Prix littéraire Gael: l’avis du jury
À la recherche de lectures pour l’été? Et si vous vous laissiez inspirer par les jurés de choc du Prix Gael? Cette semaine, ils vous donnent leur avis sur Un cadeau d'Éliane Girard.
Les romans de la sélection d’août du Prix Gael ont récolté une pluie d’étoiles. Cette semaine, le jury nous parle d'Un cadeau d'Éliane Girard.
Delphine Motte
Avis: **
Le stress d’offrir le bon cadeau à votre amoureux/amoureuse... qui aurait pensé qu’on pouvait écrire un livre sur ce sujet? Et bien c’est chose faite. Éliane Girard nous emmène dans le stress, les inquiétudes, les turpitudes, la culpabilité de Félicien qui cherche un cadeau, à la dernière minute bien sûr, pour sa bien-aimée.
Au début, on se laisse guider dans l’histoire, au milieu on fait du sur place, à la fin le rythme reprend. L’histoire est cependant assez prévisible. Ce n’est pas le livre qu’on recommande absolument à ses amis mais si vous avez deux heures à tuer au bord de la piscine, pourquoi pas.
Julie Matagne
Avis: ***
L'amour est-il soluble dans la peinture rose? Dans l’histoire de Félicien, il aura suffi d’apercevoir une paire de chaussures pour que son histoire avec Laure vole en éclats. À quoi tiennent nos sentiments? Ils semblaient heureux, pourtant.
Elle est un peu snob, lui est indécis et avoue une nette tendance à la procrastination. Aussi, pour lui dénicher le cadeau d’anniversaire idéal, s'y prend-il à la dernière minute. Il a une idée. Le problème, c’est de transformer l’idée en fier paquet cadeau.
Naturellement, quand on veut faire plaisir, être à la hauteur, et que le temps file, il arrive qu’on craque. Félicien, lui, a craqué. Exposé aux affres de la société de consommation, il fait exploser son budget. Son paquet sous le bras, croit-on que l’affaire est réglée?
Au contraire, c’est ici que ça se corse: les contradictions dans lesquelles son geste l’a plongé, la possible inutilité du sacrifice forment une matière parfaite pour Éliane Girard qui jongle avec nos cas de conscience. Buchet Chastel sait décidément choisir des auteurs talentueux. Drôles et justes, ses 150 pages se dévorent avec jubilation.
Alexandre Seron
Avis:**
Demain c'est l'anniversaire de Laure. 30 ans. Cela vaut bien un cadeau. Un vrai. Un beau. Un original. La veste en tweed? Plus la bonne taille en magasin. Le créateur anglais? Trop colorée, la nouvelle collection.
Félicien se lance alors sur des bottes pour sa Cendrillon. Qui lui coûtent un pont: un mois de loyer d'un 35 mètres carré dans le XIIIe. Le pigeon!
Félicien est maniaco-dépressif avec l'argent: généreux quand maniaque Et radin quand dépressif. Mais quand on aime, radin, ce n'est pas très chic... Piégé. Regrettant. Culpabilisé. Parano. Des jeunes capuchés sur un banc. Laurel et Hardy de la manche dans le métro. Des manifestants syndicalistes. Ses collègues. Des SDF. Tout y passe. Tout est menace contre Félicien-le-nouveau-riche. Tout est monté contre ces bottes d'une entreprise peu scrupuleuse qui délocalise à l'est et exploite à bas coûts. Mais à Paris, Félicien casque... À plein prix. Cadeau à crédit, amour à crédit. Or un coffre-fort ne suit pas le corbillard...
Mais le bonheur d'autrui est-il dans la valeur du fruit? À sept lieues d'imaginer le parcours d'embûches qui l'attend et le concours de circonstances qui entoure ses "bottes", Félicien l'apprendra progressivement à ses dépens.
Anne Meyer
Avis: ***
Un manteau, un nouveau GSM, un cours de cuisine avec un grand chef? Félicien se demande bien quel cadeau il va bien pouvoir faire à sa compagne Laure, pour ses 30 ans.
Il s'y est pris à la dernière minute et arpente les rayons de divers magasins à la recherche d'une idée.... jusqu'à ce qu'il les repère enfin!
De belles bottes de marque. À 869,95 €! Quelques minutes d'hésitation mais non, c'est LE cadeau à offrir.
Mais à peine sorti de la boutique, Félicien est pris de doutes: 869,95 € quand même. Plus que son loyer.
Arborant le sac au nom de la marque prestigieuse, il craint de se faire passer pour un riche qu'il n'est pas. Que vont penser ses collègues féminines au bureau, les passagers du métro, les SDF au fond du couloir? Et Laure va-t-elle vraiment apprécier; ne devrait-il pas retourner à la boutique pour les échanger?
Pas le temps de s'interroger; Félicien n'en est qu'au début d'une folle journée qui le mène, malgré lui, de rebondissements en rebondissements, plus imprévus les uns que les autres.
Des phrases courtes, un style enlevé et en filigrane, un regard sur la valeur des choses font du 4e livre d'Éliane Girard un VRAI CADEAU. Un régal: amusant, drôle, inattendu jusqu'à la fin! Une bulle de quiétude.
Catherine Hénaut
Avis: ***
Inconséquent et coupable d’avoir dépensé plus de 800 € pour offrir une paire de bottes hors du commun à son amie, Félicien tremble face à son geste irréfléchi.
Comment pourra-t-il d’abord se pardonner cette folie? Chaque regard croisé, chaque clignement d’œil, que ce soit dans le métro ou à son boulot, lui donne mauvaise conscience et lui rappelle sa faute.
Sans compter la réaction de son amie qui n’achète jamais rien au hasard...
Notre héros se retrouve malgré lui impliqué dans des situations malsaines, compliquées et dangereuses. Quel comportement va-t-il adopter? La lâcheté, le courage? Va-t-il finalement s’en sortir avec ou sans les bottes?
Beaucoup d’humour et de rocambolesque dans ce récit qui nous rappelle combien le rapport à l’argent est compliqué dans notre société de consommation et nous en montre la perception différente par l’un et par l’autre.
Nathalie Aubry
Avis: **
C’est un livre cocasse, l’auteur dénonce avec force détails – ce qui m’a un peu agacée – dans un style alerte, notre société de consommation où tout n’est que rapport au profit.
Elle fait de son héros un névropathe qui accumule les gaffes. C’est parfois drôle, parfois lassant.
Le personnage est une sorte de caricature qui reprend la plupart des reproches que l’on peut faire à notre société matérialiste.
Un cadeau, Eliane Girard, Éd. Buchet Chastel
Prix GAEL/Libris en collaboration avec Libris Agora
A.D. et S.Z.