Coulisses, anecdotes... Les confidences de l’équipe de « C’est du belge »
C’est du belge, sur la RTBF, fête ses 15 ans. Une longévité rare pour une émission télé. C’est sans doute parce qu’elle s’attache à ce qui fait vraiment ce pays. Du Nord au Sud, l’émission 100 % belge qui scanne tous les talents garde le cap. Rencontre avec ses quatre vedettes: Marie-Hélène Vanderborght, Gerald Watelet, Anne-Laure Macq & Tiany Kiriloff. Par Florence Hainaut. Photos: Laetizia Bazzoni.
Quelle est la plus belle rencontre que ce métier vous a permis de faire ?
Marie-Hélène : « Je sais qu’il a été fort décrié, mais c’est Jean-Paul Guerlain. Je l’ai rencontré dans sa maison près de la Normandie, un bâtiment incroyable, avec de grandes écuries. Pour moi, c’est le parfumeur par excellence. La manière dont il parle de la création de ses parfums, de ce que les femmes lui inspirent, c’est passionnant. »
Anne-Laure : « Dirk Frimout ! Je l’ai trouvé passionnant et touchant. Il a une volonté de transmettre, notamment en organisant des conférences dans les écoles pour parler de l’espace aux enfants. »
Gerald : « Pierre Bergé. Et c’était pas gagné. On avait fait une chronique sur l’exceptionnelle vente Yves Saint Laurent qu’il organisait, mais il refusait les interviews, même si lui et moi, on se connaissait un peu. Via un ami, j’ai réussi à ce qu’il m’accorde une demi-heure d’entretien. Finalement, on a parlé pendant quatre heures et demie. C’était un moment formidable. »
Tiany : « Je suis toujours très impressionnée par Etienne Russo, qui a fondé Villa Eugénie, une société qui organise les plus grands défilés de mode. C’est un homme tellement inspirant, plein d’énergie. Et Dries Van Noten aussi. Je suis toujours bouleversée quand je le vois. »
« Quand je pense à Stromae, qu’on a eu tout au début, quand sa mère lui cousait encore ses nœuds papillon... » – Marie-Hélène
Qui rêvez-vous d’interviewer pour « C’est du belge » ?
Marie-Hélène : « Benoît Poelvoorde. On ne l’a toujours pas eu, il est difficile à attraper. Quand je pense à Stromae, qu’on a eu tout au début, quand sa mère lui cousait encore ses nœuds papillon... Et je suis triste qu’on ait loupé Angèle. Son succès a été tellement soudain, le temps qu’on se dise qu’on ferait bien son portrait, elle remplissait des salles en France. On aurait adoré la faire découvrir au public. »
Anne-Laure : « Benoît Poelvoorde aussi, même si je l’ai déjà rencontré, c’est quelqu’un avec qui j’aimerais m’asseoir et boire un café. Pas comme une fan et un acteur, mais comme deux personnes. J’ai envie de parler de la vie avec lui. »
Gerald : « Ce qui compte pour moi, c’est quand je suis ému. Donc ça peut être un illustre inconnu, du moment qu’il est talentueux. Il faut qu’il se passe quelque chose en moi. »
Tiany : « Peters Philips, le directeur de la création du maquillage de Dior. Je suis son travail depuis longtemps, c’est un artiste fascinant. Il peut complètement changer une personne avec du maquillage. »
C’est quoi, être belge ?
Marie-Hélène : « Ooooooh, être belge... C’est ne pas se prendre au sérieux et c’est ce qui fait que quand on est à Paris, par exemple, on nous considère avec sympathie. Tout semble tellement plus simple chez nous, il y a une plus grande ouverture aux autres. Peut-être parce qu’on doit composer avec un pays bigarré et compliqué, une structure a priori impossible et que pourtant, on s’en sort toujours. Et quand on voit le nombre de talents qu’on a par rapport à la taille du pays, c’est incroyable. »
Anne-Laure : « Je pense que c’est avoir le sens du compromis, même si pour le moment, on ne peut dire que ça fonctionne des masses. Et puis même si on a subi toutes les invasions imaginables, on a quand même une identité à nous. On a un regard particulier sur la vie. L’impression que rien n’est jamais très grave. On a du mal aussi à être suffisamment fiers de qui on est, de ce qu’on produit. Il nous faut un regard extérieur pour qu’on prenne conscience de notre valeur et de nos talents. »
Gerald : « Si on devait trouver des qualificatifs, ce serait : humilité, simplicité, jovialité et honnêteté. Quand je vais à Paris, c’est un autre univers. Ils nous trouvent tellement pas rouspéteurs. On est des gentils. Pas dans le sens “braves et cons”, mais globalement, on est des gentils. »
On manquerait de fierté ?
Gerald : « On n’aurait pas toutes les qualités que je viens de citer si on était chauvins ! C’est pas qu’on n’est pas fiers, c’est qu’on a une espèce de désinvolture par rapport à la gloire, la hiérarchie, la réussite. La mentalité du peuple belge n’est pas basée sur du chichi. Ce qui paraît chic à Paris nous fait un peu rire. »
Anne-Laure : « Sans doute parce qu’on est entourés par la France, son passé, son histoire si riche. On pêche par trop d’humilité. Au final, que ce soit nos sportifs, nos acteurs, nos artistes, ils doivent encore aujourd’hui aller ailleurs pour être reconnus chez nous. Quel dommage ! »
Marie-Hélène : « Je ne sais pas, j’ai l’impression que les Wallons se sentent belges et en sont fiers. Peut-être que les Flamands se sentent avant tout flamands. Mais quand tu es à l’étranger, tu le revendiques ! Quand je vais faire des portraits de Belges expatriés, ils sont très fiers de leur pays. Je pense qu’un Belge ne renie jamais ses origines. »
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À quels moments vous sentez-vous vraiment belges ?
Tiany : « Je ne suis pas du tout belge ! Mais je me sens belge parce j’aime la simplicité, la discrétion, la gentillesse. Le foot aussi me fait me sentir belge. Et quand on parle des talents belges, je suis team Belgium, je suis très fière. »
Marie-Hélène : « Quand je suis à l’étranger, je le revendique énormément. Et puis quand j’ai soudainement une envie de moules et de frites, quand je craque pour les cuberdons. »
Anne-Laure : « Tout le temps ! Parce que je viens de Chimay, que je vis en partie à Bruxelles, que j’adore passer mes vacances à la côte. C’est agréable d’avoir toutes ces facettes, d’être le produit de tout ça à la fois. »
Gerald : « Même chose ! À peu près tout le temps, avec toujours énormément de bonheur à découvrir d’autres cultures. Mais je me sens profondément belge, avec tout ce que ce que ça comporte : manger des frites à 5 h du matin, faire demi-tour sur une chaussée. Essaie de faire ça en France, ils appellent les forces spéciales ! C’est ce côté un peu “rien à foutre” que j’adore chez nous. »
« On devrait être plus de mauvaise fois, comme parfois les Français ou les Anglais (...) On ne se donne pas assez d’importance, même entre nous. » – Gerald
Une chose que vous avez apprise sur votre pays ?
Anne-Laure : « Le passe-vite est belge. Je l’ai déjà dit ? (Elle rit.) »
Marie-Hélène : « J’ai fait des rencontres incroyables, j’ai découvert à quel point notre pays est riche en talents, des Ardennes à la côte. Il faut parfois fouiller, mais on a des écoles fabuleuses, des formations qu’on nous envie. En fait, j’ai appris que j’étais fière d’être belge. Et j’ai surtout vu l’évolution : être belge il y a quinze ans et aujourd’hui, ça n’est pas pareil. C’est vraiment devenu une fierté, entre autres parce que tellement de talents ont fait leurs preuves. »
Gerald : « Pas facile comme question. Je pense que j’ai appris qu’on manquait de fierté. On devrait être plus de mauvaise fois, comme parfois les Français ou les Anglais. Quand on nous complimente, on a tendance à répondre des choses comme : “C’est normal, je n’ai fait que mon travail.” On ne se donne pas assez d’importance, même entre nous. »
Si vous ne deviez sauver qu’une seule chose de la Belgique ?
Tiany : « L’Atomium. C’est une construction tellement incroyable et énigmatique, surtout quand il fait beau et qu’elle rayonne. Un peu comme la tour Eiffel, sauf que ça brille. Et puis le chocolat, aussi. J’adore le chocolat. »
Marie-Hélène : « La mer du Nord. C’est une petite madeleine de Proust, un côté mélancolique et familial, une couleur singulière. Tu peux rêver des Caraïbes, mais la mer du Nord, elle est unique. »
Anne-Laure : « L’accent bruxellois. J’adore, alors que je suis originaire de la botte du Hainaut. Je pense que cela vient entre autres du fait qu’une des premières pièces de théâtre que j’ai vues enfant, c’était Le Mariage de Mademoiselle Beulemans. J’ai le sentiment que cet accent est en train de se perdre... »
Gerald : « Moi ! (Il rit.) Ça se sauve tout seul un pays, non ? Je pense que le monde évolue et qu’il faut lui faire confiance. »
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