Fanny Jandrain: « Ce n’est pas grave si on ne m’apprécie pas »
Petite, Fanny Jandrain ne se doutait pas qu’en jouant à la secrétaire pour son papa, elle enregistrerait une précieuse leçon de vie… Texte: Anne-Sophie Kersten. Photo: Laetizia Bazzoni.
‘Bé fé léyî dîre’ (« Bien faire, laisser dire): notre GAEL Guest du mois est une adepte de cette citation incarnant le lâcher prise. « Après l’école, mes sœurs et moi allions parfois plier le courrier de mon papa, avocat et amateur de théâtre dialectal. Cette phrase en wallon de Charleroi figurait sur toutes ses lettres. Elle invite à bien agir, sans accorder d’importance aux jugements d’autrui. » Elle nous explique en quoi cette expression l’inspire au quotidien.
La dernière fois que tu y as pensé ?
« Tout le temps ! Tout à l’heure encore, devant un e-mail de réponse à une proposition que j’avais faite et que l’interlocuteur critiquait, je me suis dit : “Tu as fait ton job en lançant cette piste. Lâche. Pas besoin d’attendre que ça plaise à tous.” »
Cette distance doit t’être utile dans un métier où, forcément, beaucoup de personnes ont un avis sur ce que tu fais.
« Oui. Et en plus, j’ai conscience de ne pas avoir choisi ce métier. Je voulais devenir comédienne. Je suis arrivée à la télé par hasard. Ma priorité, c’est ma famille. Le reste, c’est de l’amusement. Au boulot, en amitié, si je m’amuse, je continue. Sinon, je change. J’ai une chance folle dans On n’est pas des pigeons, car l’équipe est incroyable. Thibaut Roland (coprésentateur de cette émission de consommateurs sur La Une, NDLR) est brillant, intelligent, sans calcul. On se complète : je suis l’authentique, la rigolote, la rentre-dedans qui le titille ; lui analyse, prend du recul, me tempère. Ensemble, on rit beaucoup. De nous, entre autres. »
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C’est quoi, « bien faire » ?
« C’est m’impliquer à fond. Jusqu’à motiver les troupes : “Allez, on va jusqu’au bout, on met le paquet !” En quotidienne, on ne peut évidemment pas être tous les jours parfaits. Il y a des moments plus difficiles, où on est fatigués, mais je tente toujours de m’engager au mieux. Et si je bafouille, je sais rire de moi, promettre de passer une meilleure nuit et de revenir en meilleure forme. Bien faire, c’est aussi éviter de blesser les autres. Je ne voudrais jamais démolir le travail d’un autre au profit de mon job à moi. »
C’est ne pas forcer les gens à m’aimer. Je fais mon job de maman, de compagne, d’amie, et je suis comme je suis. Je ne changerai pas. Je tente de me comporter impeccablement, d’être polie, engagée, mais ce n’est pas grave si on ne m’apprécie pas. .
Mais s’il faut dénoncer une mauvaise pratique dans les Pigeons, tu peux le faire !
« Ah oui ! La bienveillance, ce n’est pas de la naïveté : c’est aussi pouvoir dénoncer les pratiques inacceptables. Il y a des situations où des entreprises répondent qu’elles ne peuvent rien y faire à des consommateurs victimes d’arnaques. Là, je monte au créneau ! »
Et dans la vie privée, c’est quoi « Bien faire et laisser dire » ?
« C’est ne pas forcer les gens à m’aimer. Je fais mon job de maman, de compagne, d’amie, et je suis comme je suis. Je ne changerai pas. Je tente de me comporter impeccablement, d’être polie, engagée, mais ce n’est pas grave si on ne m’apprécie pas. Lorsque quelque chose me touche, moi qui suis hypersensible, ça peut me tordre les tripes… Mais alors je me demande si le sujet mérite que je m’en fasse autant. Souvent, la réponse est : “Ben non, en fait…” »
Où trouves-tu cette capacité à relativiser ?
« Ma priorité est claire : ma famille. Là où ce serait difficile, ce serait qu’un jour, à l’adolescence, une de mes filles me dise qu’elle ne m’aime pas. Là, il faudra vraiment que je me répète la phrase de mon papa. Là, je me battrais pour la relation. Et là, ça vaudra le coup. »
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