Meet our Guest: Plastic Bertrand, dynamite humaine
Plus de quarante ans que ce Mister Dynamite est devenu une icône belge tout autour du monde. Autant extraterrestre survitaminé qu’éternel adolescent à fleur de peau, l’interprète du mythique Ça plane pour moi s’est toujours senti différent et n’a jamais cessé d’œuvrer à réaliser ses rêves d’enfant. Avec obstination et enthousiasme. Par Isabelle Blandiaux. Photos: Laetizia Bazzoni.
Plastic Bertrand en vrai
Qui est réellement Roger Jouret (comme plus personne ne l’appelle) ? Plastic Bertrand a beau avoir secoué notre enfance de rythmes saccadés et de refrains acidulés, on ne parvient pas facilement à faire la part entre le personnage dans la lumière et l’homme naturellement solaire, entre le jeu aérien du chanteur et sa réalité incarnée. Cette après- midi-là, il arrive gonflé à bloc avec une valise pleine de vêtements pour notre shooting photos dans ce très bel hôtel bruxellois à l’arrêt, le Zoom Hotel. En cette période d’énergie collective proche du niveau zéro, on reçoit des brassées d’adrénaline à son contact. Et il tombe le masque instantanément, révélant un hypersensible qui retient ses larmes quand il évoque sa mère, un bosseur, un battant, un perfectionniste, un hyperactif, un curieux mais aussi un être profondément enraciné dans le socle de la famille qu’il a fondée avec Evelyne, sa femme depuis quarante ans.
« Mon parcours ressemble un peu à une toile de Pollock, constituée de touches de peinture. »
Plastic a vendu 20 millions d’albums et a fait plusieurs fois le tour des scènes du monde. Au gré des opportunités et de ses envies, il a été animateur de télé, galeriste d’art, producteur, acteur de cinéma, héros d’un roman-photo. « J’ai plus travaillé sur ma vie que sur ma carrière », dit-il à 66 ans, alors qu’il vient de sortir son dixième disque. « Je ne me retourne pas souvent sur mon passé, sauf quand on me le demande. Mon parcours ressemble un peu à une toile de Pollock, constituée de touches de peinture. Je ne comprends pas vraiment chaque touche au moment même, mais c’est aussi le geste qui compte. Et là, j’ai l’impression que ce tableau commence à avoir du sens. »
AUTOBIO EN 3 DATES
22 juin 1979 « Je me suis marié avec Evelyne, enceinte, à Los Angeles, parce qu’en Europe, j’étais alors un personnage “Spoutnik” trop voyant. Je voulais montrer à ma femme que je ne l’abandonnais pas, même si j’étais souvent absent. On a fait une fête de fous, nous deux, nos témoins, mes avocats : Beverly Hills Hotel, Rolls ancienne... Le lendemain, je chantais à New York et deux jours plus tard, je partais en tournée au Japon. »
5 janvier 1980, 15 mars 1983, 6 novembre 2018 « Les dates de naissance
de mes enfants et de mon premier petit-enfant. Un deuxième est en route. Plus que des anniversaires, ces dates montrent que je suis en train de recréer un clan, une famille, alors que j’en ai manqué quand j’étais petit. C’est fondamental à mes yeux. »
22 février 2010 « Au décès de ma maman, je me suis effondré. Une partie de mon âme est partie avec elle. Elle était magnifiquement belle. Elle m’a toujours répété à l’oreille, avec son accent ukrainien adorable, que j’étais un garçon merveilleux et que je devais croire en moi. Elle croyait en moi. »
SON ACTU
Plastic Bertrand vient de sortir son 10e album, L’Expérience humaine (PiaS), déclaration d’amour à l’humanité et à son panthéon d’influences musicales (Kraftwerk, Bowie, Sting, Daft Punk...), avec des touches d’écologie.
Découvrez cette rencontre en intégralité dans le GAEL de décembre, disponible en librairie!
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