Valérie Cohen: « Quand je suis en panne d’inspiration, je lis »

Dans Qu’importe la couleur du ciel, la romancière belge Valérie Cohen nous convie à une fête de famille un peu explosive. Un roman plein de suspense et de sensualité à mettre dans son sac cet été. Par Paloma de Boismorel.

 Comment la psycho-généalogie permettrait-elle d’éclairer nos zones d’ombres ?

On est porteur d’un héritage génétique mais également d’un héritage psychologique. La psycho-généalogie est une méthode intéressante pour comprendre que certains choix comme celui d’un métier, d’un partenaire ou les prénoms de nos enfants, ne sont pas si un anodins que ça.

Comment l’avez-vous découvert ?

Il y a une dizaine d’années, j’étais allée voir une psycho-généalogiste. J’avais apporté mon arbre généalogique malgré le peu d’info que j’avais. Et elle a pu mettre en évidence le caractère de certains de mes enfants par rapport à des problématiques avec des grands-parents, des grands oncles et tantes. Elle m’a dit pour mon frère que, vu ce qui s’est passé dans la famille avant, sa femme devait être comme ci et comme ça. J’ai trouvé ça terriblement puissant.

Quels éléments viennent en premier dans l’écriture d’un roman ?

D’abord la thématique et le message que j’ai envie de faire passer. Après en général, le lieu s’impose assez vite à moi. On habite autant les lieux qu’ils nous habitent. Il ne faut pas être fan de Feng shui. Pour savoir ça. Il y a des endroits qui ont une énergie qui nous fait du bien ou pas. En général, j’ai le début d’une histoire et je vois la fin. Les deux premiers chapitres me prennent peut-être plus de temps à écrire que le reste de mon bouquin parce que je sais que si j’ai le ton juste le reste va suivre. Et après, c’est un peu de la magie. Parfois, c’est comme si j’étais en méditation ou connectée à quelque chose et que j’écrivais malgré moi. Quand j’ai cette sensation-là, je trouve ça magique. Il y a des personnages secondaires qui prennent énormément de place et d’autres, sur lesquels j’avais basé le roman, qui disparaissent en cours de route ou qui sont assez effacés. Chaque fois que j’ai fini un roman, je dis à mes proches : c’est fini, c’était une superbe aventure mais je n’y arriverai plus. C’est assez stressant. J’ai besoin d’être à nouveau nourrie d’autre chose pour avoir envie d’écrire.

Quelles relations entretenez-vous avec vos personnages?

J’ai la chance de pouvoir choisir mes collègues de bureau. Quand le livre est remis à mon éditeur, je sens vraiment un vide parce que j’ai mis de moi dans chacun d’eux. Ce n’est absolument pas mon histoire mais l’émotion à laquelle ils ont été connectés est une émotion que j’ai vécue. Ça paraît peut-être un peu surréaliste mais là, ils me manquent.

Avez-vous des rituels particuliers pour écrire  ?

Comme je travaille de chez moi, j’ai absolument besoin de me discipliner. Quand j’en ai marre de voir personne, je prends mon ordinateur et je vais dans un café. Et quand je suis en panne d’inspiration, je lis. J’écris mieux quand je suis nourrie par les textes des autres.

Quel pouvoir donnez-vous à la littérature sur votre vie?

J’ai un peu l’impression que la littérature, c’est un bonbon. C’est quelque chose qui me donne du plaisir et qui me permet de mieux me connaître. Ce que j’adore c’est quand un livre me connecte à des émotions que je ne connais pas ou qui me font peur. J’aime son pouvoir de questionnement, le pouvoir qu’elle a de nous faire voyager dans des espace-lieux et espace-temps différents de notre réalité. Je trouve que c’est fascinant. C’est peut-être dû au fait que la littérature demande un effort intellectuel et une concentration mais, contrairement à une série, quand un livre m’a touché je le porte en moi pendant longtemps.

  • QU’IMPORTE LA COULEUR DU CIEL, VALÉRIE COHEN, 368 P., ÉD. FLAMMARION.
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