Témoignage: « J’ai vaincu ma timidité en vivant comme une extravertie pendant un an »
Extraverti(e) ou introverti(e) ? Si ce choix n’est pas de notre ressort, il détermine pourtant notre vie. La journaliste Jessica Pan a mené sa vie à l’encontre de sa personnalité réservée. Rencontre avec l’auteure.
Êtes-vous plutôt introverti(e) ou extraverti(e)? Faites le test!
Introversion cachée
Contrairement à ce que l’on croit, l’introversion ne se rapporte pas à la timidité, mais plutôt à la manière dont on recharge nos batteries. Un introverti se ressource avec des conversations profondes en tête à tête et du temps pour soi. Il aime le calme et a besoin de temps pour se ressourcer après des interactions sociales, même si elles ont été agréables. Les extravertis, quant à eux, ont besoin de beaucoup moins d’isolement, puisqu’ils puisent leur énergie dans les situations riches en stimuli.
Cachez cette timidité que je ne saurais voir!
Une journaliste sino-américaine, Jessica Pan, qui s’était découverte introvertie (comme un tiers de la population), a décidé de mener une expérience exigeante. Elle avait en effet remarqué qu’elle commençait à utiliser cette nouvelle étiquette d’introvertie comme une excuse. « Je répondais sans cesse que je ne pouvais pas donner de conférence, organiser de soirée ou parler à des inconnus à cause de mon introversion. Petit à petit, j’ai senti que mon univers se rapetissait », explique-t-elle. C’est ainsi qu’à 32 ans, Jessica a établi un triste constat : ce n’est pas parce qu’elle apprécie les moments en solo qu’elle ne souffre pas de solitude. Elle a donc décidé de reprendre contact avec le monde.
« Je pensais que ma vie serait plus intéressante si je me mettais dans la peau d’une personne complètement différente pendant un an »
Son objectif ? Maîtriser son anxiété vis-à-vis des interactions sociales en conversant avec des inconnus. « Je pensais que ma vie serait plus intéressante si je me mettais dans la peau d’une personne complètement différente pendant un an. Quelqu’un qui ose entamer la conversation avec des inconnus, qui prend librement la parole, même en public. Bref, quelqu’un qui vit de manière extravertie. »
SALUER EN RETOUR
Pour vivre pleinement cette expérience sociale, la journaliste a fait appel à de nombreux experts, dont le professeur de psychologie à l’Université de Chicago Nicholas Epley. Cette rencontre lui a servi de déclic. « Il m’a dit que personne ne prenait l’initiative de saluer des inconnus, mais que tout le monde saluait toujours en retour. » Concrètement, cela signifie que ce n’est pas parce qu’une personne n’entame pas la conversation avec vous qu’elle ne veut pas vous parler ou que la conversation ne se poursuivra pas si vous la commencez. Tout le monde a peur d’être le premier à se lancer.
L’expérience
Si la journaliste appréhendait cette expérience, elle a vite laissé tomber ses aprioris. « Les gens étaient beaucoup plus cordiaux que je le pensais. Le fait de réaliser que c’était si simple a facilité le reste de mon expérience », dit-elle. Ce début prometteur a servi d’électrochoc de lancement à Jessica. Non seulement elle a commencé à parler à des inconnus, mais elle a participé à des événements pour activer son réseau et s’est même aventurée dans le théâtre d’improvisation. « J’étais terrifiée. J’avais beaucoup d’inquiétudes, mais je savais que j’avais besoin de relations humaines et que je devais apprendre à sortir de ma zone de confort. Peu importe la conviction avec laquelle nous prétendons apprécier les réseaux sociaux, rien ne vaut de véritables interactions. Parler et rire avec une personne assise à côté de vous est un sentiment incomparable. »
Un changement radical
« Je ne vais pas vous mentir, ce fut éreintant ! Mais je pense que cela vaut pour tout changement que vous introduisez dans votre vie. Construire de nouvelles relations est difficile, mais ce travail a porté ses fruits. En élargissant mon cercle d’amis, de nombreuses opportunités se sont présentées à moi. En plus, avec le temps et de l’entraînement, mes nouvelles interactions me demandaient beaucoup moins d’énergie. »
« Les introvertis imaginent parfois que le monde est plus effrayant qu’il ne l’est réellement »
La réussite de la jeune journaliste nous fait penser au film Yes Man, dans lequel Jim Carrey accepte toutes les propositions qui se présentaient à lui. Cependant, elle tient à nuancer cette idée. « Vous ne devez pas dire oui à tout du jour au lendemain, mais je pense que, de manière générale, on ne peut pas savoir ce qui va nous plaire avant de l’avoir essayé, dit-elle. Par exemple, je pensais que l’improvisation serait une étape effroyable, mais je m’en suis très bien sortie. Les introvertis imaginent parfois que le monde est plus effrayant qu’il ne l’est réellement. Certes, je ne serai jamais une grande fan du réseautage, mais j’ai compris l’importance de ce genre d’événement. En nous fermant à ces opportunités, l’univers que nous nous représentons peut être très limité. »
Bien dans sa peau:
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