Keren Ann, l’âme nomade
Elle a toujours eu une place à part dans la musique. Et son septième opus ne changera pas la donne. Délicat et nuancé, You Gonna Get Love nous a amenées, en interview, à aborder plusieurs facettes de l'amour. Par Joëlle Lehrer
Cet album est né après une panne sèche d'inspiration. Et après la venue au monde de votre fille. Aviez-vous déjà vécu cela?
Cela ne m'était jamais arrivé de façon aussi technique. J'arrivais sans problème à composer. J'ai même fait de la musique pour une pièce de théâtre. La musique est très naturelle. Mais je ne parvenais plus à écrire de mots parce que je n'avais pas assez de temps. Je me retrouvais dans la situation où en deux, trois heures, il me fallait accomplir un travail aussi précis et essentiel qui me prenait, auparavant, parfois deux jours. J'ai donc dû apprendre à réaménager mon temps pour pouvoir écrire de manière efficace.
Cette situation était due à la naissance de votre fille Nico?
Pas tant à sa naissance qu'à ma tournée et à la composition de musiques de documentaires. Mais bien sûr, la naissance de Nico changeait la donne. Je suis tombée sur une interview de Nick Cave qui racontait comment il s'y était pris après la naissance de ses enfants. Il se levait le matin, revêtait un costume et gagnait une pièce comme s'il se rendait au bureau. Cela m'a beaucoup aidée à me concentrer sur mon nouveau projet.
Le fait d'être mère a-t-il modifié votre sensibilité artistique?
Je ne sais pas si c'est en termes de sensibilité artistique, mais forcément, cela m'a changée. On n'arrive pas à se souvenir de la vie qu'on menait avant d'avoir notre enfant. Cela étant, cet album n'est pas du tout un album de maternité. La maternité ressortira peut-être plus tard dans mes chansons. Quand j'aurai un peu de recul. Mais là, c'est toujours un album qui parle de relations, d'amour et d'histoires comme dans le blues.
– Keren Ann, You Gonna Get Love, Universal.
– En concert le 10 décembre au Théâtre 140.
Lire l'intégralité de l'interview dans le GAEL de juin