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Les conseils d’une thérapeute pour donner une seconde chance à son couple

Votre couple traverse une période difficile et vous vous demandez s’il faut lui donner une seconde

En ce mois de Saint-Valentin, rappelons-nous que l’hollywoodien « fou d’amour jusqu’à la fin des jours » est une exception. Nombreux sont ceux qui empruntent des détours, qui se révèlent parfois enrichissants.

Se donner une seconde chance? L’avis de la psy

En consultation, les thérapeutes de couple se disent étonnés de constater à quel point la vision de l’amour reste proche des clichés de contes de fées. La psychologue clinicienne et professeure à l’Université d’Ottawa Sue Johnson, spécialiste depuis plus de trente ans de l’EFT (Emotionally Focused Therapy), promet carrément de « plonger dans l’huile bouillante la personne qui a inventé le concept des amants faits l’un pour l’autre ». Que de torts causés par cette croyance ! Elle fait baisser les bras à plus d’un, au moment précis où la relation pourrait permettre à chacun de grandir à travers elle.

Dans la vraie vie, un couple passe forcément par des hauts et des bas, parfois des arrêts et des reprises. Et les redémarrages qui durent reposent obligatoirement sur un repositionnement de chacun des partenaires, « tout en vulnérabilité »

Sue Johnson

Pour Sue Johnson — et le psychiatre britannique John Bowlby avant elle —, les êtres humains ne sont pas autosuffisants, mais ont un besoin vital d’être « attachés », reliés à d’autres. Il fut un temps en effet où la survie de notre espèce reposait sur la capacité à vivre en groupe, pour se protéger les uns les autres. Aujourd’hui encore, ce besoin est profondément ancré en chacun de nous. L’amour n’est pas une option, mais une condition sine qua non pour exister.

Lorsque des partenaires se déchirent (ou s’empêchent de se connecter, comme ça a été le cas de Karin et Guido pendant dix ans), c’est la plupart du temps parce qu’ils sont mus par l’angoisse primale, profonde, d’être abandonné par l’autre, de ne pas assez compter pour lui. Hantés par cette peur, souvent inconsciente, au moindre signal de détachement, perçu ou imaginé, ils entrent dans des émotions puissantes et des échanges de plus en plus négatifs, suivant deux mouvements dévastateurs : le reproche ou le repli. Ils se coincent alors dans ces cercles vicieux nourris par les attitudes blessantes de chacun, qui amplifient encore leurs réactions inadaptées.

Seconde chance: sortir de la spirale combat-fuite

Pour sortir de la spirale combat-fuite provoquée par l’angoisse de ne pas être « attaché », Sue Johnson ne prodigue pas de conseils conjugaux sur le bien-vivre en couple. « Car la spirale reprendrait dès la porte de mon cabinet franchie. » Elle aide les partenaires à profondément changer de posture. Elle les invite à passer de « Tu ne fais pas attention à moi, tu rentres trop tard, tu ne participes pas à la vie de famille » ou de « Si tu m’aimais, tu aurais envie de me faire l’amour plus souvent » à l’aveu « J’ai peur que tu me lâches ». Selon elle, les couples qui réussissent leur deuxième chance sont ceux qui passent par ce partage de vulnérabilité où chacun réussit à formuler son angoisse de ne pas compter assez pour l’autre. « Il n’y a rien de mal ou d’immature à ressentir cette peur. Et se l’avouer change tout » : elle en est convaincue. Elle y voit un tournant crucial, une transformation décisive qui permet de réamorcer un dialogue constructif.

Avancez vers des formulations productives telles que « Quand je suis agressif(ve) ou distant(e), c’est parce que j’ai peur de te décevoir et de te perdre », qui mèneront à leur tour à d’autres étapes nécessaires, comme le pardon pour les blessures infligées et la reconnexion charnelle.

Ensuite, pour permettre au couple de durer malgré les différences, les blessures et le temps qui passe, elle propose différents thèmes de dialogues, qu’elle vulgarise dans son ouvrage Serre-moi fort ! Sept conversations pour une vie entière d’amour. Les questions qu’elle suggère d’aborder à deux permettent concrètement de sortir des attitudes d’exigence ou de défense et d’avancer vers des formulations productives telles que « Quand je suis agressif(ve) ou distant(e), c’est parce que j’ai peur de te décevoir et de te perdre », qui mèneront à leur tour à d’autres étapes nécessaires, comme le pardon pour les blessures infligées et la reconnexion charnelle. Une méthode qui a fait ses preuves depuis trente ans pour les couples désireux de saisir une deuxième chance… À tenter ?

  • Serre-moi fort ! Sept conversations pour une vie entière d’amour, Sue Johnson, éd. First-Gründ pour l’édition française, 2008. Aussi en Livre de Poche.
Retrouvez ce sujet en intégralité dans le GAEL de février disponible en librairie.

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