Émilie Dequenne: « Je n’ai pas l’impression d’être très loin de celle que j’étais à 17 ans »
Bouleversante l’année dernière dans Close de Lukas Dhont, qui l’a menée aux Oscars, à l’affiche de cinq films à venir, Emilie Dequenne n’a jamais quitté le ciel du cinéma. Mais si elle dit n’être jamais plus à sa place que sur un plateau de tournage, c’est dans la menuiserie familiale qu’est née la femme qu’elle est aujourd’hui. Par Juliette Goudot. Photo: Laetizia Bazzoni.
Comment vous définiriez la jeune fille que vous étiez en rencontrant les frères Dardenne ?
J’étais déjà moi, je n’ai pas beaucoup changé, j’ai toujours 17 ans ! Sans plaisanter, je n’ai pas l’impression d’être très loin de qui j’étais alors, si ce n’est que j’ai vécu beaucoup d’expériences, de rencontres ou de déceptions qui constituent l’expérience même de la vie. Mais je suis la même, ça a juste maturé, un peu comme le vin.
Vouliez-vous déjà être comédienne ?
J’ai toujours voulu jouer. On ne verbalise pas quand on est enfant qu’on veut être actrice ou acteur. On le verbalise à l’adolescence quand on rêve des limousines des acteurs américains, ce ne sont absolument pas les bonnes raisons, mais le côté midinette prend parfois le dessus quand on a entre 13 et 16 ans. À l’époque, j’adorais Mark-Paul Gosselaar, de la série télé Sauvés par le gong, donc ça n’était même pas des rêves de cinéma ! En revanche, j’ai toujours voulu jouer. J’ai des bribes de souvenirs de ma toute petite enfance.
J’avais envie d’éprouver des sensations et des émotions qui n’étaient pas les miennes. Je me souviens d’une recherche intérieure dans mon coin pour faire naître ces émotions.
Par exemple ?
Le jeu passe par plein de choses quand on est enfant, le chant, la danse. À 2 ans, je montais sur les tables, je chantais et je dansais. Faire le show, ça a toujours fait partie de moi, d’ailleurs c’était beaucoup plus facile à 2 ans qu’aujourd’hui. Sauf si c’est derrière un personnage. Quand on est enfant, on y va sans filtre et sans se cacher. Après j’ai découvert le théâtre, mes parents m’emmenaient voir des pièces de théâtre amateur et c’est là que ça s’est vraiment conscientisé. J’avais envie d’éprouver des sensations et des émotions qui n’étaient pas les miennes. Je me souviens d’une recherche intérieure dans mon coin pour faire naître ces émotions. Mais avant de passer le casting de Rosetta, je réfrénais un peu mes désirs de jeu car je pensais que ça ne serait pas évident d’en faire mon métier, qu’il y aurait trop de concurrence. J’avais décidé de m’inscrire en sciences politiques à la FUCaM à Mons et entre-temps, pendant que je préparais les examens de rhéto, j’ai passé le casting de Rosetta.
Vos parents dirigeaient une menuiserie familiale, avaient-ils aussi une fibre artistique ?
Dans quel milieu avez-vous grandi ? Ma mère a fait du piano et ma tante du chant lyrique, mais je viens surtout d’une famille de judokas. Mon grand-père était très engagé auprès de la Croix-Rouge. J’ai grandi dans la menuiserie de mes parents et de mes grands-parents dans la campagne du Hainaut, à Saint-Ghislain. Rien ne me prédestinait à être actrice, mais j’ai eu la chance de naître dans une famille qui privilégiait le bonheur des enfants tels qu’ils sont, ça se voit sur nos photos de famille, où mon arrière-grand-mère, Mamy Gilles, tenait aussi une grande place. On a toujours été aimés tels que l’on est. Pour la génération de mes cousins-cousines, on est tous très différents, mais qui que l’on soit et qui que l’on aime, on nous aime comme ça. J’ai une grande chance d’avoir cette famille-là. J’ai grandi dans un environnement très positif, stimulant et bienveillant. Dès qu’il n’y avait pas école, on se retrouvait avec les cousins-cousines dans la menuiserie et c’était la joie.
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