Témoignages: ils ont donné leur démission... et ne l’ont jamais regretté!
Tensions entre collègues, boss tyrannique, clients odieux... Parfois, le boulot devient notre petit enfer personnel et lui dire adieu, notre clé pour le paradis. Nos témoins en tout cas n’ont jamais regretté avoir donné leur démission.
Donner sa démission n’est plus un tabou. Le Belge hyper prudent — « Tu ne vas tout de même pas te lancer comme indépendant alors que tu as un CDI ?! » — laisse petit à petit la place à des employés ou freelances qui n’hésitent plus à lâcher leurs certitudes. Ils ne veulent plus une grosse voiture de société, mais des vacances et la liberté d’exercer leur métier d’une façon qui corresponde à leur personnalité. La pandémie a certainement eu un effet de catalyseur en la matière. Les mois passés à la maison ont permis à plein de gens de faire le point sur leur carrière. Allons-nous vraiment faire ça jusqu’à la pension ? Le changement est parfois indispensable, mais jamais facile, car il fait toujours peur. Des lecteurs de GAEL témoignent du changement radical dans leur carrière.
ANNE*, 31 ANS
« J’ai eu une expérience très traumatisante dans une petite boîte avec quatre employés et une boss manipulatrice. Tout a commencé assez innocemment : elle m’a donné une espèce de contrat de stage parce que ça lui coûtait moins cher. Puis j’ai été engagée, mais à un salaire beaucoup trop bas. Heureusement, j’ai pu le négocier un peu. Puis l’enfer a commencé. Selon elle, je commettais erreur sur erreur. Des petites. Puis des grandes. Au final, je ne faisais rien de bien et elle m’engueulait sans arrêt, en présence de mes collègues et même de sa fille de 10 ans. Le pire, c’est que je finissais par la croire. J’ai fait une tentative pour changer son regard sur moi : je l’ai inscrite pour un business award et j’ai réussi à la faire nominer. Elle était ravie, on pouvait tous l’accompagner à la cérémonie et elle nous a même fait choisir une tenue pour souligner le fait qu’on formait une équipe. Mais même après ça, les choses ne se sont pas améliorées. En discutant avec ma famille et mes amis, j’ai réalisé que pour ma santé mentale, il fallait que je quitte cette société. J’ai donné ma démission sans avoir d’autre job en vue. Elle m’a enfermée dans une pièce avec elle, refusant de me laisser partir. J’ai finalement réussi à m’enfuir et une fois dehors, je l’entendais qui hurlait toujours. Après-coup, elle m’a envoyé la facture de la fameuse tenue et a exigé que je rembourse chaque formation que j’avais suivie. Heureusement, ma sœur est avocate et m’a confirmé qu’elle n’avait pas le droit de le faire. »
LILLY*, 32 ANS
« Travailler dans l’horeca, c’est du sport : les journées sont longues et pas besoin de podomètre pour savoir qu’on a marché des kilomètres. Mais malgré tout, j’aime mon métier. Les premières années, je travaillais dans une chouette brasserie contemporaine tenue par un couple sympa. Mais j’avais de plus en plus de mal à supporter les clients difficiles. Certains étaient vraiment odieux. Des gens sans classe, qui vous hèlent d’un claquement de doigts comme si vous étiez un chien. Qui font comme s’ils s’y connaissaient en vins mais ignorent que le merlot est un raisin noir. Les gens qui demandent un steak saignant et puis se plaignent qu’il est “trop cru”. Ça me bouffait toute mon énergie. Et un soir, il y a eu cette tablée qui m’a accusée d’une addition incorrecte et qui a exigé à grand bruit de voir le patron. C’était tellement insultant et humiliant que j’ai démissionné le lendemain. »
SANDRINE*, 43 ANS
« je travaillais depuis un moment pour un magazine mensuel quand ils ont nommé un nouveau rédac chef. Tout à coup, je ne faisais plus partie des jeunes journalistes prometteurs, et il m’a envoyée faire un reportage sur un gang bang. J’ai exprimé mes objections éthiques, mais il les a superbement ignorées. J’ai pleuré tout le week-end, je ne voulais vraiment pas le faire. Le lundi, j’ai démissionné et j’ai commencé ma carrière en tant que freelance. Aujourd’hui, je suis heureuse, car c’est une chouette aventure, et très instructive. Mais maintenant que j’ai pris de l’âge, je ne pense pas que je quitterais encore mon job de manière aussi impulsive. »
LISE*, 32 ANS
« J’étais office manager d’une petite PME, pour laquelle j’adorais travailler. Le propriétaire de la boîte, sentant que la phase de lancement était derrière nous et qu’il allait falloir grandir, a décidé de chercher un nouveau CEO, parce qu’il ne se sentait pas de taille. Ça ne s’est pas très bien passé ; en un an de temps, on a vu défiler trois CEO et il n’y avait plus aucune continuité dans le management. Comme j’étais exposée en ligne directe, tout retombait sur moi. Je travaillais souvent 50 heures par semaine. Puis la société a déménagé 50 km plus loin. Mes 10 minutes à vélo se sont transformées en 3 heures de navette par jour. De plus, l’attitude du nouveau CEO me hérissait : il dépensait plein d’argent en restos, cadeaux d’affaires et aménagement du bureau.
« Heureusement, le confinement est arrivé et nous avons dû télétravailler. J’ai été au chômage technique pendant un moment et ça m’a permis de remettre les choses en perspective. »
Après trois mois, j’étais au bout du rouleau, physiquement et nerveusement. J’ai toujours eu une vie sociale bien remplie, mais là, il me fallait tout le week-end pour me reposer. Heureusement, le confinement est arrivé et nous avons dû télétravailler. J’ai été au chômage technique pendant un moment et ça m’a permis de remettre les choses en perspective. J’ai redécouvert le plaisir d’avoir du temps pour moi, de cuisiner et de jardiner. Quand on a pu retourner au bureau, j’y allais tous les jours avec des pieds de plomb. Alors j’ai dit stop et j’ai remis ma démission. Depuis six mois, je suis employée administrative dans une autre entreprise et j’adore ça. J’ai des horaires flexibles, je bosse près de la maison, j’ai beaucoup plus de jours de congé et tout le monde est charmant. Je ne veux plus jamais retourner à une situation où je m’épuise et où on ne m’apprécie même pas.»
ARIANE*, 37 ANS
« J’étais malheureuse dans mon boulot. Les patrons étaient désagréables et ne me traitaient pas correctement. Je ne pouvais pas me former, car ils craignaient que j’en sache plus qu’eux. Mais je restais, parce qu’il y avait des avantages : j’habitais tout près, j’y allais à vélo et les horaires étaient cool. Avec deux jeunes enfants, ce sont des facteurs qui comptent. Mais après deux semaines de vacances d’été, j’ai eu un déclic le lundi matin où je suis retournée au travail. Après à peine dix minutes, un des boss est entré dans le bureau et s’est mis à m’aboyer dessus, sans un bonjour, sans une question sur mes vacances. Je me suis levée et j’ai décidé que je ne me laisserais plus faire. Deux jours plus tard, je postulais ailleurs et quatre mois plus tard, je commençais à travailler dans une nouvelle entreprise.
Malheureusement, on m’a obligée à prester mon préavis. Ça a été hyper stressant : ils m’insultaient, me traitaient de menteuse, de malhonnête. Ils ont même essayé de salir ma réputation auprès de mon nouvel employeur ! Changer de job a été la meilleure décision de ma vie. Je travaille ici depuis quatre ans et je ne l’ai jamais regretté. Je suis traitée comme une personne à part entière, on respecte mon avis, on reconnaît mes capacités et on me donne des responsabilités. Et j’ai enfin un salaire conforme au marché. »
ÉLISE*, 44 ANS
« Mon histoire semble improbable et après-coup, je me rends bien compte que j’aurais dû avoir un peu plus de jugeote. Je travaillais depuis trois ans dans une sandwicherie et je m’amusais bien. La patronne était chaleureuse, presque une copine. Un jour, elle a eu un contrôle fiscal et c’est là que les ennuis ont commencé : il y avait un trou de 7 000 euros dans la caisse. Elle m’a avoué avoir vécu avec cet argent et pour éviter une amende, elle m’a demandé de signer un document pour la comptabilité dans lequel j’avouais avoir volé cette somme et m’engageais à la rembourser. Je n’étais pas censée le faire vraiment, mais ça lui laissait le temps de renflouer la caisse petit à petit. Pour l’aider, j’ai dit oui. Mais notre relation a changé à partir de ce moment-là. J’ai pris conscience qu’elle pouvait vraiment me causer des ennuis en allant à la police avec ma lettre. Heureusement, elle ne l’a pas fait. En remerciement, j’ai reçu un robot de cuisine. J’ai finalement compris qu’il valait mieux que je change d’employeur et j’ai démissionné. Mais il me reste toujours un fond d’inquiétude à l’idée que ce document ressorte un jour. »
*Les prénoms des témoins ont été modifiés.
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