Musique: le duo Brigitte est de retour (et plus 70’s que jamais)
Le coloré et flamboyant duo Brigitte, formé par Aurélie Saada et Sylvie Hoarau, continue son exploration de la psyché des femmes avec Nues, un 3e album sincère aux accents seventies composé entre Paris et L.A. Où blessure rime avec fêlure et... morsure.
Plus Aurélie, la blonde volubile, et Sylvie, la brune réservée, confient leurs déboires en toute authenticité, plus le public s’y identifie, en une joyeuse communion qui met du baume au cœur. Oui, ça fait du bien d’écouter Brigitte pour dédramatiser sans rien lâcher. Et c’est voulu. « Même dans notre duo, on se porte l’une l’autre et on s’est mutuellement sauvées« , note Sylvie. « C’est ce qui me touche le plus: voir que les femmes se retrouvent dans nos chansons, qui parlent pourtant de choses très intimes, poursuit Aurélie. C’est l’impudeur qui m’intéresse chez les artistes. D’où le titre de notre album, Nues. Être nue n’est pas forcément sexy. C’est presque frontal. Une vérité nue. »
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On a l’impression que votre album féministe fait écho aux mouvements de libération de la parole des femmes sur les réseaux sociaux (#balancetonporc et #metoo)...
Aurélie: C’est notre cheval de bataille depuis le début. On cherche non pas ce qui va plaire, mais ce qui est la vérité de nos vies, de nos déboires, aussi complexes soient-ils. Sur cet album, il est beaucoup question de douleur, de sauver sa peau, de se consoler, de père manquant. C’est vrai qu’il fait un peu écho à ces mouvements que je trouve formidables. Nous, les femmes, nous savons ce que nous avons vécu. Ceux qui ne savaient pas ou n’avaient pas envie de voir ne pourront plus dire qu’ils ne savaient pas. Tant mieux. On plante des arbres pour la génération future. Nous-mêmes, on a déjà digéré les choses. C’est pour les enfants qu’on témoigne. Pour que les femmes et les hommes soient sur le même pied à un moment ou à un autre, en dehors de toute intimidation physique.
Sylvie: Face à un homme, il y a toujours dans un coin de ta tête l’idée qu’il peut te frapper, te toucher, te maîtriser. On l’a toutes bien intégré.
Palladium évoque l’amitié féminine, bien réelle mais dont on fait peu de cas, au regard de son pendant masculin tant chanté et glorifié.
Aurélie Oui, et c’est notre vie. On est une bande de filles. On s’entraide, on se soutient, on se serre les coudes, on rit ensemble, on construit des choses. Peut-être qu’on avait envie de raconter ça parce que cela nous ressemble. Il y en a toujours une qui vit un truc qui la fait pleurer et puis on la rattrape. On continue à la regarder comme avant: belle, sublime, même. On soutient aussi son ego.
Quel est le ciment de votre duo?
Aurélie L’amitié. On est différentes, mais en- semble. C’est important de prendre les choses comme elles viennent, les gens comme ils sont. On n’a pas toutes la même histoire, on ne vient pas toutes du même endroit et c’est ce qui fait la richesse. On ne peut construire, féconder que quand on laisse entrer l’autre avec bienveillance. C’est à ce moment-là que la construction d’un rapport devient intéressante. Moi, je suis une mère célibataire avec deux filles que je peux emmener sous le bras partout, puisque je suis la seule à les élever. Sylvie a un mari et des enfants plus grands. Donc on n’a pas la même vie. C’est aussi ce qui rend notre duo vivant: il y a un dialogue constant entre nous.
Sylvie Ce qui compte, c’est d’accepter l’autre, de l’aimer tel qu’il est, sans essayer de le changer.
Musicalement, les années 70 sont une grande influence pour vous?
Aurélie Oui, beaucoup de Français sont allés faire leur album aux USA à cette époque. J’ai des vidéos rigolotes de moi, petite, où je chante en intégralité l’album de Véronique Sanson, Amoureuse. On a aussi grandi avec Michel Berger, Elton John, Paul Simon, les Eagles... On écoute en permanence énormément de disques différents. En fait, on aime surtout les chansons.
Sylvie Cela a été une découverte et même un aveu qu’on s’est fait quand on a commencé à travailler ensemble: «Ah tu aimes bien ça comme moi? Je n’osais pas te le dire.» On était décomplexées quand on a commencé à se connaître.
Vous avez démarré ce projet alors que vous étiez déjà mères toutes les deux. Cela a changé quoi?
Aurélie Quand j’ai appris que j’étais enceinte de ma fille aînée, j’ai ressenti le besoin de faire de ma vie quelque chose qui me ressemble et qui soit fort. La maternité m’a rendue plus courageuse, plus sincère. Elle m’a donné la volonté de ne pas me mentir à moi-même et de ne pas mentir aux autres non plus, mais d’aller dans le sens de mon désir. Un déclic immense, d’autant que j’élève seule mes filles. À un moment donné, mon histoire va leur appartenir. Je voulais qu’elles soient fières du métier de leur maman.
Sylvie Moi, la maternité m’a aidée à relativiser. Je pense notamment à la musique: il n’y avait que ça qui comptait à mes yeux et quand ça ne marchait pas, ça me rendait littéralement malade. Ça m’a permis de continuer à faire les choses avec autant de cœur, mais en les vivant mieux.
Retrouvez cette rencontre en intégralité dans le GAEL de février, disponible en librairie!
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