Séparé ou renforcé: l’avis d’une avocate sur le couple post-confinement
Certains ont approfondi leur connivence, d’autres leur allergie mutuelle, d’autres encore ont connu des effets secondaires inattendus. La quarantaine a soufflé toutes les nuances des sentiments.
Même sans disposer de chiffres officiels, tout porte à croire que les séparations ont explosé après le confinement. Les avocats spécialisés dans le droit de la famille ont visiblement été submergés de question sur les règles de coparentalité, de compte commun... bref, sur le divorce.
« Les couples ont été condamnés à rester ensemble »
Me Claudia Van de Velde, spécialisée en droit de la famille, a des années d’expérience au compteur : « Ça a été une période particulièrement chargée. Mon téléphone continue d’ailleurs de surchauffer. Si je me base sur la quantité de questions reçues, oui, les divorces vont monter en flèche. D’habitude, on conseille aux couples de vivre un temps séparé quand rien ne va plus. Mais là, en confinement, cela a été impossible, ils ont été condamnés à rester ensemble. Le confinement a été une parenthèse exceptionnelle, personne d’entre nous n’avait déjà vécu cela. Des tas de personnes se sont mises à se poser des questions existentielles que notre monde matérialiste, où l’on travaille tête baissée, ne nous pousse pas à nous poser. Un peu comme quand on est malade et qu’on se promet de savourer de simplement être en vie une fois qu’on sera guéri. Se rendre compte que notre couple va à vau-l’eau apporte beaucoup d’insécurité et d’angoisses. »
« Le lockdown ne conduit qu’à deux options : « Let’s get married », ou « I am out of here » »
Le confinement a tout exacerbé. Et pas toujours pour le pire. Il a créé des tensions particulièrement éprouvantes chez les couples dont les deux travaillaient à la maison tout en devant donner cours aux enfants. Mais ceux qui sont passés à travers ces moments difficiles s’en sortent renforcés. « Tout peut parfaitement rentrer dans l’ordre une fois le retour à la vie habituelle, pense la spécialiste. Mais toujours en me basant sur le grand nombre de questions qui m’arrivent sur le divorce — et même sur le déshéritement —, j’ose conclure que cette crise aura accéléré les processus de prise de décisions. »
Du côté heureux de la médaille, la quarantaine a offert une période de réflexion salvatrice à beaucoup. Dans les mois à venir, nous apprendrons à en mesurer l’impact, à agir en conséquence, avec toutes les nuances possibles. Les thérapeutes le constatent tous les jours : nombreux sont ceux qui savent de quoi ils souffrent, qu’ils devraient s’y prendre autrement — comme la quarantaine l’a montré de façon évidente —, mais n’arrivent pas pour autant à faire le grand saut. Un peu comme quand on sait qu’on doit traverser un fleuve pour aller sur l’autre rive mais qu’on continue à s’accrocher à la première, aussi inconfortable soit-elle. Souvent, on ne saute que lorsqu’on trouve une bouée ou si un lion affamé surgit dans notre dos. Laissons le temps au temps et les effets de la crise décanter à leur rythme.
Retrouvez ce dossier en intégralité dans le GAEL de juillet.
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