D’où viennent les traumas transgénérationnels et comment s’en débarrasser?
Connaissez-vous les traumas transgénérationnels ? C’est scientifiquement prouvé : nos émotions et comportements peuvent être en partie conditionnés par des faits antérieurs à notre naissance. Même si nous en ignorons l’existence. Mais comment savoir si les casseroles que nous traînons proviennent de nos ancêtres ou non? Réponse avec un expert. Par Anne-Sophie Kersten.
Pierre Ramaut, psychanalyste expert en traumas transgénérationnels à Mons a répondu à nos questions sur les traumas du passé.
Mon trauma ou le leur?
« L’analyste doit bien distinguer la nature des contenus qui émergent des associations de son analysant. S’agit-il d’une expérience que la personne a vécue sans pouvoir l’intégrer ou d’un « fantôme transgénérationnel » — un héritage non intégré provenant d’un ancêtre ?
La posture thérapeutique diffère alors. Si l’analysant tente de se reconnecter à un événement qu’il a lui-même vécu et refoulé, l’analyste adopte une attitude de silence relatif pour favoriser ce retour à l’expérience. Face à un fantôme transgénérationnel, cette reconnexion est impossible sans intervention de l’analyste. Là, si l’analyste reste trop silencieux, l’analysant risque de souffrir, développant des symptômes pour tenter de symboliser son « impensé généalogique ». »
Psycho-généalogie: comment se détacher des traumas transgénérationnels?
Comment se transmettent les traumas transgénérationnels?
Le psychiatre et psychanalyste Serge Tisseron a décrit ce processus de transmission transgénérationnelle des traumatismes en trois étapes : 1. L’indicible : à la première génération, l’ancêtre subit un traumatisme si intense qu’il est incapable de le verbaliser. 2. L’innommable : à la génération suivante, faute de mots pour décrire le traumatisme initial, celui-ci demeure sans nom pour le représenter. 3. L’impensable : à la troisième génération, le traumatisme échappe à toute représentation consciente.
Comment fonctionne une analyse transgénérationnelle?
L’objectif de l’analyste transgénérationnel est d’aider son analysant à nommer cet impensé généalogique, afin d’intégrer les héritages inconscients et de s’en libérer. Il s’appuie sur un génosociogramme, une représentation visuelle de l’arbre généalogique, enrichie de données factuelles et émotionnelles concrètes, remontant au moins jusqu’aux arrière-grands-parents et incluant les fratries. Dans le cadre de l’analyse transgénérationnelle, il s’agit de recontacter l’émotion de l’ancêtre qui a vécu le trauma d’origine.
À partir du génosociogramme, au croisement de données factuelles et d’intuitions, émergent des questions et hypothèses de travail qui fonctionnent comme un diapason cherchant à entrer en résonance avec l’impensé généalogique de l’analysant. L’objectif est de réintégrer dans l’inconscient l’héritage fantomatique non conscient, permettant ainsi une libération émotionnelle.
Comment on sait si l’analyse a réussi?
C’est toujours à l’analysant de valider les hypothèses de travail formulées par l’analyste, jamais l’inverse. Lorsque « ça s’aligne », l’analysant ressent un soulagement, une sensation de clarté ou de libération. Cette réaction physique ou émotionnelle indique que cet héritage transgénérationnel n’est plus une charge silencieuse, mais devient un élément reconnu et réintégré dans le présent. »
Pour aller plus loin
- Geneasens.com : communauté belge dédiée à l’analyse transgénérationnelle.
- Commemoria.com : outils de lignes du temps pour favoriser le retour des souvenirs et des émotions.
- Les secrets de famille du psychiatre serge tisseron vient de sortir en poche (août 2024).
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