
Julien Doré: “Tenir la main d’un petit garçon, c’est un émerveillement qui guérit des mauvaises nouvelles”
Julien Doré est tout sauf un Imposteur. En reprenant les mots des autres sur son dernier album, il invite le public à se ressourcer dans son doux monde surréaliste. Par Isabelle Blandiaux.
On rencontre Julien Doré à Paris, à sa maison de disques, où il fait juste un saut depuis son repaire familial en pleine nature, dans les Cévennes. « Je privilégie au maximum cette existence saine, simple, normale, explique-t-il. Je ne sais pas si on peut parler d’authenticité, mais pour moi, c’est un lâcher-prise. » Sept ans que Julien Doré a quitté la capitale française pour renouer avec ses racines du Sud, qui font chanter sa voix même quand il parle. « Je me suis dit au départ que c’était quand même assez radical comme changement, puisque j’y ai d’abord vécu seul, puis avec mes deux chiens magnifiques (@simoneetjeanmarc, NDLR). La vie a fait que tout s’est rempli joliment et aujourd’hui, je ne regrette pour rien au monde ma décision.
Rencontre avec Julien Doré
Élever ton fils dans un écrin de verdure, c’est aussi lui communiquer ton amour de la nature ?
Julien Doré : « Oui, les ciels étoilés sont fabuleux dans les Cévennes. Je lui explique comment reconnaître Mars, une planète qui ressemble aux autres étoiles mais qui est un peu plus orangée, ou Jupiter. Quand on tient la main d’un petit garçon à ce moment-là, c’est un émerveillement qui guérit des mauvaises nouvelles du monde. Cela aide à se rappeler qu’on est chanceux d’être libre, vivant. Et, en ce qui me concerne, de faire ce que j’aime, de vivre de ma passion. »
Ton lieu de vie, c’est un refuge ?
Julien Doré : « C’est une maison isolée, éloignée, entourée de nature. On pense souvent que ce choix est une fuite, une mise à distance de l’autre. Or j’ai le sentiment que c’est une façon pour moi de retrouver une forme de silence dans un monde qui ne l’autorise plus. Et ce n’est pas parce que je vais retrouver ce silence que je souhaite ne plus rien dire, ou que je souhaite ne plus rien partager avec l’autre. Au contraire, en retrouvant le silence, je retrouve une capacité à observer, à me nourrir de choses qui m’entourent, sans être en permanence en train de le verbaliser. Je retrouve aussi tout simplement la faculté de parler dans ce monde agité. Je ne vis pas mon quotidien dans les Cévennes comme une fuite, mais comme une manière de me sentir plus à l’écoute des autres. »
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Entre deux infos atroces sur le fil de son réseau, c’est devenu normal de « croiser » Julien Doré en crocodile. Ton univers facétieux s’étend et il fait du bien. C’est volontaire ?
Julien Doré : « J’ai l’impression que la notion de divertissement, d’humour, de désacralisation des artistes, toujours réfléchie, elle est politique en soi. Faire du bien par la musique ! Les témoignages de celles et ceux qui sourient, oublient, passent un moment avec moi artistiquement et ont à nouveau envie de continuer leur quête du bonheur le lendemain sont essentiels. Dans tout ce que je fais, j’ai envie de faire ressurgir la part d’enfance. Parce que le jour où elle s’évapore totalement d’un être, c’est foutu. Quand on garde des bribes de cette enfance, où tout est possible, je pense qu’on aborde le monde d’une façon plus généreuse. »
Quel rôle joue l’humour dans ta vie ?
Julien Doré : « Déjà petit, avant même que je touche une guitare, j’avais envie de créer une émotion chez les autres, de les faire éclater de rire. Quand ça arrive aujourd’hui, à mon fils ou quelqu’un de mon âge, c’est une récompense énorme. Comme une pulsion du vivant. Une explosion de vie. C’est d’autant plus chouette lorsque je sens qu’en me moquant de moi-même, je me moque aussi du statut d’artiste qui prend parfois un peu trop de place au milieu des chansons. J’ai croisé des artistes comme Christophe ou Arno qui m’ont expliqué que ce qui comptait, ce n’était pas eux, mais ce qui était partagé.
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Et à partir du moment où ces chansons étaient partagées, elles ne leur appartenaient plus. Sur scène, se moquer de soi et faire rire des milliers de personnes, c’est magnifique. J’aime cette désacralisation. Je pense que ce serait mentir sur moi que de retirer l’humour et l’autodérision. J’ai besoin qu’on sente dans ce que je fais que j’aime rire de la vie. »
* Album Imposteur (Sony). En concert les 21 et 22/3 (complets) à Forest, le 2/8 au Ronquières Festival, les 8 et 9/11 à Forest.
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