Témoignage: Yolan est formateur de personnes de confiance
De l’empathie, de la discrétion et une bonne dose de psychologie. Certaines professions vous amènent à être tellement proche des autres qu’ils demandent plus qu’un diplôme. Yolan nous raconte son quotidien en tant que conseiller en prévention psychosociale et formateur de personnes de confiance. Par Evelyne Rutten. Photo: Carmen De Vos.
Cet article fait partie de notre zone +. Pour le consulter et accéder gratuitement à tous nos contenus exclusifs, inscrivez-vous ci-dessous!
Le témoignage de Yolan (31 ans)
YOLAN « Il y a pas mal de confusion à propos de ce qu’est une personne de confiance interne et de ce qu’elle peut faire au sein d’une organisation. Y a-t-il un problème au travail ? Êtes-vous victime de harcèlement, ou d’un abus de pouvoir ? Vous pouvez en parler à l’un de vos supérieurs, mais si pour telle ou telle raison, vous ressentez un blocage, vous pouvez vous adresser à une personne de confiance interne ou à un conseiller en prévention psychosociale d’un service externe. Les employeurs ne sont pas obligés de nommer une personne de confiance, mais s’ils le font, cette personne est tenue de suivre une formation. En effet, les personnes de confiance sont en droit d’effectuer des interventions et sont tenues au secret professionnel ; un cadre légal a été créé pour cela. Elles ne servent pas qu’à vous écouter pour vous apporter du soutien, mais aussi à faciliter les rapprochements ou les entretiens avec les collègues ou les responsables.
Depuis #metoo, j’ai l’impression que les gens osent plus parler quand il se passe quelque chose. Je travaille pas mal avec le milieu artistique et j’y vois l’effet de toutes les affaires qui ont été révélées ces dernières années. Les acteurs et danseurs se livrent plus facilement. Dans ce secteur, de nombreuses personnes de confiance ont été nommées, qui ont suivi la formation chez nous. Je constate qu’on suscite de plus en plus l’intérêt, notamment dans le secteur bancaire et logistique. Je donne ces formations quelques fois par an, sans être lié à une entreprise particulière.
Pourquoi ce métier?
J’ai choisi cette spécialisation parce que le travail est l’endroit où nous passons le plus clair de notre temps : en moyenne huit heures par jour et pendant une quarantaine d’années. J’ai trouvé intéressant de pouvoir accompagner les gens dans ce parcours, qui est loin d’être un long fleuve tranquille ! Tout le monde, individu ou organisation, devrait pouvoir s’adresser à une personne de confiance ou à un service de prévention interne ou externe pour signaler un abus au travail. Que ce soit pour parler de stress ou de burn-out, de harcèlement, d’agression ou de comportement sexuel déplacé. Nous avons d’abord un entretien confidentiel d’une heure. Les émotions sont parfois très fortes.
« Souvent, les gens subissent en silence depuis un certain temps et ils sont soulagés d’être enfin entendus. Parfois, on doit les rediriger vers un autre type d’aide »
J’entends régulièrement des récits qu’on ne peut pas inventer. Ce n’est pas évident de passer à autre chose après avoir entendu ce que certains vivent. J’espère avoir au moins aidé à prévenir certaines souffrances. On ne peut pas tout résoudre, mais guider les personnes vers une aide adaptée est déjà précieux. En fin de journée, je referme mon ordinateur, mais dans mon esprit, je réfléchis encore : puis-je faire autre chose pour aider telle personne ? Je dois tenir compte de ce qu’est mon rôle : je peux aider, mais pas sauver. C’est parfois obsédant, et il faut savoir prendre du recul. Heureusement, avec mes collègues, nous sommes tous sous la même obligation du secret professionnel partagé et nous pouvons nous confier entre nous. Quand une histoire nous touche fort, il est parfois indispensable de passer la main à quelqu’un d’autre. Nous restons des êtres humains. »
PLUS D’INFOS SUR IDEWE.BE.
RETROUVEZ CE DOSSIER EN INTÉGRALITÉ DANS LE GAEL DE JUILLET DISPONIBLE EN LIBRAIRIE.
+ DE TÉMOIGNAGES:
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici
