Rencontre: Victoria Mas, de retour après l’immense succès du « Bal des folles »

Après l’immense succès du Bal des folles, couronné de prix et adapté au cinéma par Mélanie Laurent, la romancière française revient avec un deuxième roman sur fond de paysage breton et de visions mystiques, qui confirme son talent à révéler l’invisible. Par Paloma de Boismorel.

Conversation avec Victoria Mas

Votre sujet de conversation préféré ?

J’aime discuter de la vie des autres. Je pose beaucoup de questions. Plus les choses sont banales et plus je leur trouve de l’intérêt. Tout ce qui compose la vie de tous les jours, même un détour par Leroy-Merlin. Je trouve que ces détails en disent long sur les gens, sur leur quotidien, sur leurs manies.

Un argument qui vous énerve ?

J’essaie de faire en sorte de m’agacer très peu. Je me retrouve rarement à débattre de façon vive avec des gens. Peut-être que j’évite justement les sujets qui fâchent mais je ne vois pas d’autres sujets qui fâchent que ceux de la politique. Mais l’obstination, la répétition d’une même erreur, d’un mauvais jugement, le fait de ne pas apprendre de ses expériences, va finir par m’agacer. Je peux même devenir très sévère, presque comme une maman.

Une théorie personnelle qui vous tient à cœur ?

J’ai souvent cette conversation qui revient en ce moment avec des proches à propos de l’importance d’avoir une bulle, un cercle dans lequel on va se retrouver avec des gens que nous aimons, avec des activités qui nous font du bien. Il est important de trouver en soi-même une forme de poésie, de réconfort et de consolation indépendamment de ce qui se passe à l’extérieur. Je pense que si on attendait en effet que le monde aille mieux, on n’irait jamais bien. Je préfère parler de ce qu’on construit à côté de tout ce bruit et de toute cette agitation.

« Peut-être que dans dix ans j’aurai une autre définition, mais je pense véritablement aujourd’hui que le miracle c’est lorsqu’on ne doute pas. »

Un sujet de discussion qui vous ennuie ?

Si on parle trop d’actualité, ça va finir par m’ennuyer. Ce sont des choses qui sont complètement indépendantes de nous-mêmes, qui ne nous inspirent pas vraiment, ne nous nourrissent pas. Je ne dis pas qu’il faut vivre avec des œillères, évidemment, mais plutôt trouver un équilibre entre savoir ce qui se passe et se laisser complètement happer par cette vague d’actualités. Je préfère parler de ce qu’on construit à côté de tout ce bruit et de toute cette agitation.

La dernière fois que vous aviez changé d’avis ?

J’ai grandi dans une famille athée classique sans que le sujet de la spiritualité soit abordé. Mais j’ai progressivement, au fil de lectures, au fil de rencontres, au fil d’échanges, été amenée à changer d’avis sur la question, du moins à l’envisager autrement. C’est à dire qu’avant pour moi il n’y avait rien et maintenant je me pose la question. Je n’ai pas d’idée arrêtée. Le fait de ne plus être certaine m’accorde au final une plus grande liberté que lorsque j’avais cette certitude qu’il n’y avait rien.

À quel genre de miracle croyez-vous ?

Je lis en ce moment Les Pensées de Pascal dans lequel il évoque justement beaucoup la question du miracle, notamment ce qu’on en dit dans l’Ancien et le Nouveau Testament. Le miracle, c’est véritablement ce qui vient de la foi de l’homme. Ce n’est pas un événement extraordinaire, ce n’est même pas quelque chose de divin qui apparaitrait d’un coup dans le ciel, qui vous tomberait dessus et qui ne serait pas explicable. Peut-être que dans dix ans j’aurai une autre définition, mais je pense véritablement aujourd’hui que le miracle c’est lorsqu’on ne doute pas. Le miracle vient d’une sorte de confiance intérieure. C’est ça qui est beau, il n’est pas extérieur mais entièrement dépendant de nous.

  • UN MIRACLE, VICTORIA MAS, 216 P., ÉD. ALBIN-MICHEL

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