« L’infidélité peut raviver un couple »
27 août 2015
Notre entretien avec Esther Perel sexologue et thérapeute.
Esther Perel est une sexologue engagée. Chacune de ses interventions et prises de parole sont suivies par des millions de personnes. Dans le GAEL du mois de septembre, elle pointe sans détour le paradoxe qui menace les amants: ce besoin de sécurité, légitime, mais tellement inadéquat pour stimuler le désir. Et elle assume la controverse. "L'infidélité? Il en ressort parfois de bonnes choses".
Vous évoquez le paradoxe qui existe entre intimité et érotisme, entre amour et désir. Selon vous, c’est la proximité et la certitude qui nous rendent incapables de ressentir de la passion pour notre partenaire.
En effet. Ce qui est bon pour un couple ne l’est pas toujours pour sa vie sexuelle. Sécurité émotionnelle et érotisme ne font par exemple pas bon ménage. Pour que le désir persiste, il faut de la distance, voire une certaine absence. En général, mes patients m’expliquent que ce qui les excite, c’est de voir leur partenaire se produire sur une scène, discuter avec d’autres personnes lors d’une soirée ou décrocher une jolie promotion au boulot.
Le manque de désir est l’un des principaux problèmes auxquels sont confrontés les couples qui vivent ensemble depuis longtemps. Aujourd’hui, les couples sont obsédés par un besoin d’intimité au détriment de leur vie sexuelle. Trop de familiarité entraîne l’asexualité du partenaire. Il est important de conserver une part d’aventure au sein de la relation.
L’infidélité: votre second cheval de bataille. Pour vous, elle implique la notion de mensonge.
Pour moi, l’infidélité consiste à faire des choses qui n’entrent pas dans le cadre du contrat moral qui existe entre partenaires. Nombreux sont les thérapeutes de couple qui affirment que l’infidélité est forcément le symptôme d’une faille au sein du couple. Je ne le pense pas. Un grand nombre de personnes infidèles sont en fait très épanouies dans leur relation de couple. La plupart des patients que je reçois dans mon cabinet ont été fidèles à leur partenaire pendant de longues années, voire la quasi totalité de leur vie. Nous ne sommes pas tous des êtres narcissiques qui trompent pour se rassurer sur leur capacité de séduction.
Selon vous, une relation peut-elle survivre à une tromperie?
Je n’encourage pas l’infidélité à tout prix, mais je ne m’y oppose pas non plus. J’estime que beaucoup de choses positives peuvent découler d’une aventure extraconjugale. J’envisage les aventures de deux points de vue différents.
D’un côté, il y a le chagrin et la trahison. De l’autre, la redécouverte de soi et le développement personnel. Je m’intéresse beaucoup à la notion de défi, de dépassement de soi et de choix. Ma méthode thérapeutique n’est pas centrée sur les problèmes, mais bien sur les solutions et sur notre capacité à nous reconstruire.
Un couple qui est ensemble depuis 20 ans n’a pas connu un seul schéma relationnel, mais plusieurs: la naissance et l’éducation des enfants, la perte des parents, la maladie. La dynamique de couple change en continu. Tout comme les rapports de force, la notion de complémentarité, le besoin de plus ou moins d’indépendance... Chaque individu change plusieurs fois au cours de sa vie.
Retrouvez l'intégralité de l'interview d'Esther Perel dans le GAEL de septembre!