Quelques heures avec le Dalaï Lama
On vous en parlait dans votre magazine de septembre: ce dimanche, le Dalaï Lama tenait une conférence au Palais 12 du Heysel. Son titre: «Individual engagement and global responsibility» ou comment agir en tant qu’individu pour le monde dans lequel nous vivons.
Qui est-il?
Tenzin Gyatso, 81 ans, est le 14 ème Dalaï Lama. Et peut-être le dernier de la plus importante lignée de réincarnation dans le bouddhisme tibétain, dont il est le leader. Chef spirituel et maître de sagesse, il s’exila du Tibet en 1959. 30 ans plus tard, il obtient le prix Nobel de la Paix pour sa lutte non-violente pour la libération du Tibet. Nombreux sont ses voyages à travers le monde lors desquels il prodigue son enseignement du bouddhisme et tente de diffuser un message de paix et de non-violence. Nous avons eu le privilège de l’entendre ce 11 septembre à Bruxelles.
Captivant, touchant et…cocasse
Il est 10h15: la foule, déjà dense, s’accumule à la porte du Palais 12 où tous les passionnées de bouddhisme attendent dans le calme. Après une fouille du public par les forces de sécurité, à 13h pile, la star du bouddhisme débarque sur scène. Un mouvement de foule crée un attroupement devant lui: tous tentent de lui serrer la main. Telle une rock star, il se penche délicatement pour en toucher quelques unes et remercie l’accueil chaleureux qui émane de la salle. Plus de 10 000 personnes sont rassemblées devant lui, prêtes à boire ses paroles. L’homme est fascinant.
UNE HEURE DE MONOLOGUE CLAIR, ACCESSIBLE À TOUS, VISIONNAIRE ET POSITIF.
S’en suit une heure de monologue clair, accessible à tous, visionnaire, positif, et surtout -ce qui nous a étonné- rempli d’humour. Le Dalaï Lama a réalisé un one-man-show de deux heures avec toute la grâce, l’humanisme et le bon sens qui lui valent sa renommée mondiale. Pendant que Matthieu Ricard, philosophe, traduit son discours, il papillonne tel un enfant, casquette sur la tête et sourire aux lèvres. Casquette qu’il troquera plus tard pour une serviette blanche qui trônera pendant tout le reste de la conférence sur… sa tête. Mais malgré tout ça, son message restera limpide et perspicace.
Le message du Dalaï Lama
Dans le cadre de cette conférence, le Dalaï Lama présente 3 engagements dont chacun peut s’inspirer au quotidien pour une vie meilleure et une action concrète:
« Ce sont l’affection et les actions bénéfiques vis-à-vis d’autrui qui font notre survie ».
1. Cultiver la compassion
Le Dalaï Lama entame son discours fraternellement: «Chers frères et sœurs… oui, nous sommes tous des frères et des sœurs, nous naissons puis nous mourrons.» Nous sommes 7 milliards d’individus sur terre et nous sommes différents par nos croyances, nationalités, couleurs… et au sein d’une même nationalité, il y a encore plus de dissemblances: il y a des riches, des pauvres, des gens éduqués et non éduqués, … et pourtant nous sommes tous identiques. Il continue en accentuant le fait que ces distinctions sont secondaires – bien que tant de conflits les instrumentalisent. Il est accordé beaucoup trop d’importance à ce qui nous sépare et pas assez à ce qui nous rassemble. Avec cette réflexion qui semble simple et logique, il joue la première note de son message, et ça sonne très juste.
« Celui qui fait couler le sang d’autrui n’est pas un pratiquant de la religion ».
2. Toutes les religions ont le même potentiel
Le deuxième engagement du Dalaï Lama vient du fait qu’il se considère comme un pratiquant du bouddhisme, en particulier de l’institution monastique bouddhiste de l’Inde: Nālandā.
Bien des conflits se produisent au nom de la religion, à travers le monde. Son point de vue est que le message originel de toute religion est amour. Toutes les religions nous enseignent les mêmes valeurs: le pardon, la tolérance, la paix, l’amour de son prochain… Comme l’être humain, elles diffèrent sur certains points, mais les fondements sont identiques. Toutes ont le même potentiel, à savoir celui de créer un être humain magnifique.
Le Dalaï Lama insiste sur le fait que l’on voit trop souvent des personnes qui se disent religieuses mais qui n’appliquent pas en réalité ces valeurs. Celui qui fait couler le sang d’autrui n’est pas un pratiquant de la religion. Le monde est fait de cultures différentes. Il faut promouvoir l’harmonie entre toutes les religions.
« La planète est notre seule maison et le Tibet est son toit ».
3. Penser écologie et respecter notre terre
«La planète est notre seule maison et le Tibet est son toit. Aussi vital que l’Arctique et l’Antarctique, il y a le troisième pôle. Le plateau tibétain doit être protégé, pas seulement pour les Tibétains, mais pour le bien de l’environnement et la pérennité du monde entier» explique le chef spirituel.
L’écologie et l’environnement au Tibet concernent le Dalaï Lama et devrait tous nous toucher. Le Tibet, surnommé «le troisième pôle», abrite les plus grands glaciers de la terre après le pôle Nord et le pôle Sud. Cette zone subit incontestablement les conséquences du réchauffement climatique. Ces dernières années, la température moyenne y a augmenté d’approximativement 1,3 degré Celsius (près de trois fois plus que la moyenne mondiale). Les glaciers de l’Himalaya alimentent 7 grands fleuves qui traversent l’Asie, l’une des zones les plus peuplées du monde. Le Dalaï Lama nous met en garde contre les effets du réchauffement climatique, notamment au Tibet et dans l’Himalaya.
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