Rencontre: quand Nathalie Uffner interroge le roi du polar Harlan Coben
Quand la reine de la comédie Nathalie Uffner se retrouve face au boss du polar Harlan Coben, elle est bien décidée à lui soutirer quelques ficelles.
Rencontre du 3e type
Nathalie débarque à l’Hôtel Plaza habillée d’un trench noir et d’une blouse rouge à petits cœurs. La comédienne semble être une héroïne échappée d’un roman de son idole. Mais on a beau avoir dirigé des dizaines d’acteurs, personne n’échappe au trac, pas même la directrice du TTO. Heureusement, Harlan n’est pas américain pour rien. Décontracté et chaleureux, il salue Nathalie d’un tonitruant «How are you?» et s’amuse en voyant l’équipe (la journaliste, la maquilleuse, le photographe et le vidéaste) remplir instantanément le salon de sa suite. L’auteur de Ne le dis à personne est plutôt du genre bavard. Il raconte à Nathalie qu’il a interverti les personnalités de ses fils pour créer deux personnages dans son dernier roman (Intimidation). Pour démarrer l’interview, Nathalie demande à Harlan Coben de reprendre l’histoire depuis le début.
Une histoire de famille
Nathalie Uffner:
Quand vos parents sont-ils arrivés aux USA?
Harlan Coben:
En fait, ce sont mes grands-parents, des deux côtés, qui ont émigré. L’un venait de Palestine, un autre de Pologne et les deux autres étaient originaires de Russie.
Nathalie Uffner:
J’ai comme vous des racines juives. J’ai d’ailleurs écrit un livre humoristique sur la cuisine juive. Vos origines ont-elles aussi un impact sur votre travail?
Harlan Coben:
Oui, bien sûr. En tant que juifs, nous avons une sensibilité un peu particulière. Nous avons pas mal d’humour, nous sommes des gens drôles! (Rires.)
Une histoire à faire peur
Nathalie Uffner:
Est-ce que vous pensez aussi à vos lecteurs en écrivant?
Harlan Coben:
J’ai vraiment envie d’être aimé et que mes livres le soient. Je travaille très dur à chaque livre et je veux à chaque fois qu’il soit meilleur que le précédent. Mais je suis effrayé tout le temps. Comme beaucoup d’écrivains, je souffre du syndrome de l’imposteur. J’ai l’impression d’être épouvantablement mauvais. Vous ne ressentez pas ça?
Nathalie Uffner:
Oui, bien sûr!
Harlan Coben:
On a beau vendre 70 millions de livres et avoir beaucoup de succès, ça ne s’en va jamais. Je pense d’ailleurs que quand on ne ressent plus ça, notre travail est moins bon. Il n’y a que les mauvais écrivains qui pensent qu’ils sont bons. J’ai pris un petit-déjeuner il y a quelques mois à Washington avec Stephen King et il ressent toujours la même peur. Il m’avait donné un de ses textes à lire et il était nerveux. Je lui ai dit: «Mais bon sang, tu es Stephen King, nous voudrions tous être toi!»
Nathalie Uffner:
Et dans la vraie vie, qu’est-ce qui vous fait peur?
Harlan Coben:
Vous regardez les actualités à la télé? Non, en réalité, je n’ai pas tellement peur et je crois que mes livres agissent sur moi comme une sorte de thérapie. Les gens me disent: «C’est dingue, vous imaginez toujours le pire!», mais la plupart des mes peurs quotidiennes partent directement dans mes livres.
Harlan Coben: fiche signalétique
Avec 70 millions de livres vendus et traduit en 43 langues, Harlan Coben s’est assis depuis quelques années sur le trône du thriller contemporain. Pourtant, cet Américain à la carrure de footballeur aime brouiller les pistes en cultivant le genre normal. Marié depuis 20 ans à la mère de ses quatre enfants, il n’hésite pas à parler de sa vie de bon père de famille dans le New Jersey. Une stratégie que l’on retrouve dans ses polars, dont les intrigues naissent de situations banales et se déroulent pour la plupart le long des pelouses bien entretenues de la classe moyenne américaine. Plébiscité par le public francophone, Coben s’en est fait connaître en 2002, avec la traduction en français de son roman Ne le dis à personne, et surtout en 2006 avec son adaptation au cinéma par Guillaume Canet. Depuis, le romancier continue à publier un ouvrage par an en moyenne et collabore à l’écriture et à la réalisation de séries télévisées: en Grande- Bretagne avec The Five et en France avec deux mini-séries de six épisodes diffusées sur TF1, dans lesquelles on retrouve au casting Alexandra Lamy, Virginie Ledoyen et... Harlan Coben himself. Son dernier roman, Intimidation, est sorti en septembre dernier aux éditions Belfond.
Envie d’en lire plus? Retrouvez cette interview en intégralité et bien d’autres contenus inédits dans le GAEL de mai, toujours disponible en librairie!
À lire aussi:
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici