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Témoignage: ils ont fait le choix de gagner leur vie en travaillant moins

Cohabiter, partager une voiture, partir en vacances moins loin : il existe de nombreuses façons de réduire ses dépenses. Ces trentenaires ont franchi le cap et se sont offert de travailler (beaucoup) moins. Quand « suffisant » égale « assez », pourquoi perdre sa vie à la gagner ?

Lara Lambreghts et Benjamin Franco Marques (38 ans tous les deux) dirigent une entreprise de restauration végétarienne. Ils ont deux fils, Pierre (5 ans) et Florian (2 ans).

Le témoignage de Lara et Benjamin

Lara « Ben et moi nous connaissons depuis l’âge de 21 ans. On travaillait respectivement dans la restauration et la vente, mais on rêvait d’entreprendre à deux. Il y a dix ans, on a franchi le pas : on a ouvert un restaurant. Ça tournait bien. On travaillait très dur. Mais au fil du temps, on a commencé à se poser des questions existentielles : était-ce vraiment la vie dont nous rêvions ? Puis notre désir d’enfant a rendu la question plus vive et nous avons décidé de ralentir. Nous avons transformé le restaurant en un petit magasin. On espérait ainsi dégager plus de temps pour nous, mais ce temps s’est avéré être une succession de moments en coup de vent.

Entre-temps, notre petit garçon est né et nous avions à peine le temps de nous occuper de lui. Quelque chose clochait.

Nous avions tous les deux 34 ans lorsque nous avons décidé de changer de vie. Nous avons vendu le magasin et nous nous sommes concentrés sur le catering. Depuis, nous travaillons en moyenne deux jours par semaine et gagnons environ 1 200 euros chacun. Cela semble peu, mais notre mode de vie est également peu exigeant. Les personnes qui travaillent beaucoup se saignent pour payer la crèche et les colonies de vacances, ont une aide-ménagère, achètent des plats préparés par manque de temps pour cuisiner... Tous ces frais, nous ne devons pas les supporter. »

L’incompréhension des proches

Ben « La société ne comprend pas toujours notre choix. Je me souviens d’un jour où nous étions en vacances avec des amis. Nous leur avons dit que nous réfléchissions à une manière de gagner notre vie en travaillant le moins possible. Ils se sont moqués de nous : “La vie n’est pas un film de Disney, les gars !” D’autres ont réagi de manière carrément négative : “Vous êtes jeunes, c’est maintenant qu’il faut gagner de l’argent !”

Les gens prennent souvent le fait de travailler moins pour de la paresse, mais cela n’a rien à voir. Il s’agit d’un choix. Sentir ce qui est important pour soi. Nous ne partons pas en vacances trois fois par an.

Les gens prennent souvent le fait de travailler moins pour de la paresse, mais cela n’a rien à voir. Il s’agit d’un choix. Sentir ce qui est important pour soi. Nous ne partons pas en vacances trois fois par an. Nous n’avons pas le dernier smartphone, pas de télé, nous roulons dans une vieille voiture d’occasion et presque tous nos vêtements sont de seconde main. Cela ne ternit pas notre bonheur. Par contre, nous savourons le fait que nos enfants n’aient pas encore passé une seule journée à la crèche. D’avoir le temps d’une promenade au parc. Un jour, on aimerait carrément arrêter de travailler — je veux dire, pour de l’argent. Nous serons toujours en activité, bien sûr, car nous aimons faire du bénévolat. Par exemple, nous nous sommes occupés pendant longtemps de notre voisine âgée. C’est ça, notre intention : être en mouvement tous les jours, mais dans quelque chose qui a du sens. Avoir le choix, chaque jour, de la manière de remplir notre temps. C’est là que réside, à notre avis, le plus grand bonheur. »

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