Thermes, nature & patrimoine: rendez-vous en Bohème, la destination automnale idéale
Pour moi, la République tchèque se résumait à Prague,la destination parfaite pour un citytrip. Mais c’était avant de découvrir les charmes de la Bohème occidentale. J’étais loin de me douter qu’en République tchèque, on pouvait aussi prendre soin de soi selon des traditions ancestrales dans de sublimes hôtels-spas, à des tarifs très avantageux, et faire des randonnées dans des forêts éblouissantes de beauté.
Lorsque les trois villes thermales de Bohême se sont retrouvées sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco — elles font désormais partie des « grandes villes d’eau d’Europe » —, ma curiosité a vite été titillée. Et quelle plus belle période que l’automne, quand les feuilles des arbres s’embrasent, pour partir à la découverte du triangle thermal de Bohème occidentale ?
CULTURE THERMALE ANCESTRALE À KARLOVY VARY
Tandis que je me baigne dans l’eau de source du majestueux Hotel Imperial de la ville thermale de Karlovy Vary, mieux connue sous le nom de Karlsbad, et que la vapeur chaude me berce, je me concentre sur tout ce qui se passe dans mon corps : la tension artérielle baisse, les nerfs se calment et l’immunité est renforcée. Les grandes quantités de dioxyde de carbone, de sel, de fer et de soufre contenues dans l’eau de source y sont pour quelque chose.
Selon une légende, le chien blessé du roi de Bohême Charles IV serait tombé dans un bassin d’eau chaude lors d’une partie de chasse et, à la surprise générale, en serait sorti soigné. Le roi plongea alors ses membres dans l’eau et fut instantanément soulagé de tous ses maux. En guise de remerciement, le monarque accorda au lieu le privilège de ville royale et la station thermale la plus célèbre de République tchèque vit le jour. Autour des douze sources d’eau chaude de la ville, de magnifiques colonnades, de luxueux hôtels thalasso et des boulevards huppés ont progressivement habillé la ville. Fin 19e – début 20e siècle, la grandeur était à son apogée. Karlovy Vary est devenue l’une des destinations préférées de la haute société européenne, le roi Edouard VII et Goethe en tête.
PANORAMAS COLORÉS ET GOULASH ÉPICÉ
Nous voilà donc assises quelques instants plus tard avec Jitka, notre guide, dans un petit train à l’ancienne qui descend en vrombissant dans un paysage rocheux. L’Hotel Imperial domine la vallée de la rivière Teplá, où se niche Karlovy Vary. On croirait déambuler dans la vitrine d’une pâtisserie : le long des berges s’alignent d’élégantes maisons Art nouveau dans les plus belles teintes pastel — vert pistache, rose barbe à papa, jaune beurre, bleu glacier.
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Un téléphérique vieux de plusieurs siècles nous hisse tout en haut de la colline pour un panorama à couper le souffle, le clou du spectacle étant l’imposante église orthodoxe russe avec ses dômes dorés. Attablés au restaurant, nous sommes suspendus aux lèvres de Jitka, qui se sert d’une miche de pain évidée pour boire sa soupe. Le ton est donné. La cuisine tchèque est copieuse, comme le prouve ce goulasch épicé, ce qui ne nous empêchera pas de craquer pour un dessert, un strudel aux pommes !
SOURCES CHAUDES ET CRISTAL DE BOHÊME
Traditionnellement, une cure thermale en Bohême se compose de trois parties : une cure de bain, une cure de boisson et une cure de terrain, c’est-à-dire des promenades dans les bois pour faire de l’exercice. Pour la cure de boisson, les curistes se promènent avec une cruche en porcelaine munie d’un bec verseur le long des sources de la ville, abritées dans des colonnades richement décorées. Le médecin des thermes leur a indiqué à quelle fréquence et à quelle source ils devaient boire en fonction de leurs maux. En effet, chaque source a une composition minérale et une température différentes. Nous commençons précautionneusement par la source Pramen Sadovy (41 degrés) : on la recommande aux curistes débutants comme nous, car son goût est moins nauséabond. Tchin ! Il faut bien souffrir un peu pour être en bonne santé…
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Après cet agréable prélude, nous passons à un délicieux dîner gastronomique composé de plats de poisson sur lit de verdure de saison. Des plats légers et savoureux, comme nous les aimons, d’autant plus qu’ils laissent place à une tranche du célèbre gâteau Pupp, d’après une recette secrète du maître pâtissier et fondateur de l’hôtel de 1701. Après notre collation de quatre heures, Jitka nous attend pour une visite de l’atelier de verrerie Moser, autre fierté de la Bohême. Depuis 1857, on y souffle et on y grave du cristal de haute qualité, qui orne depuis lors de nombreuses tables royales. Nous restons dans le glamour en visitant la pittoresque ville médiévale de Loket, qui a servi de décor au film Casino Royale de James Bond.
CURE DE TERRAIN EN FORÊT
Nous avons déjà eu deux jours pour admirer de loin les vastes forêts de Bohême, qui se sont parées de leurs plus beaux atours automnaux. En ce troisième jour, il est donc grand temps de faire notre cure de terrain, et le robuste Marc Di Duca est pour cela un guide idéal. Il nous emmène marcher pendant des heures dans la forêt de Slavkov, le long de ruisseaux sinueux, sur des ponts branlants, sous des hêtres et des épicéas impressionnants.
Envoûtées, nous sommes toujours prêtes à dégainer notre appareil photo. Même notre guide est émerveillé ! Je suis persuadée que cette cure de terrain a un effet guérisseur instantané et qu’elle vaut à elle seule une visite dans l’une des stations thermales de Bohême.
BIBENDUM À MARIENBAD
Le quatrième jour, il est l’heure de faire nos valises. Après Karlsbad, les deux autres stations du triangle thermal attendent notre visite. Nous faisons un passage éclair à la plus petite des trois, Franzensbad, ou Františkovy Lázně. Là encore, d’élégants pavillons de sources dans des parcs et des boulevards avec des hôtels wellness, tous peints dans un doux jaune impérial. Les sources de Franzensbad sont surtout fréquentées par des couples ayant des problèmes de fertilité et par des curistes qui n’aiment pas trop la vie mondaine de Karlsbad et de Marienbad. Mariánské Lázně, ou Marienbad, compte une centaine de sources aux eaux bienfaisantes.
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Nous séjournons à Nové Láznĕ : avec ses cinq étoiles et son architecture baroque, il est l’hôtel-spa le plus chic du coin. Notre dernière journée ne pourrait être plus belle. C’est dimanche et, comme beaucoup de familles tchèques, nous profitons du doux soleil d’automne dans le parc de la ville élégamment aménagé, nous buvons à la source sous le Cross Spring Pavilion, puis nous nous installons sur l’une des nombreuses terrasses qui surplombent la Singing Fountain. L’eau de source coule à flots et fait son travail. Il ne nous reste plus qu’à profiter de ses bienfaits
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