Meet our Guest: Fanny Ruwet, l’autodérision sans tabou
Il ne faut pas se fier à son air de première de classe. Bisexualité, dating sur appli, lose sociale et relations toxiques sont les sujets favoris de cette nouvelle tête d’affiche de l’humour made in Belgique qui a imposé, en quatre ans à peine, sa prétendue misanthropie et son autodérision sans tabou. Rencontre avec notre Guest du mois, Fanny Ruwet. Par Paloma de Boismorel. Photos: Laetizia Bazzoni.
Fanny Ruwet en vrai
Bien sûr que les poissons ont froid, c’est le titre intrigant (voire inquiétant) du premier roman qu’elle est sur le point de publier. Une fiction aux accents autobiographiques qui raconte la quête drôle et désespérée d’Allie pour retrouver son amour d’adolescence sur fond d’été bruxellois, de canettes de bière vides et de catfishing — pour celles qui (comme moi) ne seraient pas nées dans les 90’s, un catfish est une personne qui interagit sur Internet en utilisant une identité fictive. Bien qu’elle présente quelques points communs avec la narratrice désabusée du roman, la personne en chaussettes assise à mes côtés sur le canapé est aussi cette fille culottée et cynique qui se demande devant des milliers de spectateurs « à partir de combien de temps on peut supprimer de ses amis Facebook les gens qui sont morts ». Fanny, c’est aussi cet individu normal qui, en 2018, n’était encore jamais monté sur scène ou cette Belge qui fait une chronique chaque semaine dans les studios parisiens de France Inter ou même encore cette fan qui a créé un podcast intitulé Les Gens qui doutent pour discuter en toute tranquillité avec ses célébrités préférées (dont Lou Doillon et Alice Zeniter).
« À moins de 30 ans, Fanny a déjà le pouvoir hollywoodien de susciter chez nous une foule d’émotions : de la sympathie au malaise, du rire à l’attendrissement »
Avec toutes ces activités et ces caractères multiples, on se demande d’ailleurs si notre GAEL Guest a encore du temps pour douter. Mais Fanny en est sûre, elle n’a aucune certitude. L’humour est depuis toujours son meilleur bouclier pour mettre à distance les interrogations trop sérieuses. Pourtant, ce qu’elle craint le plus, ce ne sont pas les grandes déclarations mais l’indifférence. « Si les gens n’aiment pas mon bouquin, c’est OK. Mais, imagine, si je ne suis mentionnée dans aucune story, si les gens ne réagissent pas et qu’ils s’en foutent... » Aucun risque, à moins de 30 ans, Fanny a déjà le pouvoir hollywoodien de susciter chez nous une foule d’émotions : de la sympathie au malaise, du rire à l’attendrissement. Ce n’est pas Timothée Chalamet qui dira le contraire. Celui qui partage la vie de Fanny Ruwet et de sa compagne a débarqué en pleine interview en exigeant de fouiller mon sac avant de s’affaler aux pieds de sa maîtresse pour exhiber son look de matou roux. Plus jaloux, tu meurs.
AUTOBIO EN 3 DATES
2014 « Je rate mon permis de conduire, sous prétexte que je ne sais pas conduire. L’inspecteur m’a demandé si je savais rouler, j’ai répondu : “Ce n’est pas toujours bien réparti, mais ça se fume.” Résultat, dix ans plus tard, je fais semblant d’être écolo et d’aimer le tram, alors qu’en vrai, j’ai la flemme de le repasser. »
13 /7/2019 « Première date du rodage de mon spectacle de 90 minutes — dont 45 qui étaient drôles — au Kings of Comedy Club. Il a beaucoup évolué par la suite et trois ans plus tard, on a terminé la tournée au Trianon de Paris avec une élève de la Star Ac dans le public et je pense que ça c’est ma plus grande fierté. »
19/11/2019 « Mes débuts sur France Inter, c’était assez fou parce que pour moi, ce n’était même pas un objectif tellement c’était loin. Il y avait toutes mes idoles là-bas. J’ai commencé à aller à Paris chaque semaine et je trouve qu’on fantasme beaucoup trop sur Paris alors que c’est juste une ville trop grande qui sent le pipi et dont les métros ne fonctionnent jamais. »
Découvrez notre rencontre avec Fanny Ruwet en intégralité dans le GAEL d’avril, disponible en librairie.
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