En couple, la vérité est-elle toujours bonne à dire? L’avis des spécialistes
Dans une relation, se comprendre l’un l’autre, c’est la base. Mais faut-il tout dire? Mentir est-il envisageable dans certains cas? Savoir se parler n’est pas si évident, et les experts vous expliqueront même qu’il n’y a pas qu’avec les mots qu’on s’exprime...
NOS EXPERTS:
- Rika Ponnet est sexologue et thérapeute de couple.
- Goedele Liekens est psychologue clinicienne et sexologue.
- Sam Geuens est sexologue clinicien, psychothérapeute et spécialiste des sciences morales.
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L’avis des experts
Le sexologue : « Je ne pense pas que chaque détail doive être partagé. Vous devez essayer d’évaluer a priori l’effet que votre message va produire sur votre partenaire. Si vous savez que l’impact sera négatif, quel est l’avantage d’en parler ouvertement ? Il vous est peut-être déjà arrivé d’être totalement franc, mais à quel prix ? Très souvent, les problèmes commencent quand les choses sont sues. Une fois que votre partenaire est au courant, l’effet est irrévocable. En ne partageant pas quelque chose avec lui, vous pouvez lui épargner des prises de tête. Voulez-vous lui faire du bien ou voulez-vous partager parce que cela vous pèse ? Si vous le lui dites pour vous soulager, vous agissez à ses dépens. Il est plus attentionné de gérer vous-même votre malaise, sans le partager avec l’autre. »
La psychologue : « Même dans une relation d’amour, il faut pouvoir garder des choses pour soi. Soyez toujours bien conscient des conséquences de votre franchise : cela peut insécuriser l’autre et causer une douleur irrémédiable. Il faut oser se retenir. Il se peut que, sous l’influence d’une poussée d’hormones, vous ayez tout à coup des doutes quant à votre relation, mais que cela s’estompe aussitôt. Ce genre de doutes ponctuels, mieux vaut ne pas les exprimer directement, cela ferait des dégâts. Ce serait donner à cet instantané un poids qu’il ne devrait pas avoir. Même chose pour les fantasmes. Si vous fantasmez sur quelqu’un d’autre, pas besoin de le dire à votre partenaire : cela le bouleverserait. On peut parfois être malhonnête par amour. »
« L’idée était qu’il ne fallait pas accabler l’autre avec ses problèmes ou ses états émotionnels. Actuellement, on fait exactement l’inverse : on estime pouvoir occuper tout l’espace avec nos sentiments »
La thérapeute de couple : « Aujourd’hui, on valorise la franchise au sein des relations. Mais il y a cent ans, on lisait dans les livres qu’il ne fallait pas tout dire à son conjoint. L’idée était qu’il ne fallait pas accabler l’autre avec ses problèmes ou ses états émotionnels. Actuellement, on fait exactement l’inverse : on estime pouvoir occuper tout l’espace avec nos sentiments. Cela dit, je pense qu’il faut être conscient du malaise que cela suscite chez l’autre. Il faut gérer soi-même ses émotions et ses problèmes. Notre partenaire n’est ni notre père ni notre mère. La façon dont on se sent est de notre ressort. En cas d’infidélité, il faut se demander quelle est notre intention si l’on veut en parler. S’agit-il juste d’un moment d’égarement ? Si l’on choisit de rester avec son partenaire, mieux vaut garder le silence. Essayer d’être en paix avec soi-même sans en faire porter le poids à l’autre. Une franchise absolue peut briser la confiance. »
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