Arnaud Delvenne: « Le premier jour de ma deuxième vie »

Laura Swysen

Pour notre rubrique l’Instantané, Arnaud Delvenne nous raconte son tout premier jour à Top Chef et ses débuts en cuisine.

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L’instantané d’Arnaud Delvenne

« C’est la première photo du premier jour de tournage de Top Chef. Je ne le savais pas encore, mais ce jour allait changer le cours de ma vie. Cette photo est empreinte de l’émotion du moment. J’étais là, je venais de recevoir ma veste, je ne savais même pas si j’allais pouvoir la garder et me qualifier pour le deuxième tour... J’ai aussi été très impressionné quand on a rencontré les chefs pour la première fois, j’avais l’impression d’être à un contrôle de police (rires). J’ai été bluffé par la personnalité de Glenn Viel. Sa bienveillance, son autodérision, sa manière de conceptualiser ses recettes et sa vision de la vie. Je n’aurais pas pu imaginer un meilleur coach. On échange régulièrement par SMS, on a gardé ce lien fraternel. Il me guide encore aujourd’hui.

Les gens ne vous regardent pas de la même manière quand vous pesez 115 ou 65 kilos... On vous met automatiquement dans une case. Mais ce n’est pas qu’une question d’alimentation, derrière le poids se cache parfois un problème psychique.

Je pense que mon opération effectuée trois mois avant le tournage m’a également complètement changé. Pas seulement physiquement, mentalement aussi. Les gens ne vous regardent pas de la même manière quand vous pesez 115 ou 65 kilos... On vous met automatiquement dans une case. Mais ce n’est pas qu’une question d’alimentation, derrière le poids se cache parfois un problème psychique. C’était mon cas. Après le décès de ma maman, je n’ai fait que me goinfrer pendant dix ans, car je ne savais pas comment extérioriser mes sentiments. Cette opération et ma participation à Top Chef m’ont permis de vivre une vraie rupture, de partir sur de nouvelles bases.

Je suis attiré par la cuisine depuis que je suis gosse, j’étais tout le temps collé à ma mère. Pour moi, les plus belles choses se font toujours autour d’une table. À 11 ans, je voulais aller à l’école hôtelière, mais mes parents n’étaient pas d’accord, ils m’ont inscrit au collège Saint-Louis. Je tiens d’ailleurs à m’excuser auprès de mes professeurs, car j’y ai foutu un bordel phénoménal afin de me faire virer! Mon frère et moi avons réussi notre mission, nous étions très heureux, mais ce n’était pas le cas de nos parents (rires). Ils m’ont finalement inscrit à l’école hôtelière. Mais, étonnamment, j’étais plus intéressé par la salle que par la cuisine. J’aimais bien m’occuper des autres. J’ai ensuite travaillé dans les cuisines de la prison de Forest. Mais quand ma mère est décédée, j’ai tout plaqué pour ouvrir mon propre restaurant.

J’ai lu beaucoup de livres de cuisine et j’ai suivi de nombreux tutos sur Internet. Mon premier poisson, je l’ai levé en regardant une vidéo YouTube. Aujourd’hui, je sais que je ne pourrais rien faire d’autre. Cuisiner ne se résume pas à cuire deux ingrédients dans une poêle, il faut transmettre une émotion et des souvenirs aux gens. Quand vous mangez chez un chef qui est habité par ce qu’il fait, vous le sentez immédiatement, ça vous hérisse les poils. J’ai appris tellement de choses sur moi en deux mois et demi de tournage. J’aurais pu mettre vingt ans à les comprendre ou, pire encore, j’aurais pu m’éteindre sans les savoir ! Je ne sais pas si je suis meilleur qu’hier, mais, au moins, je sais que je suis moins bête. »

SON ACTU

Arnaud Delvenne a ouvert son propre restaurant place du 20 Août à Liège, Nono, en hommage à sa maman. Il a récemment sorti un livre, On se régale avec Arnaud Delvenne (éd. Michel Lafon), inspiré des saveurs de son enfance et de son amour du terroir. Il participera également au festival Festifood (Mons du 9 au 11/9), où il tiendra un stand au profit du Télévie.

  • NONORESTO.BE, FESTIFOODRTL.BE.
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