Fanny Jandrain: « Certains font ce métier pour briller. Moi, c’est parce que j’aime rire avec les gens »
Notre journaliste Florence Hainaut la côtoie dans l’émission On n’est pas des pigeons. On ne pouvait trouver mieux pour nous affirmer que Fanny Jandrain est exactement ce qu’elle a l’air d’être à la télé : rigolote, naturelle, attentive aux autres. Et totalement déconnectée du star system. Rencontre avec notre guest du mois. Par Florence Hainaut. Photo: Laetizia Bazzoni.
Tu es boute-en-train, tu mets l’ambiance tout le temps. On entend ton rire à l’autre bout du couloir ! J’ai appris, en préparant cette interview, que tu voulais faire du théâtre, à la base. Ça ne m’étonne pas.
Après mes secondaires, j’ai beaucoup hésité entre le droit, le stylisme et le Conservatoire. Je trouve ça très dur, quand on sort à peine de rhéto, de devoir décider de la voie à prendre. Mes parents nous ont toujours laissé, à mes sœurs et moi, le choix de faire ce qu’on voulait. Je n’ai pas eu de pression pour faire l’université, par exemple. Mon papa était avocat, ma maman magistrate. Ils nous ont toujours beaucoup parlé de leur métier, j’allais voir mon papa plaider, on a toutes baigné dans le droit. Si je n’avais pas réussi l’examen du Conservatoire, j’aurais fait ça.
Et tu es finalement devenue animatrice télé et radio. Pourquoi tu fais ce métier, au fond ?
Je ne me suis jamais posé la question… Je suis tombée dedans par hasard. Aujourd’hui, je le fais parce que le contact avec l’autre me plaît. Le contact avec les auditeurs, les téléspectateurs est chouette, j’adore ce côté village qu’a la Belgique. Je pense que certains font ce métier pour se voir à la télé, pour briller. Moi, c’est parce que j’aime rire avec les gens, les défendre comme on le fait dans les Pigeons. C’est là que je trouve mon compte.
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Qu’est-ce que tu n’aimes pas dans ce métier ?
Les egos surdimensionnés et le côté un peu arriviste. On fait un métier médiatique, on est là pour informer, donner du plaisir, mais on ne sauve pas des vies, hein ! Et puis les critiques et les insultes sur les réseaux sociaux, c’est un autre aspect négatif. Cette haine, cet acharnement, ça me dépasse. Si un jour je dois déconseiller à mes filles de faire ce métier, ce sera pour cette raison-là, pour qu’elles ne doivent pas subir constamment les critiques et les commentaires de gens à qui elles n’ont rien demandé.
Non mais, je te jure…. Qu’un neurochirurgien pédiatrique se la pète parfois, OK, à la limite. Mais pas nous, quoi ! Et Thibaut est d’une simplicité et d’une humilité désarmantes, donc c’est un plaisir de bosser avec lui.
Tu repars pour une saison d’On n’est pas des pigeons.
Cette émission, c’est une marque forte et un projet utile. Quand Benjamin Maréchal est parti, je n’avais ni l’ambition ni l’envie de présenter l’émission, j’adorais mon rôle de chroniqueuse. Mais comme c’était en co-animation avec Thibaut Roland, ça changeait tout et j’ai dit oui. Thibaut a une culture de dingue et surtout une grande bienveillance. Un duo, ça passe ou ça casse, et nous, c’est passé directement, sans doute parce que nous sommes terriblement différents, donc complémentaires. Entre nous, il n’y a pas d’ego, de besoin de briller plus que l’autre, de marcher sur nos plates-bandes.
Tu te vois faire ça toute ta vie ?
Je pars toujours du principe que tant que je m’amuse, je continue. Quand ça ne sera plus le cas, j’arrêterai. Ça reste un métier d’image, malheureusement. J’aimerais être l’une des premières animatrices qui restent à l’antenne jusqu’à l’âge de la pension, comme Claudine Brasseur du Jardin extraordinaire. Mais il y a plein d’autres métiers à exercer hors antenne, j’adorerais encadrer et coacher des animateurs, par exemple.
C’est vrai qu’on voit peu de femmes âgées à la télévision.
De femmes tout court ! Quand on regarde les paysages belge et français, on se dit qu’on pourrait quand même avoir plus de femmes à des postes clés de l’animation. La plupart des jeux, en France, sont présentés par des hommes. On sait quand même faire autre chose que tourner la roue de la fortune en minijupe. Je pense que des femmes d’âge mûr ont totalement leur place dans le paysage audiovisuel. Ce n’est pas parce que tu es plus vieille que tu ne parles qu’aux vieux.
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