Témoignage : Els était contrôlée de manière obsessionnelle par son mari
La vie n’est certainement pas un long fleuve tranquille. Tout le monde le sait. Mais certaines personnes, comme Els, doivent se battre deux fois plus pour accéder au chemin du bonheur...
Le témoignage d’Els, 38 ans
Els (38 ans) : « J’étais la plus jeune d’une famille de trois enfants. Mes deux parents étaient alcooliques. Quand mon père buvait, il devenait violent. J’ai donc vécu beaucoup de choses durant mon enfance. Quand elle l’entendait rentrer, ma mère me sortait du lit et on allait se cacher, mais il finissait toujours par nous retrouver. La police et les ambulances étaient souvent devant notre porte. Mon père menaçait régulièrement de se pendre, ma mère criait qu’elle allait mettre le feu à la maison. Des tables et des assiettes volaient, des portes se brisaient, et des voitures étaient démolies.
Alors que j’étais en première année, ma mère et moi sommes parties. Pourtant, ce n’est pas la violence physique de mon père qui a laissé le plus de traces en moi, mais bien l’influence psychologique de ma mère. Toute mon enfance et ma vie ultérieure ont été marquées par son oppression psychologique et son comportement manipulateur. Cette enfance troublée a fini par me faire craquer. Je n’ai donc jamais obtenu de diplôme d’études secondaires. Malgré tout, j’ai réussi à me constituer un bon CV en travaillant dans une banque, en tant que comptable, chez Janssen Pharmaceutica et même à la Commission européenne. »
L’ombre de moi-même
« La relation dans laquelle j’étais n’a pas fonctionné, car mon compagnon était très jaloux. Il m’interdisait par exemple de voir mes amis. Après lui, je suis restée un bon moment seule, et cela m’allait très bien. Puis, je suis partie travailler en Grèce pendant un an. J’y ai rencontré l’homme que j’ai épousé. Il était Albanais et nous sommes très vite tombés amoureux. Peu de temps après, il m’a rejoint en Belgique et nous avons directement commencé à vivre ensemble. Très vite, j’ai commencé à avoir des doutes sur notre relation, mais je suis quand même restée, car je pensais que j’avais simplement du mal à m’habituer au changement.
Nous nous sommes mariés en 2003. Peu après, je suis tombée enceinte. Mais notre relation ne fonctionnait plus. Il me reprochait d’être paresseuse, de ne jamais garder ma maison en ordre. J’attendais un autre bébé, et même si j’avais deux jeunes enfants, que j’allaitais et que je travaillais à plein temps, ce que je faisais n’était jamais assez bien.
Chaque pas que je faisais, chaque personne à qui je parlais, quand et à quelle heure : tout était étroitement surveillé.
Au final, je n’étais que l’ombre de moi-même. Il a fallu trois ans avant que j’aie la force de le quitter. Puis, il a commencé à me contrôler de manière obsessionnelle. Chaque pas que je faisais, chaque personne à qui je parlais, quand et à quelle heure : tout était étroitement surveillé. Si je retrouvais un vieil ami, il le menaçait. À tel point que j’ai dû être hospitalisée deux fois : j’étais complètement épuisée. Il a même réussi à me mettre ma propre famille à dos, je ne les vois plus. Il fête désormais Noël avec eux et mes enfants. »
Commencer à vivre vraiment
« Aujourd’hui, cinq ans plus tard, je n’ai toujours pas complètement récupéré physiquement. Malgré tout, je profite à nouveau pleinement de la vie et de mes enfants. La semaine où ils sont avec moi, je suis là pour eux, même si je leur donne peut-être trop d’amour par compensation. Ils sont très matures pour leur âge et expriment très bien leurs sentiments. Avec mon ex-mari, ils ne parlent jamais de ce genre de choses. Avec moi, ces sujets sont complètement ouverts.
Jusqu’à récemment, j’étais constamment en mode survie. Maintenant c’est fini, et je peux commencer à vivre. Depuis quelques mois, j’ai un nouveau compagnon avec qui je peux parler de tout. Je suis tellement heureuse que cela me soit finalement arrivé. Les gens se mettent parfois dans le rôle de la victime et disent qu’ils n’ont pas le choix. Mais nous avons toujours le choix. J’étais déterminée à ne pas faire les mêmes erreurs que mes parents, et je pense avoir réussi. Je veux désormais faire quelque chose de toutes ces expériences terribles du passé, pour que tout n’ait pas servi à rien. Je veux faire part de mes expériences, aider les autres. Je ne sais pas encore quelle forme cela prendra, mais je veux montrer que l’avenir peut être plein d’espoir, si l’on est prêt à travailler dur avec soi-même et son passé. »
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