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Témoignage: Benoît, père de famille, est devenu accro à la cocaïne

Laura Swysen

La cocaïne a longtemps semblé être une lointaine affaire de people et de businessmen américains. Mais de récents chiffres indiquent que même chez nous, elle connaît une inquiétante popularité. D’ex-consommateurs se confient sur la face cachée de la sinistre poudre blanche.

Selon un récent Rapport mondial sur les drogues publié par les Nations unies, 22 millions de personnes auraient consommé de la cocaïne dans le monde en 2021, contre 21 millions l’année précédente. Parallèlement, la culture des feuilles de coca provenant du Pérou, de Bolivie et de Colombie a doublé entre 2014 et 2020 et a atteint des sommets en 2021 : + 35 % en seulement un an ! Cette augmentation concerne également notre pays. Plusieurs témoins, comme Benoît, nous ont raconté leur descente aux enfers. Afin de faire face à un trauma, ce père de famille de 39 ans a dissimulé son passé sous un voile de poudre blanche.

Le témoignage de Benoît

« Je me souviens de ma première ligne comme si c’était hier. J’avais 19 ans et je sortais d’une rupture difficile. Je ne savais pas comment gérer mon chagrin. Des amis m’ont proposé de la cocaïne. J’avais l’impression que Dieu avait inventé la coke spécialement pour moi ! Alors que j’avais été un enfant anxieux — je sais aujourd’hui que c’est lié à un trauma vécu dans l’enfance, il a ressurgi lors d’une thérapie —, j’avais enfin l’impression de déborder d’énergie et d’assurance. J’avais complètement oublié la rupture, je sortais et m’amusais à fond. Comme la cocaïne supprime la sensation d’ivresse, je pouvais boire beaucoup plus, ce qui, à l’époque, était bien vu socialement parlant. J’étais un homme nouveau. Au début, je ne consommais de la coke que le week-end, mais cela s’est vite intensifié.

J’occupais un poste de directeur dans l’entreprise familiale. Je travaillais parfois dix-huit heures d’affilée. Tout allait mieux quand je sniffais de la cocaïne. Je ne voyais pas ça d’un mauvais œil : de nombreux jeunes autour de moi en consommaient afin de conserver leur travail et leur statut.

Mais les choses ont mal tourné : la cocaïne était devenue le centre de ma vie. Je m’entourais de personnes qui en consommaient, je ne fréquentais plus mes anciens amis qui s’inquiétaient de mon comportement. J’ai commencé à commettre des erreurs professionnelles, ce qui m’a finalement coûté mon job. Je m’étais marié entre-temps, mais ma femme menaçait de me quitter et d’emmener les enfants loin de moi. Je me suis disputé avec ma famille. Financièrement, j’étais au plus bas. J’empruntais de l’argent afin d’acheter de la cocaïne. Je suis devenu paranoïaque et dépressif. J’ai même tenté de mettre fin à mes jours à trois reprises.

Ce soir où j’ai touché le fond

J’ai touché le fond le soir où mon fils de 6 ans m’a vu rentrer en pleine nuit sous l’emprise de la drogue et de l’alcool. Effrayé, il m’a demandé si j’étais malade. C’est là que tout a basculé : j’ai compris que cela ne pouvait plus durer. Une semaine plus tard, je prenais l’avion pour l’Afrique du Sud. Ma sœur m’avait trouvé une place dans une clinique de désintoxication. J’y suis resté pendant deux mois. Cette période a été très difficile, mais salvatrice. Je devais me reconstruire physiquement, mais aussi mentalement.

J’ai appris que 96 % des personnes souffrant d’addiction avaient refoulé des traumas. Tout a ressurgi : à un jeune âge, j’ai été abusé sexuellement par un médecin. J’ai dû affronter le sevrage, mais aussi ce trauma. Ce fut un moment dur et intense, mais je suis persuadé que cette cure m’a sauvé la vie. La leçon la plus importante que j’ai apprise est que la dépendance est une maladie. Au même titre que le cancer. On ne choisit pas la maladie, elle nous tombe dessus.

C’est un mal incurable qu’il faut traiter en permanence. Je devrai rester vigilant tout au long de ma vie. Je continue à suivre une thérapie et à travailler sur moi-même. Je me sens tellement mieux maintenant, je ne veux plus jamais revenir en arrière.

Aujourd’hui, j’utilise mon expérience pour venir en aide à des personnes souffrant d’addiction. Je les accompagne et je suis heureux de voir à quel point leur vie a changé. Mon conseil ? Arrêtez. Même si vous avez 75 ans. Il n’est jamais trop tard pour mettre un terme à une addiction et cela en vaudra toujours la peine. »

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