(c) Luc Praet

« À l’école, j’étais une cancre »: les confidences de Silent Jill

Aujourd’hui à la tête d’une tribu recomposée et maîtresse d’un chat sans poils star des réseaux sociaux, elle n’était que « la Belge de la Star Ac » à une période de sa vie que notre prisme post-#metoo rend hallucinante. Désormais, plus de 2 millions d’abonnés la followent les yeux fermés pour leur dose quotidienne d’humour et d’amour. Par Florence Hainaut. Photos: Luc Praet.

Silent Jill en vrai

Elle nous ouvre la porte en pyjama, sans maquillage, avec un bébé sous le bras. C’est Charlie-Jane, la petite dernière. Sur la table de la salle à manger, des viennoiseries qu’elle est allée acheter — « Si jamais vous avez faim » — et du jus d’orange. On s’installe pendant qu’elle change le lange de l’enfant qui nous regarde en souriant. Bertini, le chat sphinx, nous saute dessus et se love dans notre cou. On sirote un café. Charlie dit « dada ». Il fait beau. Jill Vandermeulen vient d’une famille d’artistes. Elle y a appris la rigueur, mais aussi le respect et l’humilité. Ce qui lui a permis de bien évoluer en télé : « Je n’ai jamais pensé que j’étais meilleure ou plus importante que l’ingénieur du son ou le cameraman. On a des rôles différents, mais on est une équipe. Il y a tellement de gens qui arrivent dans le milieu artistique en se prenant pour Beyoncé... » Si vous connaissez les vidéos de Jill, sachez qu’elle est la même en vrai : rigolote, simple, attentive aux autres. Et bosseuse.

Son style direct et drôle a conquis des centaines de milliers de personnes qui la suivent au quotidien, faisant d’elle une figure incontournable des réseaux sociaux

Son métier, c’est faire des vidéos, des docus. Sur plein de sujets : le paranormal, sa passion, une ONG qui vient en aide aux enfants sénégalais victimes de la traite des êtres humains, mais aussi son quotidien de desperate housewife / mère de famille nombreuse / maîtresse de trois chats pas très propres. Son style direct et drôle a conquis des centaines de milliers de personnes qui la suivent au quotidien, faisant d’elle une figure incontournable des réseaux sociaux. Les marques la convoitent, mais elle reste prudente. Les influenceuses qui vendent des produits miracles, très peu pour elle : « Tout ce qui peut faire croire aux jeunes filles qu’elles ne sont pas dans les normes de beauté, c’est non. » Entre deux confinements, elle déménage à la campagne, elle veut que ses quatre enfants aient de l’espace et sachent reconnaître les chants des oiseaux.

Tu es à la fois chanteuse, animatrice, mannequin, influenceuse, entrepreneuse : tu préfères quelle étiquette ?

Je préfère créatrice de contenus, parce que ça englobe pas mal de choses. Je crée réellement des vidéos, je poste plein de contenus sur Instagram, des vidéos rigolotes sur TikTok et j’ai deux chaînes YouTube. J’ai aussi une chronique « Sans tabou », où avec mes invités, on discute d’un sujet sans langue de bois. Par exemple, l’année dernière, j’ai invité deux jeunes filles qui portent le foulard. J’avais envie de montrer aux gens que ces femmes sont autre chose que leurs foulards, elles aiment le paranormal, sont féministes. Mon but, c’est de briser les tabous et de montrer qu’il faut être plus ouvert d’esprit. J’essaie de distiller de petites graines de valeurs qui me sont chères au public qui me suit.

Tu as 560 000 abonnés sur Instagram et 576 000 sur YouTube. On dit souvent que tu es une influenceuse. Et tu détestes ça.

Je suis tellement plus de choses que ça, je fais tellement d’autres jobs ! Mon métier premier, c’est de créer de la vidéo. Je suis réalisatrice, productrice, monteuse, make-up artist. C’est réducteur de dire influenceuse. Puis il faut avouer que le terme a une connotation extrêmement négative. Influenceuse, c’est ne rien faire de ses journées, voler les gens en faisant des placements de produits douteux et ne pas payer ses impôts pour sa villa à Dubaï.

J’ai commencé par la fin, mais on va reprendre ta vie depuis le début... Tu es donc la petite fille d’un importateur de grandes marques de cosmétiques.

Mon grand-père, c’est mon modèle. Il n’a pas terminé l’école primaire et est devenu chef d’une société à succès. Il a commencé à bosser pour une boîte qui importait des cosmétiques et il était doué, il sentait les choses. C’est lui qui a importé la marque Clarins en Belgique. J’ai travaillé pour lui pendant cinq ans, à partir de mes 18 ans, j’étais responsable du stand Clarins à l’Inno rue Neuve. J’étais certes la petite-fille du chef, mais je touchais le salaire minimum, c’était à moi de bosser pour évoluer.

J’étais une cancre, j’ai un trouble de l’attention et je souffre d’une dyscalculie sévère. L’école était ma pire ennemie.

Tu es aussi la fille d’un chanteur.

Oui, il a fait partie des Gangsters d’amour ! Il passait dans 10 qu’on aime et tout. Son nom d’artiste, c’est Cédric Karlan. Il est devenu sculpteur et ce qu’il fait est exceptionnel. Il travaille le bois et le marbre, tout ce qu’il touche se transforme en or.

Et enfin, ta mère était mannequin.

Elle faisait souvent la couverture de Flair. Mon premier job de mannequinat, c’était pour ce magazine : j’étais dans son ventre !

Et un jour, très jeune, tu as décidé que toi aussi, tu voulais chanter.

J’ai toujours chanté. Je chantais dans le studio de mon papa, j’inventais des chansons. Un jour, j’ai annoncé à ma mère que je voulais passer le casting de Pour la gloire, l’émission de la RTBF. Elle a pris ça un peu à la légère. Je lui ai chanté une chanson d’Hélène Ségara, elle a été époustouflée, elle n’avait pas réalisé que je savais vraiment chanter. Je suis arrivée en finale junior de l’édition 2002.

À 16 ans, tu as filé aux États-Unis. Principalement pour échapper au système scolaire.

J’étais une cancre, j’ai un trouble de l’attention et je souffre d’une dyscalculie sévère. L’école était ma pire ennemie. Je n’ai jamais aimé ça, je n’ai jamais été très acceptée, je n’avais pas de copines, les profs ne m’aimaient pas non plus. J’étais une cause perdue. À l’époque, on ne parlait pas de dyscalculie, donc personne ne comprenait ce que j’avais. Ma mère me faisait faire des exercices et c’était horrible. Elle devenait dingue, mais moi je ne comprenais rien, je ne vois pas les chiffres, je ne visualise rien. Par contre j’étais douée en français, en langues, en histoire, etc. Et comme je voulais chanter en anglais, j’ai demandé à partir aux USA. C’est comme ça que je me suis retrouvée au fin fond de l’Arizona. J’ai toujours voulu partir tôt de chez mes parents. Mon rêve, c’était d’avoir ma maison, mes enfants, mon chien, mon mari. J’ai super mal vécu d’avoir des parents divorcés, je ne me suis jamais sentie chez moi, il y avait toujours une valise ouverte. Donc je voulais mon endroit, mon chez-moi.

Découvrez notre rencontre avec Silent Jill en intégralité dans le GAEL d’août, disponible en librairie.

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