Témoignage: Chantal à vécu une expérience de mort imminente
C’est un phénomène qui fascine autant qu’il interroge. Les expériences de mort imminente restent un mystère pour la communauté scientifique. Pourtant, des estimations indiquent que 4% de la population mondiale en auraient vécu une. Chantal Rolland a accepté de nous en dire plus sur ce mystérieux voyage vers l’inconnu.
Un souvenir intact
« Tout s’est passé très vite. Je suis d’abord allée au plafond où je voyais à 360 degrés. De là-haut, je regardais mon père assis à côté de moi sur le lit. Je savais que c’était mon père, je savais qu’il pleurait, mais je n’avais aucun ressenti. »
C’était il y a 65 ans. Pourtant, Chantal se souvient de son expérience de mort imminente comme si c’était hier. Alors âgée de 9 ans, la petite fille est subitement plongée dans le coma suite à une infection de l’oreille. Elle ne le sait pas encore, mais frôler la mort bouleversera le reste de sa vie.
« Le chirurgien et mon père sont partis discuter dans notre deuxième appartement, situé dans le même immeuble. J’ai traversé les murs pour aller dans cette pièce et les écouter. Je me souviens de leur conversation mot pour mot. Puis tout d’un coup, j’ai été happée par une sorte de lumière blanche, une lumière grandiose. J’étais alors complètement envahie d’amour. Une sorte d’amour inconditionnel comme une mère en a pour son enfant. J’ai mis presque 50 ans à chercher cet amour sur cette terre. »
« Je n’étais plus comme avant »
Parmi les personnes ayant survécu à un arrêt cardiaque, 10 % disent avoir vécu une expérience de mort imminente. Mais ce chiffre est probablement sous-évalué, car certaines peuvent tout simplement oublier ce moment, et d’autres gardent cela pour elles par peur d’en parler. Ainsi, en 2015, 16 millions de personnes en Europe auraient vécu des phénomènes correspondants aux caractéristiques d’une EMI (expérience de mort imminente). Parmi celles-ci : la vision d’un tunnel et/ou d’une lumière forte, un sentiment de paix et de bien-être intense, une sensation d’être hors de son corps (décorporation) et de légèreté. Généralement, ces sensations apparaissent suite à une mort clinique ou à un coma avancé, mais elles peuvent également survenir en dehors de toute réelle imminence de mort, rendant le phénomène encore plus compliqué. De plus, le récit de ces expériences diffère selon chacun, et des émotions négatives voire douloureuses peuvent même parfois se faire ressentir. Dans la presque totalité des cas, ces « expérienceurs » en ressortent profondément changés.
« Quand j’en suis revenue, à 9 ans, je n’étais plus du tout comme avant. Je me suis mise à écrire. Vers mes 13 ans, Ma mère trouvait des poèmes partout. »
« Quand j’en suis revenue, à 9 ans, je n’étais plus du tout comme avant. Je me suis mise à écrire. Vers mes 13 ans, ma mère trouvait des poèmes partout. En tant que petite fille, j’adorais parler en faisant des vers. Là-haut, j’avais trouvé la connaissance. Sur terre, je la sentais en moi, mais j’avais comme un couvercle sur la tête qui m’empêchait de la ressentir entièrement. Plus tard, quand j’ai été mamie, on m’appelait pour savoir où se trouvait le doudou des petits. Je me suis sentie toute ma vie comme dans un conte de fées rempli de petits miracles. » Nombreux sont « les expérienceurs » à rapporter ce genre de changements: intelligence et intuition surdéveloppée, apparition d’un pouvoir de guérison ou de communication avec l’au-delà, abandon du matérialisme et regain de spiritualité,... Dans la majorité des cas, les personnes ayant vécu une EMI ont également moins peur de la mort.
Un phénomène mystérieux
Bien que ces mots puissent laisser perplexes les plus cartésiens, le phénomène n’est pas nouveau, et n’est pas non plus le fruit d’une certaine folie ou de drogues hallucinatoires. Nombreux sont les scientifiques qui tentent de percer à jour les mystères de cette expérience, mais la science reste incapable d’expliquer comment et pourquoi survient une EMI. Certains étudient le phénomène via une approche neurologique. Selon eux, l’EMI pourrait être due à un manque d’oxygène dans le cerveau ou à une libération d’endorphines. D’autres préfèrent étudier le lien entre le cerveau et la conscience, et pensent que cette dernière perdurerait malgré l’absence d’activité neuronale. Une étude menée récemment par l’Université de Liège et celle de Copenhague montre que ces expériences pourraient être le fruit de mécanismes évolutifs et agir sur l’homme comme un mécanisme de défense en cas de danger de mort.
Quoi qu’il en soit, selon Steven Laureys, neurologue belge ayant acquis une renommée mondiale suite à ses recherches sur les états altérés de la conscience et des expériences de mort imminente, cette expérience est à prendre au sérieux : « Les EMI, c’est un phénomène physiologique qui existe et est bien réel. Les gens qui racontent cela l’ont vraiment ressenti. Sinon, il faudrait supposer qu’ils mentent. Or, il y a des milliers de témoignages ! », exposait-il au quotidien belge La Libre Belgique. Aujourd’hui, la recherche continue et l’équipe du Coma Science Group du CHU de Liège est sans cesse en demande de nouveaux témoignages.
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