Littérature: nos 3 sorties coups de cœur du mois
De l’autobiographie sans filtre d’une actrice reconnue aux toiles vibrantes de David Hockney, notre journaliste littérature nous présente son top 3 du mois.
L’employée du mois
L’employée du mois
Depuis 18 ans, Keiko vit, dort et pense au rythme du konbini (supérette japonaise ouverte 24h/24) dans lequel elle travaille. En décalage par rapport à sa famille et à ses camarades qui déplorent son manque d’ambition conjugale et professionnelle, la jeune femme de 36 ans a fait de ce job d’étudiante un véritable refuge. Si, dans le monde extérieur, Keiko n’arrive pas à dire ou à faire ce que les autres attendent d’elle, elle se sent parfaitement en phase avec l’univers du petit magasin. Employée modèle, elle anticipe la demande en fonction de la météo, maîtrise toutes les subtilités de la mise en rayonnage et sourit avec enthousiasme aux clients.
Une autre raison de le lire? On connaissait le phénomène des hikikomori, ces jeunes Japonais qui s’enferment dans leur chambre pour échapper à la société, on découvre ici une autre facette de ce mal-être grâce à ce roman surprenant dont l’héroïne serait un double de l’auteur, elle aussi vendeuse dans un konbini. Si, si, si.
- KONBINI, SAYAKA MURATA, 124 P., ÉD. DENOËL.
Le rôle de sa vie
Le rôle de sa vie
D’Isabelle Carré, on connaissait surtout le sourire de porcelaine et les cheveux d’or pâle. Elle sort de l’anonymat dans lequel l’ont enfermée les innombrables rôles de ses 30 ans de carrière pour nous livrer sa véritable identité. Son premier roman, intitulé pudiquement Les Rêveurs, brise son image lisse et raconte l’histoire de la famille extravagante et désunie dans laquelle elle a grandi. Un appartement à la décoration très seventies, une mère reniée par ses parents intolérants, un père qui révèle subitement son homosexualité, des angoisses qui s’amplifient, des cahiers auxquels elle se confie et un destin d’actrice qui se fraie tout doucement un chemin. Une autobiographie sans déballage, portée par une écriture fragile et lumineuse.
Une autre raison de le lire? Pour le réconfort. On sent chez l’actrice une volonté de témoigner de la souffrance et de la beauté qu’il y a à vivre en dehors de la normalité.
- LES RÊVEURS, ISABELLE CARRÉ, 304 P., ÉD. GRASSET.
Portrait coloré
Portrait coloré
Quand on regarde les toiles vibrantes de couleurs de David Hockney, on sent immédiatement l’évidence du talent. Rien ne nous permet de deviner les doutes du jeune artiste qui quitte, à la fin des années 50, la campagne anglaise et sa famille pauvre pour une prestigieuse école d’art à Londres. Figuratif dans un monde qui prône l’abstraction américaine, homosexuel dans une société conservatrice, David Hockney a su transformer ses faiblesses en atouts. Parti enseigner la peinture aux USA, l’artiste britannique devient en quelques années le peintre de la Californie et de son mode de vie en technicolor. Dans cette biographie artistique et sentimentale, Catherine Cusset restitue avec subtilité toutes les teintes de sa vie, des plus sombres aux plus éclatantes.
Une autre raison de le lire? Parce que les tableaux de David Hockney réalisés sur iPad nous donnent une formidable leçon de créativité.
- VIE DE DAVID HOCKNEY, CATHERINE CUSSET, 182 P., ÉD. GALLIMARD.
CÔTÉ CULTURE:
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