L’art, une histoire de famille: rencontre avec Olivier de Sagazan
Jusqu’au 22 février, l’artiste performer internationalement réputé Olivier de Sagazan expose au Centre Culturel de Namur des interpellantes créations plastiques et multimédias intitulées DE LA SAINTE-FACE À LA TÊTE-VIANDE. Un titre qui en dit long sur l’art singulier et les performances de l’artiste, jouées dans le monde entier, et auxquelles le public belge a pu assister il y a quelques jours. Rencontre en coulisses avec un artiste éclairé mais aussi un scientifique poète et enfin, un papa comblé par le succès de sa fille Zaho. L’art chez les Sagazan est une affaire de famille. Par Nicky Depasse.
D’où vous viennent ces personnages, cet univers si particulier ?
C’est un prolongement de ma formation de biologiste qui est de comprendre comment fonctionne le vivant. Et en tant que peintre, je garde le regard du biologiste en créant des corps. Une oeuvre d’art pour moi est une manière de sentir la vie, de la mettre entre parenthèses sur une scène. Une scène qui peut être un plateau de théâtre, une toile ou une sculpture.
Je me souviens d’une de vos performances dans un clip de Mylène Farmer, c’était déjà de cela qu’il s’agissait ?*
Mylène m’a contacté pour que je fasse ma performance et a elle-même accepté de se mettre sous l’argile pour le tournage. Un grand moment d’échange sous l’argile. Un beau clip. C’était impressionnant.
Justement, pourquoi utilisez-vous l’argile ?
L’argile offre la possibilité de réaliser des oeuvres très rapidement mais de plus, quand on l’utilise sur soi en lui donnant la bonne ductilité, ça vous permet de vous faire une tête d’oiseau, de chien, ou n’importe quoi, en un temps aussi rapide que vous passez du cri aux pleurs, ou au rire. Et quand on sait le travailler, l’argile devient une seconde peau, on ne fait plus la différence entre votre visage et l’argile, et ça devient très impressionnant**.
Vous êtes le père de Zaho de Sagazan, vous inspirez-vous l’un l’autre en tant qu’artistes ?
Je n’en sais rien. Zaho commence tout juste sa carrière mais elle vole déjà de ses propres ailes. Et puis comme elle le dit dans une de ses chansons : “on est tous à la fois, marionnettes et marionnettistes”. On ne sait pas très bien qui manipule qui. On ignore d’où vient la création. C’est un mystère.
Entre ses chansons et vos personnages, il y a un point commun, la poésie, non ? A la fois douce et brutale.
C’est vrai. Elle évoque d’un côté la chanson française de Brel et Barbara et en même temps son énergie la rapproche du côté berlinois et du côté Trance. Elle a plusieurs cordes à son arc.
D’où vient cette poésie qui est ancrée en vous ?
En questionnant le vivant, je m’interroge sur l’étrangeté d’être dans ce monde et le peu d’intérêt que semblent porter les gens qui m’entourent sur la question. D’où ma brutalité pour secouer le premier spectateur que je suis. On est tellement habitué depuis notre naissance à cette situation tellement incroyable qui est l’existence qu’on n’y prête plus attention. D’où la nécessité de faire un travail dans la défiguration pour réveiller le dormeur.
- DE LA SAINTE-FACE À LA TÊTE-VIANDE, JUSQU’AU 22 FÉVRIER 2025, CCN / CENTRE CULTUREL DE NAMUR, ANCIENS ABATTOIRS DE BOMEL, RUE DE LA PÉPINIÈRE, 5000 NAMUR
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