Julie Morelle, par Laetizia Bazzoni.

Julie Morelle: « je me suis beaucoup demandé si j’étais la bonne personne au bon endroit. »

C’est en 2004 que Julie Morelle apparaît pour la première fois à la télé, sur la RTBF. Elle y restera pendant vingt ans. Avec son ton rassurant et sa manière précautionneuse d’interviewer les gens. D’après un texte de Florence Hainaut. Photos : Laetizia Bazzoni.

Tu as réussi pendant toutes ces années à être l’une des figures les plus importantes de la RTBF sans jamais te plier à l’exercice de l’interview confession. Pourquoi tu as accepté celle-ci ?

Parce que c’était toi qui la faisais, Florence ! (Elle rigole.) Parce que votre équipe est bienveillante. Et parce que GAEL traîne sur ma table de salle à manger, je vous lis, donc je sais que vous n’êtes pas intrusives.

Tu lis GAEL, donc ?

Mes habitudes médiatiques ont changé, je consomme plus d’articles en ligne que sur papier, mais j’aime bien les magazines, surtout les féminins. C’est une bonne manière de sentir l’air du temps et l’un des rares endroits où on lit des témoignages et des préoccupations de femmes. On peut suivre les tendances, les nouveaux produits. Se connecter au monde, ça ne passe pas que par la lecture d’essais géopolitiques !

De toi, on sait très peu de choses. On sait que tu es professionnelle, que tu es belle et que tu pratiques le journalisme avec douceur.

La discrétion, c’est dans ma nature, ce n’est pas quelque chose que je calcule. Je préfère tellement poser des questions aux autres que raconter ma vie et certainement pas sur les réseaux sociaux. D’autant plus que je suis une vraie klette avec la technologie. Ça fait rire mes filles et mes collègues : je poste deux fois la même chose, je confonds les fonctions, je me trompe de photo. Je n’ai pas envie de consacrer du temps et de l’énergie à m’améliorer là-dedans, d’autant que je ne vois pas trop en quoi ma vie est intéressante à partager avec des inconnus, a fortiori parce que ça t’oblige à mettre en scène ton quotidien, à réfléchir à l’image que tu renvoies. Je trouve ça vain et fatigant.

Tu es à la fois très discrète et très exposée…

Oui, c’est un paradoxe que je n’ai pas encore tout à fait compris. On va dire que c’est l’une de mes contradictions. Déjà, gamine, j’étais plutôt timide, ce n’est pas moi qui faisais le show. Mais très vite, j’ai voulu faire du théâtre et jouer les méchantes sur scène. Il y avait donc une volonté d’être vue et reconnue, mais dans un personnage qui n’était pas moi.

Finalement, il s’agit d’exposer son talent en protégeant ce que tu es fondamentalement…Tu fais ça aussi dans ton travail ?

La personne que je suis aujourd’hui à la télé est de plus en plus la même personne que moi. Mais forcément, dans ce genre de poste, on joue un rôle, tout est très codé. Mais en effet, c’est moi sans être vraiment moi, donc je n’ai pas l’impression de m’exposer tant que ça.

Quand je te dis que tu fais du journalisme avec douceur, tu vois ce que je veux dire ?

Je ne sais pas si je suis douce, en fait. Le suis-je ? Tout le monde ne le pense pas.

À notre époque, c’est plutôt l’assertivité qui est considérée comme une attitude professionnelle dans ce milieu. Mais toi, tu cultives ton style à toi, un peu a contrario de l’air du temps.

Lors de mes débuts à la télé, je me suis beaucoup demandé si j’étais la bonne personne au bon endroit. Et puis j’ai compris qu’il y avait plusieurs manières de faire. Si je ne suis pas rentre-dedans, ce n’est pas grave. Être précise, empathique, curieuse sont d’autres qualités que je peux mettre en avant dans ce métier. Je suis admirative des gens qui ont des convictions fortes et des positions claires. Moi, j’ai des valeurs fortes, mais je cultive le doute permanent.

Et c’est quoi, ces valeurs sur lesquelles tu ne transiges pas ?

La justice, qui me semble au cœur de tout. Je ne supporte aucune forme d’injustice : le racisme, le sexisme, l’homophobie, etc. Je ne supporte pas qu’on établisse des hiérarchies entre les gens, ce qui est d’ailleurs au cœur de l’idéologie d’extrême droite. Et c’est pour ça que quand on dit que je suis douce, ce n’est pas faux, mais je peux me mettre très en colère quand j’estime qu’il y a des injustices, même les « petites » de la vie quotidienne. Je suis très têtue quand j’ai une conviction.

Retrouvez cette rencontre avec Julie Morelle en intégralité dans le GAEL de novembre disponible en librairie avec sa box Caudalie à prix réduit.

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