Thomas Gunzig: « Je change d’avis au moins une fois par jour »
Dans Rocky, dernier rivage, il met en scène la fin de l’humanité à travers un huis clos familial aussi glaçant que jubilatoire. Sans conteste l’une des pépites de la rentrée, ce roman culotté nous a donné terriblement envie de discuter avec son auteur. Interview: Paloma de Boismorel.
Votre sujet de conversation préféré ?
Ce qui m’enthousiasme et me fascine le plus, ça reste les bonnes histoires. Celles que j’ai pu lire dans des livres, que j’ai pu voir dans des films ou que j’ai pu imaginer. Une bonne histoire, c’est quelque chose qu’on a tout de suite envie de partager et de raconter aux autres. Je regarde comme tout le monde beaucoup de séries télé et de films sur des plateformes comme Netflix, mais passée la première excitation, j’ai l’impression que tout se ressemble. Tout simplement parce qu’on a perdu de vue qu’une histoire ne se fabrique pas et qu’il faut attendre un long moment de maturation pour qu’il y ait cet ingrédient tellement étrange, tellement singulier, tellement indéfinissable... qui nous fait dire qu’une histoire est bonne.
Un argument qui vous énerve?
C’est l’argument qui consiste à dire que ce que tu crées n’intéressera pas les gens parce que ce n’est pas ça qu’ils veulent ou qu’ils attendent. Combien de fois n’ai-je pas entendu : « Il faut faire des romans qui permettent aux gens de décompresser, de se sentir bien, d’être heureux à la fin, de voir la vie sous un angle plus joyeux... » ? J’ai voulu faire un film avec des acteurs très âgés et on m’a dit : « On veut voir des jeunes gens à l’écran, jamais tu ne vas réussir à financer un film avec de vieux acteurs. » La création artistique, c’est le dernier espace de liberté qui nous reste, si on commence à se demander ce qu’on va pouvoir vendre ou pas en fonction de considérations qui sont souvent complètement fausses, c’est horrible.
Ma théorie, c’est qu’il faut vraiment éviter d’avoir des théories sur les gens, sur comment il faut se comporter, ce qui est bien, ce qui est mal...
Une théorie personnelle qui vous tient à cœur ?
Ma théorie, c’est qu’il faut vraiment éviter d’avoir des théories sur les gens, sur comment il faut se comporter, ce qui est bien, ce qui est mal... La vie, le quotidien, les émotions sont des choses complexes qui échappent totalement aux théories. On peut se jurer qu’on fera comme ça et puis, soudain, la vie nous conduit à faire des choses que nous n’aurions jamais imaginées faire.
La dernière fois que vous avez changé d’avis ?
On avait décidé de partir en vacances à la montagne et moi, je voulais un hôtel un peu « confo », en mode « j’ai envie de me reposer dans un bon lit après une journée de rando ». Je n’avais aucune envie de faire du camping et de me retrouver sous une tente. Il a suffi qu’on me montre la photo d’un camping bien précis et je me suis dit : « Putain, ce camping a vraiment l’air dingue, je veux une tente, je veux être là, il y a une rivière, ça va être bien. » Je change d’avis au moins une fois par jour et de manière assez radicale.
Un sujet de discussion qui vous ennuie ?
Tout ce qui relève de l’argent et des finances me donne envie de m’enterrer. Par exemple, quand il faut regarder si on ne peut pas racheter le crédit de la maison, changer l’assurance habitation ou les abonnements téléphoniques, je sais que c’est nul, mais je me mets tout de suite à bâiller très fort.
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