui me plaît tant et qui permet l’identification. Une fois, un mec a été super blessant avec moi, et au lieu d’attendre pour en parler, entre autres pour ne pas qu’il se reconnaisse, je l’ai raconté tout de suite. Plus tard, un ami a perdu sa petite sœur et j’ai aussi eu besoin de le dire dans le podcast. En mai dernier, j’ai raconté ma fausse couche, le lendemain des faits. J’ai hésité, car garder le secret me protégeait de la curiosité des gens concernant une future grossesse, ou même de ma superstition qu’un accident arrive si je retombe un jour enceinte. Mais je ne peux pas faire des choix par peur ! Ce jour-là, je devais faire une intro d’épisode, où je présente l’invité avec le ton léger habituel. Mais je souffrais tellement que je n’y arrivais pas. Je me suis dit que je pouvais trouver une excuse et ne rien poster. Mais je ne voulais pas mentir. Je ne savais pas quoi mettre à la place du silence, alors je me suis lancée seule au micro, juste pour moi.
En cette période où on a peur d’aborder des événements d’une actualité très violente, car on craint que les mots soient vains ou erronés, j’ai senti qu’en parlant de quelque chose qui me concernait, on n’allait pas pouvoir m’accuser de dire des choses fausses.
Au fur et à mesure que je parlais, je me rendais compte que ça me faisait du bien. En cette période où on a peur d’aborder des événements d’une actualité très violente, car on craint que les mots soient vains ou erronés, j’ai senti qu’en parlant de quelque chose qui me concernait, on n’allait pas pouvoir m’accuser de dire des choses fausses. Une fois ce récit très personnel de ma fausse couche enregistré, j’ai pris le risque de le mettre en ligne et je l’ai partagé sur Instagram. Finalement, ça m’a soulagée de ne plus devoir me cacher après trois mois de grossesse en secret.
Témoignages de sororité
Et j’ai reçu de nombreux témoignages de sororité, je ne me suis plus sentie seule. Ça m’a rassurée de voir que, malgré les hauts et les bas du féminisme, les femmes sont capables de se soutenir, de s’apporter de la douceur, du réconfort. Malgré tout, on progresse.
Contrairement aux humoristes qui sont forts pour parler d’événements extérieurs, ce que je raconte, mon humour, mon podcast, mon stand-up sont toujours très liés à ma vie. Et j’alterne avec des interviews d’invités qui me passionnent. À l’inverse de la perpétuelle mise en scène de la best life, très complexante, sur les réseaux sociaux, mon podcast invite plutôt à faire un pas de côté, à réfléchir ensemble. Et j’essaie d’être cohérente, tout en assumant mes contradictions. »
- Le podcast Les mecs que je veux ken est sur toutes les applis.
- Retrouvez sur rosabursztein.fr les liens vers le spectacle de stand-up de Rosa (espérons bientôt en Belgique), son livre Les Mecs que je veux ken (éditions Les Arènes, 2022) et ses chroniques Zoom zoom zen dans la matinale de France Inter.
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