Parce qu’en mai, on fait ce qu’il nous plaît, on se rue volontiers dans les salles obscures pour découvrir les trois sorties ciné coups de coeur de notre journaliste. Par Juliette Goudot.
Normale
Cela faisait longtemps qu’on n’avait pas vu Benoît Poelvoorde aussi émouvant. Le voici dans un teen movie électrique d’Olivier Babinet (Swagger) où il campe un père atteint de sclérose en plaques qui élève seul sa fille adolescente. Raconté du point de vue de la jeune fille (la révélation Justine Lacroix), le film interroge ce qui s’écarte de la norme et donc de ce qui nous rapproche. Les doigts tremblants, le regard altéré et la tendresse à fleur de peau, Poelvoorde va vous cueillir !
Certains films sont touchés par la grâce. Lauréat du Lion d’or au dernier Festival de Venise, le documentaire de Laura Poitras est de ceux-là. En six chapitres, elle dresse le portrait sensible de la photographe américaine Nan Goldin et tend un miroir fulgurant aux fractures de l’Amérique. Le film mêle le combat politique de Nan contre l’empire pharmaceutique de la famille Sackler (responsable de la crise des opioïdes aux États-Unis) à la fabrique de son regard esthétique d’avant-garde, photographiant les drag-queens et sa propre vie sexuelle dans les années 80. Une balade absolument bouleversante dans l’Amérique contemporaine, faite de coups de foudre et de regrets, d’overdoses et de rechutes et surtout de renaissance au féminin. Un total chef-d’œuvre.
Après le choc Les Chatouilles, qui annonçait la vague #metoo en France, Andréa Bescond (toujours avec Éric Métayer à la coréalisation) s’attaque aux dysfonctionnements dans les maisons de retraite avec ce film choral mené par Vincent Macaigne et Marie Gillain en aides-soignants à bout. Cri sociétal lancé à un système de santé qui broie les êtres en fin de vie, Quand tu seras grand est aussi une ode à l’amitié, quel que soit l’âge. Un film coup de poing, absolument d’actualité.
