Romain Duris, dans la joie: l’acteur nous raconte son cliché d’enfance
Figure libre du cinéma français assumant avec souplesse choix instinctifs et comédies populaires, l’acteur au sourire qui claque nous a confié le sentiment qui l’habite depuis l’enfance : la joie, érigée en morale de vie.
Interview: Juliette Goudot. Photo cover (droite): « Nos Batailles » @cineart
LE CLICHÉ RACONTÉ PAR ROMAIN DURIS
« C’est une photo de moi prise en vacances à la montagne, je ne me souviens pas du tout par qui ni l’âge que j’ai exactement, mais je l’ai toujours gardée car elle est très symbolique pour moi. Je crois que je me regardais dans le miroir pour rire ou pour faire rire. Et cette façon de ne pas se prendre au sérieux m’a toujours suivi. Quand j’étais petit, on m’appelait la joie de vivre, ce qui ne m’empêchait pas de faire des conneries, bien sûr.
« J’ai toujours fait le con, mais avec joie »
Enfant, je faisais beaucoup le pitre. J’ai toujours fait le con, mais avec joie. Au lycée, je me faisais beaucoup engueuler, mais ça n’était jamais dramatique car il y avait du rire. J’ai vite compris que je m’en sortais souvent avec cette humeur, mais je ne m’en suis jamais servi. Je suis né comme ça, je suis sorti avec ce caractère-là — qui évoque un peu le personnage de Tomasi dans Le Péril jeune (le film de Cédric Klapisch qui a révélé Romain au cinéma en 1994, NDLR). Mais chez Tomasi, il y a la fragilité de l’adolescence en plus et une profondeur qui faisait que les autres avaient envie de le respecter.
« Pour moi, il y a un moment dans la vie où la joie devient un choix face au monde qui nous entoure. »
Aujourd’hui, je fais très consciemment ce choix de la joie, même si elle n’est plus innocente et gratuite comme dans l’enfance. Mais j’y tiens, dans mon travail comme dans ma vie. Ce qui ne fait pas de moi un imbécile heureux ni ne n’empêche d’avoir des moments plus durs, mais je choisis cet état, je choisis de ne pas m’attarder sur le noir. Comme tout le monde, j’encaisse les trucs qui m’arrivent et je me dis que tant que ça ne touche que moi, ce n’est pas important, ce n’est pas grave. Comme quand j’étais gamin. J’étais très casse-cou, très turbulent, je courais tout le temps, partout, je rentrais dans les murs et je revenais de l’école avec un paquet de blessures, mais ça n’avait pas d’importance. Les points de suture et les séances d’hôpital, ça ne faisait pas plus mal que ça. Ma confiance en la vie allait plus loin et c’est toujours le cas. La joie, c’est ma façon d’être sur Terre».
SON ACTU
À l’affiche du thriller Fleuve noir, d’Erick Zonca, aux côtés de Vincent Cassel dès le 8 août, Romain Duris occupera la rentrée avec Nos Batailles, de Guillaume Senez. Chronique sociale et familiale sur un père démuni lorsque la mère de ses enfants prend le large, le film fera l’ouverture du prochain FIFF de Namur et sortira le 3 octobre. Fin 2018, on le retrouvera dans la peau du charismatique Vernon Subutex, adapté en série pour Canal+ d’après la trilogie déjà culte de Virginie Despentes, une radiographie du Paris contemporain à travers les yeux d’un disquaire devenu SDF.
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