Fanny Ruwet: « C’est un milieu où il y a énormément d’envies et d’ego »

Il ne faut pas se fier à son air de première de classe. Bisexualité, dating sur appli, lose sociale et relations toxiques sont les sujets favoris de cette nouvelle tête d’affiche de l’humour made in Belgique qui a imposé, en quatre ans à peine, sa prétendue misanthropie et son autodérision sans tabou. Rencontre avec notre Guest du mois, Fanny Ruwet. Par Paloma de Boismorel. Photos: Laetizia Bazzoni.

Ton enfance était-elle particulièrement propice à la rigolade ?

Ma maman m’a eue à 19 ans, on est assez proches, on a toujours rigolé des mêmes choses. Parfois, elle me raconte des trucs... C’est aberrant, je ne sais même pas si c’est légal. On n’était pas trop en contact avec mon père pendant les premières années. Ma mère, elle, était toujours aux études et clairement en galère, mais je ne l’ai jamais senti. C’est seulement quand j’ai eu 20 ans que je me suis dit : « Attends, c’est pas tellement qu’on aimait les pâtes, en fait... » C’était très joyeux, un peu nous deux contre le monde. Elle m’a toujours donné énormément de liberté, je ne voyais pas l’intérêt de faire des trucs zinzins, je faisais tout ce que je voulais tant que ce n’était pas dangereux et que je travaillais bien à l’école.

Le métier d’humoriste (ou de clown) faisait partie de tes rêves d’enfant ?

Non, même si j’avais quand même une attirance pour le milieu du spectacle parce que je voulais être chanteuse. Je mettais MCM toute la soirée. Je ne regardais pas, mais j’écoutais, et dès que c’était Lorie ou Alizée, j’allais vite voir combien de danseurs elle avait pour faire pareil.

Quand t’es-tu rendu compte que l’humour était quelque chose que tu pouvais exploiter ?

Je n’ai pas du tout pensé en faire quelque chose jusqu’à fin 2018, quand j’ai commencé. C’était au Kings of Comedy Club. Je me suis inscrite et on m’a dit : « Tu as cinq minutes, fais-en ce que tu veux. » Je me suis dit : « Si je n’annule pas, j’ai réussi. » Il n’y a pas longtemps, je suis retombée sur l’e-mail d’inscription. Je connaissais un peu le gars qui gérait ça, il m’avait répondu : « Mais c’est pour qui ? » Vraiment, il ne me croyait pas. À l’époque, j’étais renfermée, je ne parlais pas trop et jamais ça ne me serait venu à l’idée de faire ce métier.

« Maintenant, je me sens validée dans mon travail, donc je n’ai pas besoin d’essayer de me vendre en soirée, je ne dois convaincre personne parce que je sais que je suis OK avec qui je suis »

Tu es drôle dans la vraie vie ?

Avec ma meuf, on se marre énormément. Maintenant, si j’ai un truc à dire de con et de marrant, vas-y, je le dis, là où avant c’était plus une façon d’essayer d’exister aux yeux des autres. Maintenant, je me sens validée dans mon travail, donc je n’ai pas besoin d’essayer de me vendre en soirée, je ne dois convaincre personne parce que je sais que je suis OK avec qui je suis. Ça change énormément mes rapports avec les gens. Je suis capable de ne pas parler si je n’ai rien à dire.

Tu t’es fait rapidement une place dans le stand-up. Est-ce un milieu à part, avec des codes différents ?

C’est un peu comme pour tous les milieux artistiques, il y a énormément d’envies et énormément d’ego. Les gens prennent les choses très à cœur parce que c’est eux- mêmes qu’ils mettent dans leur art. C’est un peu particulier, ne serait-ce qu’avec les horaires de travail. Et puis ça reste profondément anormal de monter sur scène, de prendre des gens en otage pendant plusieurs minutes pour leur raconter ce qui nous arrive.

Découvrez notre rencontre avec Fanny Ruwet en intégralité dans le GAEL d’avril, disponible en librairie. 

PLUS DE GAEL GUESTS:

Contenu des partenaires

Contenu sponsorisé