Ce qu’il se passe dans votre corps quand vous arrêtez l’alcool pendant un mois
Relever un défi d’un mois sans alcool a-t-il vraiment un impact sur notre santé? Le médecin Sigrid Sijthoff révèle l’impact de ce genre de défi sur notre santé.
On se sent souvent plus déprimé ou anxieux le lendemain d’une soirée trop arrosée. Pourquoi?
« Les gens boivent souvent pour se détendre ou se sentir moins complexé. Cela fonctionne généralement sur le moment même, mais, le lendemain, vous obtenez l’effet inverse. Le sentiment d’insouciance cède la place à la morosité. Il existe deux mécanismes qui explique ce phénomène. Les deux se déroulent dans notre cerveau reptilien. Le sentiment de bonheur est lié à la dopamine, une hormone produite par cette partie du cerveau. Le problème est que l’alcool active cette substance, mais que notre corps est incapable de la produire à un rythme très rapide. Nous sommes donc très heureux sur le moment même, mais quand ce taux de dopamine redescend, il laisse place à une certaine déprime.
Le cerveau reptilien produit également de l’adrénaline. Alors que la dopamine nous calme, l’adrénaline nous pousse à l’action. S’il y a, disons, un lion devant nous, l’adrénaline nous permet de fuir ou de déclencher un combat. Ce lion n’est évidemment pas présent lors de notre soirée, mais l’adrénaline et le sentiment d’anxiété qui en découle sont bel et bien là. Cet effet a tendance à se renforcer chez les personnes qui consomment régulièrement de l’alcool.
Il y a aussi la gueule de bois et ses symptômes physiques... Quelles sont les conséquences de l’alcool sur notre corps?
« L’alcool est un poison. Les gens n’aiment pas l’entendre, mais cela cause le cancer. L’alcool parcourt un long chemin dans notre corps, le risque de développer des cancers augmente dans tous les endroits où il passe. Lèvres, bouche, gorge, œsophage, estomac… Le cancer peut se développer à tous ces endroits. Il atteint également notre cerveau par le sang et attaque les cellules cérébrales. Ceux qui boivent trop pendant une longue période peuvent contracter le syndrome de Korsakov. Mais bien sûr, ces dégâts ne sont pas là du jour au lendemain. Votre mémoire se détériore progressivement lorsque vous buvez.
Quand est-ce que cela devient problématique?
« Il est important de prendre conscience de notre consommation. Après un ou deux verres, nous devenons plus joyeux et arrêtons souvent de compter les verres. Garder un oeil sur notre consommation et savoir exactement le nombre de verres consommés est donc extrêmement important. Cependant, cela ne vaut que pour les personnes qui ne sont pas déjà dépendantes. Pour ceux qui souffrent d’une dépendance, il faut bien entendu arrêter l’alcool. »
Un mois sans alcool est-il intéressant? Quels sont les bienfaits d’un tel challenge?
« Cela fait une grande différence dans nos vies si nous buvons moins. L’effet est largement sous-estimé. Cela augmente, entre autres, la qualité de notre sommeil. Et une bonne nuit de sommeil présente de nombreux avantages: vous augmentez votre productivité, votre bien-être et votre humeur. Les gens perdent souvent quelques kilos après un mois sans alcool. Les boissons contiennent déjà beaucoup de calories, mais l’alcool fait également tomber nos inhibitions et nous mangeons plus que d’habitude et prenons davantage de collations malsaines. »
Et après ce type de défi?
« Malheureusement, je vois que beaucoup de gens arrêtent de boire de l’alcool pendant un certain temps, puis recommencent à boire autant qu’avant. C’est dommage car vous perdez tous les bénéfices acquis. Il suffirait de maintenir quelques bonnes habitudes pour diminuer notre consommation et, surtout, changer nos comportements de consommation. Par exemple, je déconseille de boire quand on est seul ou triste. Vous pouvez avoir un sentiment de bonheur pendant un certain temps, mais à long terme, votre sentiment de dépression ne fera qu’augmenter. Buvez plutôt de l’alcool exceptionnellement et quand il y a quelque chose à fêter. Limitez-vous également à un ou deux verres.
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