Maria Del Rio: « J’ai ce besoin viscéral d’être bien toute seule »
N’essayez même pas de ne pas craquer. La comédienne et présentatrice du Good Morning de Radio Contact, aux 90 000 abonnés Facebook et 82 000 followers Insta, est irrésistiblement attachante. Sensible, elle trouve d’instinct la juste position : ni au-dessus, ni en dessous, mais à côté de vous. Par Anne-Sophie Kersten. Photos: Laetizia Bazzoni.
De son arrivée dans le monde des médias à son nouveau rôle de maman solo, notre Guest du mois Maria Del Rio se livre pour GAEL.
Les confidences de Maria Del Rio
Comment es-tu arrivée dans les médias ?
La deuxième année de ma vie au théâtre, j’ai eu affaire à un metteur en scène qui avait très fort cru en moi et m’avait prise sous son aile pour me préparer à mon premier grand rôle, dans La Dame de chez Maxime. Mais il s’est emballé. Il a basculé dans la catégorie balance- ton-porc : « Tu couches avec moi ou tu ne joueras plus jamais. » J’ai refusé, mais je me suis sentie complètement perdue, seule. Il m’avait dit que ce serait la même chose avec les autres metteurs en scène. « Sans moi, t’es rien, Del Rio. » Puis j’ai compris que j’étais en train de passer à côté de ce que j’aimais vraiment à cause de ce connard. Du coup, alors que je ne connaissais personne, j’ai écrit aux télévisions. La RTBF m’a contactée, puis RTL. C’est comme ça que j’ai commencé la télé (avec Bingovision à la RTBF, avec Thomas Van Hamme, NDLR). Et je n’ai jamais arrêté le théâtre. J’ai vécu deux passions en même temps.
« J’espère arriver un jour, après cette période médiatique, à me former pour écouter et aider les gens de manière professionnelle »
Dans ces différents rôles, as-tu la sensation d’avoir une mission ?
Je ne me dis pas ça texto, mais je réalise que je sers à quelque chose, à faire du bien aux personnes qui décident de m’écouter. Et moi, ça me fait vraiment du bien aussi. En fait, si je n’avais pas fait ce métier, j’aurais voulu être psychologue. Et la vie est loin d’être finie : j’espère arriver un jour, après cette période médiatique, à me former pour écouter et aider les gens de manière professionnelle.
Tu entreprends facilement de nouveaux projets ?
Si je me lance, je vais me donner à fond, aller jusqu’au bout. Mais en amont, je suis capable de me poser dix mille questions, de demander dix mille conseils. J’ai par exemple été fort touchée quand, au premier confinement, TVI a décidé de faire six heures de direct et qu’ils m’ont appelée pour animer ce Vu du ciel à côté de Jean-Michel Zecca. Je suis arrivée avec un trac épouvantable : « Pourquoi m’ont-ils demandé à moi ? Aux côtés de la machine Zecca ! » D’autant que la télé est devenue plus rare pour moi. Le directeur des contenus a trouvé les mots justes : « Arrête de t’en faire, on t’a prise toi car tu es qui tu es. On te demande juste : sois toi. » Une fois que j’ai senti cette confiance, j’ai pu m’asseoir sur ce canapé et faire ces six heures de direct. Je crois que j’aurai éternellement un manque profond de confiance en moi. Je le guéris progressivement, justement en essayant, dans le challenge, le dépassement. Ça fait un bien super kiffant.
J’imagine que tes parents doivent être très fiers de toi.
Oh oui ! Ils ont encore les premiers articles à mon sujet. C’est du papyrus aujourd’hui.
« Moi qui me suis fait mal pour éviter de ressentir la solitude, je suis en train d’apprendre à l’aimer. »
De quoi sont-ils fiers ?
De l’énergie positive que je dégage, de l’amour que les gens me portent. (Oh, tu vas me faire pleurer...) Parfois, sur ses chantiers, on s’adresse à mon papa : « Vous êtes le père de Maria Del Rio ? Qu’est-ce qu’elle fait du bien, votre fille ! Qu’est-ce qu’elle est chouette ! » Il en revient les larmes aux yeux et me dit avec son accent espagnol très prononcé : « Tout le monde il t’aime, hein ! Tout le monde ! » Et quand il me voit sur scène, il n’en revient pas. Même chose quand je chante. Là, j’ai enregistré Sara perché ti amo avec Marc Pinilla de Suarez : ma mère se la passe en boucle. Mon fils a passé du temps chez eux : « J’en peux plus ! Ça a tourné tout le week-end ! » Ils sont hyper fiers, et ils le montrent très fort.
Que peut-on te souhaiter pour 2021 ?
Trouver la véritable sérénité. Moi qui me suis fait mal pour éviter de ressentir la solitude, je suis en train d’apprendre à l’aimer. Elle peut rendre triste, faire peur, mais elle fait aussi partie de la vie par moments. J’accepte aujourd’hui d’être seule dans ma grande maison, porte fermée, sans coup de fil. Tout comme j’apprends à apprécier de ne pas forcément être en couple. J’ai ce besoin viscéral d’être bien toute seule en ce moment.
SON AUTOBIO EN 3 DATES
1978 « Mes parents m’emmènent au cinéma voir Grease. Coup de foudre ! À l’époque, on a le droit de rester dans la salle pour la séance suivante. Moi qui suis toujours si sage, je pique une crise pour revoir le film. Mes parents, étonnés, acceptent. »
1986 « Pour les classes de neige, ma mère me fait enfiler trois tenues sous ma combi. Je suis Bibendum, incapable d’allonger les bras le long du corps. Par ailleurs, l’école nous a fait faire des valises en carton. Je dépose la mienne dans une flaque, elle s’éventre... Comme je ne peux pas bouger, je bénéficie pour la première fois d’un élan
de solidarité : tous les élèves m’aident avec mes affaires. »
2011 « Rafael Nadal est en Belgique pour un tournoi. Avec le Good Morning, on pense qu’il loge à Genval. Pour rire, à l’antenne, j’appelle un hôtel de Gosselies. Je me fais passer pour la maman du champion, prétextant qu’il a oublié sa raquette à la maison. Contre toute attente, le réceptionniste me passe Nadal ! Gros buzz. »
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