Prix littéraire Gael: l’avis du jury
Cette semaine, les jurés du Prix GAEL/Libris vous donnent leur avis sur La rencontre, un deuxième roman pour Isabelle Pestre placé sous le mode introspectif.
Se connaît-on soi-même? Un accident, une mauvaise réaction, et c’est toute la vie qui s’en trouve réduite au néant. Pourquoi Marie a-t-elle pris la fuite après avoir renversé un cycliste? Pourquoi ne pas avoir appelé les secours et tenté de sauver une vie?
La fuite semble la seule échappatoire possible mais, telle une mécanique, Marie programmée survit sans se cacher. Son seul objectif, étouffer le remords par la haine de soi.
Gaspard quant à lui, jardinier de son état, pour qui nature n’est que beauté, perd peu à peu la vue. Sa dernière œuvre sera l’aménagement d’un parc majestueux dont la gardienne, Claire, n’est autre que la future victime de l’accident.
Un lien indissociable entre la meurtrière et sa victime va pousser Marie à terminer son errance à l’endroit même où vécut Claire. Un roman sur la recherche de soi, sans grande conviction.
J’ai apprécié ce roman. Le livre est très bien écrit: très beau style, imagé, poétique, il crée une atmosphère en accord avec les personnages.
Le titre "La rencontre" est bien choisi, on comprend à la fin que l’héroïne principale, Marie va à la découverte d’elle-même. Bien sûr, ce qui fait basculer sa vie, c’est l’accident, mais c'est assez difficile de comprendre son attitude.
Dès lors, il y a cette errance et je trouve que ce passage manque un peu de suspens, on ne sent pas la personne traquée, inquiète. Il y a là une sorte d’indifférence: est-ce dû à son enfance?
La fin perd peut-être en intensité, les rapports de polices ralentissent l’action. J’aurais aimé que les sentiments, le point de vue de l’héroïne soient plus développées.
Joël Bajot
La recette est classique: un personnage principal qui commet l'irréparable, une fuite en avant qui est aussi une fuite de soi, des questionnements intimes et des parcours initiatiques, le retour de "l'assassin" sur les lieux de son "crime", et l'espoir d'une rédemption.
Et pour cet ouvrage, dans le premier rôle de l'anti-héros habituel: Marie, aussi molle qu'elle est peu sympathique. Difficile de se reconnaître en elle. Du coup, le roman peine à emporter le lecteur. Même les anti-héros ne sont plus ce qu'ils étaient...
Étrangement, c'est justement Marie qui m'a plu dans cet ouvrage. Jeune femme à la vie sans goût particulier, elle renverse une cycliste et commet un délit de fuite. Refusant d'assumer ses responsabilités, d'affronter la douleur et le sang, elle choisit de ruiner consciemment son existence. Un choix qui pourrait être un déclic rédempteur, mais qui va au contraire l'éteindre un peu plus. Incapable de profiter des étincelles, Marie est une illustration parfaite de la lâcheté ordinaire. Si ce n'est pas des plus agréables à lire ou à ressentir, c'est tout de même assez intéressant...
"La rencontre" est une exploration. En terre inconnue, au-delà de ce qui est reconnu comme bien ou mal. Isabelle Pestre ose s’aventurer sur ces chemins sinueux qui suivent les sentiments, les intuitions et tracent un itinéraire non balisé vers soi, s’il existe. S’il n’est pas simplement ce qui reste quand la vie, et son lot de douleurs et de honte, nous a rongés jusqu’à l’os. La voiture de Marie a percuté le vélo de Claire. Cette collision mortelle laisse un bébé orphelin. Qui suivra l’auteure, qui signe ici son second roman, dans ce voyage?
Comme son titre l’indique, ce roman est une rencontre. Une rencontre avec la solitude, avec son destin, avec l’innocence, avec la maladie, avec des gens simples mais surtout avec soi.
Marie, cadre commercial mal dans sa vie commet un délit de fuite lors d’un accident, laissant Claire, une jeune maman à l’agonie. La vie n’est pas toujours ce qu’elle en a l’air. Elle trouve une échappatoire pour un temps, mais le devoir de réparer la pousse sur le chemin de la justice.
Un livre sensible sur la recherche de soi. Une errance pour échapper à sa vie qu’elle redécouvre au gré du hasard. Ce n’est pas le must de cette saison littéraire mais si vous aimez le genre introspectif, c’est intéressant.
Un soir, au volant de sa voiture, Marie renverse une cycliste. La panique la rend incapable de lui porter secours. Pire même, elle décide de fuir. Mais la culpabilité la ronge de jour en jour un peu plus et une longue errance commence jusqu'à ce qu'elle soit recueillie par Denise et son fils, à la campagne.
Le journal local évoque le fait divers. Donne des infos sur la victime, employée au Parc de l'Yprée. Le chauffard est recherché. Marie n'y tient plus et prend son courage à deux mains: elle pousse les grilles du parc, y découvre un cadre enchanteur, une nature "à la fois sauvage et domestiquée" par un paysagiste, ainsi qu'un paradis brut "cultivé" par le père de la victime.
Nous assistons alors à la rencontre étonnante entre des personnages dont chacun a compris... et nouent des relations improbables!
Isabelle Pestre signe son deuxième roman. Mère de cinq enfants et après avoir travaillé une quinzaine d'années dans le privé, elle se lance dans l'écriture. L'histoire est singulière et à aucun moment le lecteur ne peut imaginer la suite assez surprenante, faut-il le dire.
La description du parc est magistrale, comme si nous y étions et pouvions sentir les essences d'arbres et de fleurs, en admirer la palette de couleurs.
Le récit est simple, inattendu, bien écrit, la fin peut-être un peu trop parfaite.
La rencontre, Isabelle Pestre, Belfond
Prix GAEL/Libris en collaboration avec Libris Agora
A.D. et S.Z.