Psychothérapie: quand faut-il consulter un professionnel?
Qu’ils l’affichent ou pas, de plus en plus de Belges consultent un psychiatre, un psychologue ou un psychothérapeute. Mais d’où vient cette popularité soudaine, d’une fragilité accrue ou, au contraire, d’une capacité nouvelle à s’avouer vulnérable ?
Quand consulter?
« Aujourd’hui, énormément de personnes ont besoin d’aide psychologique, mais le pas à franchir pour prendre rendez-vous — et encore plus pour en parler ouvertement autour de soi — est encore et toujours très important. Consulter un thérapeute est pourtant terriblement normal, humain. Il ne faut pas être “fou” ou “malade”, ni même avoir de gros problèmes pour en tirer des bénéfices. Se sentir bloqué dans sa vie est déjà une bonne raison. Il n’y a vraiment pas de quoi rougir », explique L. Dendievel, psychologue.
D’où vient un tel besoin de support en santé mentale ?
En grande partie de la vie trépidante que l’on mène, extrêmement braquée sur les prestations personnelles. « Tout d’abord, lors des dernières décennies, les “grands récits” qui donnaient un sens à notre vie ont disparu. Jusqu’il y a peu, nos origines dictaient qui nous étions et Dieu donnait un but à notre existence. Désormais, nous sommes complètement seuls pour développer notre identité. On ne dispose plus que de quelques points d’ancrage : les attentes superficielles d’un monde matérialiste, la voiture dans laquelle on roule, la taille de notre maison, la richesse de notre profil sur les médias sociaux. Le pire est que le discours ambiant nous attribue en outre la responsabilité de nos échecs : un monde où l’on peut poser ses choix aussi librement suppose que, si on y travaille assez dur, on peut atteindre tout ce qu’on veut. Une croyance évidemment biaisée...
« Notre cerveau n’est pas fait pour fonctionner sur ce mode à temps plein, sollicité par autant de stimuli en même temps. »
Et ne n’est pas tout, un telle course à la performance empêche de se tourner vers les autres pour partager ses sentiments en cas de coups durs. On manque cruellement d’espaces pour partager nos échecs et nos imperfections. Pour compliquer le tout, ces cent dernières années, la technologie a largement augmenté la pression, nous plongeant dans un mode de vie hyper efficace, over stimulant et multitâche.
L. Dendievel : « Le rythme de notre vie est tellement effrénée, on a tant de choses à réaliser et la technologie nous rend si disponibles que nous finissons surstimulés. Notre cerveau n’est pas fait pour fonctionner sur ce mode à temps plein, sollicité par autant de stimuli en même temps. » Pour ne pas imploser, beaucoup de personnes cherchent donc un endroit où ventiler.
Pourquoi consulter?
E. Van Hoof, professeure, chercheuse et créatrice du Centre Résilience à Louvain : « Un des aspects principaux de la thérapie est que les patients se retrouvent dans un espace où peuvent être déposées toutes leurs facettes et particularités, même celles qu’ils n’apprécient pas ou que la société ne prône pas. Cela redonne déjà de l’oxygène de pouvoir être tout à fait soi, dans toute sa vulnérabilité, avec ses peurs, ses pensées, ses préoccupations, sans complexe. Et cela fait un bien fou de sentir que tous ces aspects sont entendus et reconnus. »
En fait, ce qu’un thérapeute essaie de faire, c’est, via une posture empathique mais neutre, de permettre au patient de se regarder lui et ses problèmes avec un certain recul. Il favorise ainsi de la douceur envers soi-même et une conscience accrue des schémas dans lesquels on s’est parfois coincé depuis des années.
Bien dans ses baskets:
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