Ménopause: le traitement hormonal de substitution est-il une bonne solution?
Quand il est question de traitement hormonal de substitution pour contrer les effets de la ménopause, les avis divergent grandement.
Rares sont les questions médicales qui suscitent autant le débat que le traitement hormonal de substitution. Souvent prescrit pour atténuer les symptômes associés à la ménopause, il divise le monde médical. À quoi sert-il vraiment, pourquoi certains médecins le considèrent-ils comme dangereux? Des experts répondent à nos questions sur le traitement hormonal de substitution.
Un phénomène nouveau
À l’échelle de l’humanité, la ménopause est un phénomène relativement nouveau : il y a deux cents ans, on avait moins l’occasion de vieillir. Et il y a trente ans à peine, les femmes dans la cinquantaine ou la soixantaine faisaient bien plus « âgées » que ce que nous percevons aujourd’hui. « Nous travaillons beaucoup plus longtemps, nous mangeons sainement et nous faisons du sport, nous restons donc actives plus longtemps, explique Chris Van Gaver, ancienne sage-femme et conseillère en ménopause. Le hic, c’est que nous n’avons pas l’impression de vieillir, alors que des changements hormonaux majeurs commencent à se manifester dans notre corps dès l’âge de 40 ans environ.
La préménopause
Les niveaux d’œstrogènes commencent à baisser, avec malheureusement des risques accrus pour la santé. L’œstrogène est une hormone qui remplit de nombreuses fonctions dans l’organisme. Pendant vos années de fertilité, vous en avez évidemment besoin pour tomber enceinte. Mais votre peau aussi en a besoin pour rester élastique. Lorsque les œstrogènes diminuent, votre peau devient plus fine et fragile, ce qui entraîne l’apparition de rides. Ou vous développez soudain des taches pigmentaires. Dans environ quatre cents endroits du corps, on peut déceler des changements résultant de la diminution des hormones sexuelles (œstrogènes, progestérone et testostérone). Malheureusement, ce déclin est également associé à un risque accru de diabète de type 2, de maladie d’Alzheimer, de cancer, de dépression, d’ostéoporose et de maladies cardiovasculaires. »
En Belgique, la principale cause de décès chez les femmes n’est pas le cancer du sein, comme beaucoup le pensent, mais les maladies cardiaques à un âge avancé. 45 % des femmes en meurent. Je trouve incompréhensible que les femmes ne soient pas plus clairement mises en garde à ce sujet.
Le traitement hormonal de substitution : une solution?
Si l’état de santé le permet, la conseillère en ménopause préconise un traitement hormonal de substitution — l’administration d’œstrogènes et de progestérone — dès que la femme entre en préménopause ou en ménopause. « Ces deux hormones vous évitent les éventuels troubles physiques qui surviennent avant, pendant et après la ménopause. Outre une alimentation saine, de l’exercice, moins de stress et un bon sommeil, le traitement hormonal substitutif est la seule chose qui puisse vous protéger. »
La plupart des femmes partent du principe que leur gynécologue leur expliquera à temps le traitement hormonal de substitution. Malheureusement, ce n’est pas toujours le cas. Beaucoup reçoivent des informations contradictoires selon l’endroit où elles se rendent.
Certains gynécologues prescrivent des hormones dès les premiers signes de la préménopause, tandis que d’autres hésitent, estimant que l’administration d’hormones pourrait accroire le risque de cancer du sein.
L’avis d’une lectrice
Murielle (55 ans) se souvient de la confusion qui régnait lorsqu’elle est entrée en ménopause, vers l’âge de 50 ans : « Les changements hormonaux étaient probablement en cours depuis un certain temps, mais je ne les avais pas remarqués, parce que je prenais une contraception hormonale. J’utilisais un NuvaRing (un contraceptif sous forme d’anneau vaginal, NDLR) et pendant la semaine sans hormones, j’ai soudain commencé à transpirer beaucoup la nuit. Au début, je ne réalisais pas ce qui se passait. Ce n’est que lorsque j’ai oublié d’insérer mon anneau que j’ai remarqué que j’avais commencé à transpirer toutes les nuits. Et j’ai fait le lien avec la ménopause.
Je souffre depuis toujours d’un taux de cholestérol élevé et je consulte régulièrement un cardiologue. Il m’a dit que je devais consulter mon gynécologue sans attendre, pour commencer à prendre des hormones de substitution. Cela me protégerait des maladies cardiovasculaires. Mais je n’ai pu avoir un rendez-vous que trois mois après. Entre-temps, j’ai essayé de contrer l’aggravation des symptômes avec des remèdes naturels. Curieusement, mon médecin généraliste et mon gynécologue ont d’abord hésité à me prescrire des hormones : ils ne pensaient pas que c’était sûr. Mais comme je m’étais bien informée, j’ai insisté pour qu’ils me les prescrivent quand même. Depuis, je n’ai pratiquement plus de symptômes. »
Traitement hormonal de substitution: risqué ou pas ?
La raison pour laquelle certains médecins hésitent encore à prescrire un traitement hormonal de substitution provient d’une étude américaine datant du début des années 2000 qui portait sur ses effets. Les résultats étaient si effrayants qu’ils ont provoqué un choc mondial. Le Dr Hendrickx, gynécologue et vice-présidente de la Belgian Menopause Society (organisation scientifique regroupant 150 médecins qui étudient les effets de la ménopause), précise : « Suite à cette étude, de nombreux médecins ont cessé de prescrire le traitement substitutif, car elle mettait clairement en évidence des effets secondaires : un risque accru de thrombose ainsi que de cancer du sein. Mais en réalité, les résultats n’étaient pas représentatifs. »
« Dans cette étude, les hormones étaient administrées à des femmes ménopausées depuis longtemps. L’âge moyen était beaucoup plus élevé que le groupe cible que nous visons aujourd’hui avec ces traitements. Nous les prescrivons désormais dès le début de la ménopause, à un âge beaucoup moins avancé. Les femmes étudiées présentaient également des problèmes sous-jacents, de l’obésité notamment. Elles n’étaient donc pas en très bonne santé au départ. », explique l’experte.
Hormones synthétiques ou bioidentiques?
« De plus, l’étude portait sur l’effet des hormones synthétiques et nos hormones sont « bioidentiques », soit beaucoup plus proches de notre propre production hormonale. Elles présentent beaucoup moins de risques que les hormones synthétiques. », poursuit l’experte. « Si vous avez encore un utérus, vous devez toujours travailler avec une combinaison de deux hormones : la progestérone et l’œstrogène. La progestérone peut être administrée au moyen d’un stérilet ou d’une pilule, tandis que l’œstrogène s’applique de préférence sur la peau au moyen d’un gel. C’est la combinaison présentant le moins d’effets secondaires, surtout si on la compare à l’administration d’œstrogènes en pilules. Avec le gel, les hormones ne passent pas par le foie — ce qui augmenterait le risque de thrombose —, mais sont absorbées directement par l’organisme. Nous savons aujourd’hui que les inconvénients potentiels ne l’emportent pas sur les nombreux avantages. »
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